Docteur Alphand & Mister Deganne

Deux personnalités contrastées et pourtant similaires dans leurs aspirations. On tentera d’élucider ici comment deux trajectoires peuvent diverger en fonction des milieux d’origine et des conditions de jeunesse.


Dans le roman de Stevenson, il s’agit d’une seule personne qui a une double personnalité. Ici il s’agit de deux personnes différentes qui ont les mêmes aspirations et vivent à la même époque, dans le même univers de l’aménagement des villes et du développement du train.

Ils sont comme deux clones : Alphand a tout et Deganne voudrait devenir comme Alphand.  Nous allons évoquer ici le parallèle entre deux figures marquantes de l’histoire d’Arcachon. Adolphe Alphand ingénieur des Ponts et Chaussées dans le rôle de Dr Jekyll et Adalbert Deganne, aventurier entrepreneur dans le rôle de Mr Hyde.

Adolphe et Adalbert sont nés à quatre jours d’intervalle le 22 et le 26 octobre 1817. Ils ont vécu tous les deux dans la période extraordinaire du développement industriel et immobilier du Second Empire.

Jeunes adultes

Adolphe est le type même du « bon élève » : fils de militaire, études à l’École Polytechnique, carrière dans le prestigieux corps des Ponts et Chaussées.

Le père d’Adolphe Alphand est lieutenant-colonel d’artillerie. Son grand père Jean Alphand était lieutenant général, conseiller du roi. La famille Alphand navigue dans les hautes sphères de l’armée et du pouvoir. En 1839, fraîchement diplômé, il se retrouve à Bordeaux et est affecté au chantier du train de Bordeaux à la Teste.

Adolphe a donc une carrière balistique de jeune homme doué et prometteur. Il est parfaitement intégré à la haute bourgeoisie de Bordeaux où il rencontrera bientôt Eugène Haussmann nouveau préfet de Gironde.

 

Deganne est né à Vertus dans la Marne. Son premier prénom est AldElbert. À Arcachon il se fera appeler AdAlbert, peut-être à cause d’un autre Adalbert célèbre, le comte Adalbert de Talleyrand-Périgord.

Deganne est d’origine modeste. Son père était vraisemblablement vigneron puis agent-voyer (responsable de la construction et de l’entretien des chemins vicinaux… les ponts et chaussées à petite échelle).

Un autre ingénieur a certainement influencé Deganne. Il s’agit de Claude Deschamps, né comme lui à Vertus en 1765 ; il est de la génération du grand père d’Adalbert.

Claude Deschamps n’est pas passé par la voie classique des concours d’entrée, mais il a été admis comme « élève surnuméraire « à l’école des Ponts et Chaussées sur la recommandation de son maître Jean Joseph Bochet de Coluel, futur inspecteur général des ponts et chaussées.

Claude Deschamps fera une brillante carrière d’ingénieur, succédant à Nicolas Brémontier comme inspecteur divisionnaire à Bordeaux en 1810. Avec son gendre Jean Baptiste Billaudel (né en en 1793 soit 24 ans avant Adalbert),  il construira notamment le Pont de Pierre à Bordeaux.

Son fils Alphonse Deschamps (né en 1799) est également ingénieur en chef des Ponts et Chaussées dans le département de la Gironde.

Adalbert a peut-être été influencé par cette famille originaire de Vertus et composée de brillants ingénieurs des ponts et chaussées.

 

À 17 ans, à Vertus,  il tombe amoureux de Marie-Clémentine Clicquot de noblesse locale. C’est la fille de riches propriétaires de domaines de Champagne.  Les parents de la demoiselle ont d’autres ambitions pour elle que ce roturier désargenté.

C’est sans doute de cette frustration de jeunesse combinée à la conscience de ses capacités personnelles que naîtra le moteur de ses ambitions.

De dépit, Il quitte sa région natale.  Il semble qu’il ait d’abord envisagé de chercher fortune en Amérique puis il participe aux chantiers du train Paris-Versailles inauguré en 1839.

En 1839, Adalbert et Adolphe se rencontrent sur le chantier du train de Bordeaux à la Teste.

Adalbert, a deux moteurs dans la vie :

  • D’une part il veut être reconnu socialement. Un mariage avec Marie-Clémentine de Clicquot, de noblesse locale, aurait pu lui permettre d’atteindre cet objectif.
  • Son deuxième moteur est le fait d’être reconnu comme un « ingénieur » peut-être parce que son père était simplement agent-voyer (chef d’équipe des cantonniers). Le titre « d’ ingénieur » étant très prestigieux au XIXe siècle.

 Lorsque Adalbert rencontre Adolphe sur le chantier de la Teste, il se trouve face à quelqu’un qui a les deux caractéristiques qu’il recherche pour lui-même.  D’une part Alphand est issu d’une famille de hauts gradés de l’armée ce qui vaut reconnaissance sociale, d’autre part il est diplômé d’écoles prestigieuses, son titre d’ « ingénieur » est incontestable.

Est-ce que cela va générer chez lui de la jalousie ou peut-être va-t-il faire de Adolphe Alphand quelqu’un qui pourrait être son modèle ? Nous ne le savons pas.

Adalbert le Conquérant

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Dès qu’il est installé à Arcachon, Adalbert va travailler ses deux sujets de prédilection : reconnaissance sociale et « ingénieur ».

