Arcachon – 22 Août 1944 – Libération d’Arcachon
La veille au soir, un message brouillé de la BBC annonce: “L’eau bout dans la cafetière !”. C’est l’ordre pour la Résistance locale d’entrer en action.
Jean Dubroc raconte que le rassemblement est prévu le 22 août 1944 à 14 h, près de la cache d’armes des Abatilles autour de laquelle les hommes, munis de ravitaillement personnel, s’équipent du mieux qu’ils le peuvent et portent un brassard tricolore marqué de la Croix de Lorraine. Mais voilà qu’au début de l’après-midi, une cinquantaine de soldats allemands arrive par camions, raconte Jean Dubroca, alors qu’on les croyait enfuis. Ils postent un canon sur le terre-plein du casino de la Plage, de façon à couvrir les rues principales et ils font sauter une travée de chacune de deux des jetées.
Lorsqu’ils sont repartis, la foule accourt dans les rues proches de la mairie. Des drapeaux tricolores sortent de sous les piles de draps dans les armoires et montent aux balcons et aux fenêtres. Déjà, on crie des insultes devant les demeures des “Collabos” ou réputés comme tels. Les pancartes noires et blanches portant des inscriptions allemandes s’affalent dans un grand fracas poussiéreux et les drapeaux nazis sont brûlés devant des groupes qui applaudissent.
Tout à coup, on annonce un nouveau retour des Allemands ! Aussitôt, les drapeaux repartent sous les draps et les habitants courent pour se cacher chez eux. Effectivement, sur l’avenue Gambetta, passe un petit peloton d’Allemands à bicyclette. Ils gagnent le rivage, y font sauter quelque chose et repartent au plus vite, sans être inquiétés. Ce qui prouve que l’organisation de la Résistance est disciplinée et que la libération d’Arcachon si elle n’est, ni héroïque, ni téméraire, est intelligemment menée.
On attendait aux Abatilles, deux cent cinquante “FFI” (Forces Françaises de l’Intérieur), il en vient cinq cents. Sous les commandements de Luze, de Duchez, d’Escarpit ils gagnent La Teste-de-Buch, déployés en tirailleurs. Ils s’y s’installent aux points névralgiques et regagnent Arcachon par la “Règue Verte”. Elle devient ainsi “L’Avenue de la Libération”. On les acclame. Lucien de Gracia, délégué politique du groupe Luze-Duchez, monte dans le bureau du maire, y trouve l’abbé Martin, nommé par Vichy et lui déclare, foi de témoins : “Vous ne devez qu’à votre soutane que je ne vous chasse pas, manu militari !”.