Éphéméride HTBA – 29 juin

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29 juin : Sangsues d’Audenge

Connaissez-vous l’hirudiniculture ? Il s’agit de l’élevage des sangsues utilisées depuis la plus haute Antiquité à des fins thérapeutiques. Au cours de l’histoire, la sangsue a connu en France des périodes de faveur, en particulier au XIXe siècle mais aussi des phases d’abandon voire de dénigrement. Depuis quelques années, la sangsue connaît un renouveau avec son utilisation en chirurgie plastique et traumatologique et un retour à son usage en médecine traditionnelle.

À la fin du siècle dernier, on exploitait encore, dans les marais d’Audenge, les fameuses sangsues dont nos grands-parents faisaient un grand usage pour se faire « tirer du sang ». Le travail de collecte de ces annélides était réservé aux plus pauvres. Ce sont eux qui servaient d’appât en plongeant leurs jambes nues dans les eaux glacées et glauques des marais, jusqu’à ce que les bestioles viennent s’y accrocher. Ce fut ensuite le rôle des vieux chevaux réformés !

Peu de gens savent en réalité que cette commune du Bassin accueille depuis plus de cent ans un véritable paradis à sangsues.

Le premier élevage de sangsues à Audenge date de 1843 avec l’achat d’un marais par Pierre Duvigneau.

En 1901, la société Ricard-Debest-Béchade transfère son activité de Blanquefort vers Audenge. Dans les archives, on trouve qu’en 1902, M. Ricard demande l’autorisation de construire un barrage sur le ruisseau d’Audenge, pour alimenter ses marais à sangsues. Cette société est rachetée en 1907 par Lucien Desbarax et se maintient jusqu’en 1993 sous le nom de Société Ricarimpex. Entre-temps, les Duvigneau associés avec Ariste Dagréou en 1921 sont toujours actifs après la Seconde Guerre mondiale.

Il existe aussi un barrage au moulin du Braou, détruit en 1942 par les Allemands en essayant d’y faire passer un cheval.

Cet élevage a connu des périodes plus ou moins fastes, mais sachez que près d’un million de spécimens y prospèrent et prolifèrent aujourd’hui, grâce à Madame Brigitte Latrille, championne olympique d’escrime, actuelle patronne de la société Ricarimpex, dont le siège est à Eysines. Membre de l’équipe de France de fleuret, elle fut à trois reprises médaillée olympique par équipes, l’argent en 1976 aux JO de Montréal, l’or à Moscou en 1980 et le bronze à Los Angeles en 1984, sans oublier un titre de championne du monde.

C’est l’un des très rares élevages au monde, et sans aucun doute le plus important d’Europe. Dans chacun des bassins, environ 100 000 sangsues attendent tranquillement de trouver du sang. L’accès aux bassins est interdit. La Food and Frug Administration a annoncé le 29 juin 2004 avoir autorisé la firme française Ricarimpex SAS à commercialiser ses sangsues aux États-Unis.

Aujourd’hui, la petite bête noire y est imperceptiblement présente, sans toutefois jamais montrer le moindre bout de ses ventouses. De quoi entretenir une forme de légende locale, non ?

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Aimé

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