La Teste-de-Buch – 23 juin 1966 – Les sternes
Le 23 juin 1966 à la une du quotidien Sud Ouest on pouvait lire un appel « SOS Sternes, des touristes massacrent ces oiseaux en leurs petits, aidez-nous à les sauver ». En effet, cette colonie d’un millier de couples de sternes caugeks essaya pour la première fois de nicher en 1966 sur le Banc d’Arguin, mais ces dernières furent victimes de la malveillance de certains plaisanciers qui utilisèrent les œufs comme projectiles à s’envoyer à la figure.
Il était en effet plus que temps ! Car l’insupportable revers de la médaille, c’est que les touristes qui fréquentaient l’espace naturel du banc d’Arguin, alors accessible sans aucune restriction, se conduisirent comme des vandales, emportant les poussins vivants et détruisant les nids, par inconscience, ou de bonne foi.
La municipalité de La Teste-de-Buch pare alors au plus pressé et établit d’urgence des panneaux avertisseurs pour cerner l’aire de nidification, alors que des bénévoles se relaient déjà sur place pour protéger les fragiles oiseaux.
Il y a soixante ans, l’écologie, le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité sont loin de faire la une de l’actualité. En pleine frénésie des Trente glorieuses, l’heure est à la consommation tous azimuts et à l’exploitation de la nature. Pétrole, eau, faune, flore… On pille sans vergogne, et parfois cruellement, dans les ressources de la planète.
Des universitaires et des amoureux de nature, affligés par ce qui se passait sur le Banc d’Arguin, se mobilisent alors pour tenter de protéger les oiseaux. Ainsi naît en 1969 la SEPANSO (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest) dont la première mission fut de faire acquérir au Banc d’Arguin un statut de protection fort. Cet objectif fut atteint le 4 août 1972, date du classement du Banc d’Arguin en Réserve Naturelle Nationale.
Sa gestion pour le compte de l’État fut confiée par convention à la SEPANSO et l’embauche du premier garde animateur salarié, en 1974, assura une nidification en continu des sternes.
En fait, on avait commencé à prendre conscience dès les années 1960 de l’impact de la chasse intensive sur certains animaux comme les baleines, dont certaines espèces étaient déjà en voie de disparition. Et en 1966, en France, pour la première fois de mémoire d’homme, la chasse aux oiseaux limicoles, ces échassiers du bord de mer, ne fut pas autorisée.