Quand il va séduire Nelly Robert, une riche héritière de propriétés immobilières, c’est certainement une opportunité d’obtenir rapidement un rang dans la société locale.
Son acceptation par la famille de Nelly est facilitée par son aura d’« ingénieur des chemins de fer ». Le chemin de fer étant alors assimilé au progrès de l’industrie comme des affaires. Le père de Nelly Robert, chirurgien de l’armée, se considérait certainement comme honoré d’avoir un gendre qui se présente comme « ingénieur » avec tant de relations dans le monde du « chemin de fer ».

Sur la spéculation immobilière, nous n’entrerons pas dans le détail des différentes opérations menées avec succès à partir des terrains de son épouse. Il semble que Nelly soit également passionnée de spéculation, puisqu’elle réalise avec sa mère de bonnes opérations avant son mariage.

Coté « ingénieur » il n’a pas reçu de formation adaptée, sauf peut-être celle de chef de chantier pour devenir comme son père un agent-voyer. En tout cas, dès qu’il a quitté sa campagne natale, Adalbert s’est engagé dans le chantier des chemins de fer Paris-Versailles. Sur le chantier de Bordeaux à La Teste, il était encadré par d’éminents ingénieurs comme Verges du corps des Ponts et Chaussées puis Adolphe Alphand. C’est en se mêlant à ces gens diplômés et compétents qu’il va se forger une image d’« ingénieur» .

Plus tard lorsque le train sera en exploitation à La Teste, Adalbert sera responsable de l’exploitation de la ligne pour la gare de La Teste.

La ligne du train devait se prolonger vers Arcachon avec deux gares : l’une à L’Aiguillon, centre de l’activité économique et des pêcheries, l’autre gare se trouvant au quartier de la Chapelle.

Ce tracé ne fait pas les affaires de Adalbert qui voit dans le train un moyen de valoriser ses terrains à construire.

Adalbert Deganne va prendre des risques importants en payant de ses propres deniers un chantier employant jusqu’à 400 ouvriers pour faire passer la ligne, là où lui le souhaite. Ce chantier mené sans aucune autorisation, comporte des travaux importants de terrassement, d’ouverture de tranchées à la Règue Blanche et fait arriver la gare… en face de son château et au milieu de ses terrains à vendre.

De plus ce tracé traverse ses parcelles, ce qui lui vaudra une indemnisation en conséquence de la Compagnie du Midi.

Eugène Rouher, alors ministre de l’Agriculture du Commerce et des Travaux Publics, tente de s’opposer à ce projet.

L’administration, mise devant le fait accompli de la voie réalisée, finit, fin 1856, par donner raison à Adalbert.

La voie est livrée au public le 26 juillet 1857, moins de 3 mois après la création de la ville.

Dans cette affaire Adalbert a montré sa capacité à prendre des risques financiers importants et à s’opposer aux institutions pour faire triompher son point de vue. Il agit ainsi dans la direction de ses deux objectifs : être reconnu comme homme public de poids et agir comme un « ingénieur » qui conçoit un tracé de chemin de fer.

Pour se glorifier de son action, il va dès 1859 faire publier une « Notice sur le chemin de fer de La Teste à Arcachon » par « un Arcachonnais. »  (Imprimerie G. Gounouilhou, Bordeaux).


Une notice dans laquelle cet Arcachonnais anonyme conclut :
« En résumé, il est certain que si M. Deganne s’était tenu sur l’expectative, et n’avait pris lui-même l’initiative dans cette occasion ; s’il n’avait pas élaboré et présenté un projet qui réalisait sur celui de la Compagnie une économie de plus d’un million ; s’il n’avait pas commencé les travaux avant que les formalités d’approbation et d’enquêtes eussent été remplies, évidemment le chemin de fer d’Arcachon attendrait encore son exécution»
Tout le monde aura reconnu Adalbert dans cet « Arcachonnais » si modeste.

Un autre projet « d’ingénieur » va l’occuper en 1857.

Il s’agit d’une ligne Bordeaux-Le Verdon.
Il recrute sept associés financiers et un véritable ingénieur des Ponts & Chaussées, le sieur Tabuteau.

Malheureusement, les associés ne parviennent pas à lever les capitaux nécessaires. La concession est frappée de déchéance le 15 juin 1861 et l’État consent, heureusement, à rembourser 400 000 francs sur les 450 000 déposés au titre de cautionnement.
Au total cette opération ne lui aura coûté que 80 000 francs.

Château Deganne – Le temple de la revanche 

Château Deganne construit en 1853


Château de Boursault – Construit en 1843

On se souvient que dans sa jeunesse, Adalbert avait tenté d’entrer dans la riche famille Clicquot, propriétaires de domaines de Champagne.  En 1843, cette famille a fait construire à Boursault un magnifique château emblème de leur réussite.

Ayant fortune faite à Arcachon, Adalbert se fait construire en 1853 un château qui est la réplique exacte de celui de Boursault.

Bizarrement Deganne n’a jamais habité le château. Il se contentait d’y exposer les œuvres d’art de sa collection.

Il considérait certainement ce château comme un temple au souvenir de ses amours déçues et un témoignage de sa réussite sociale. Le blason du château n’est-il pas un cœur percé d’une flèche ?

On n’habite pas un temple.

Selon certains auteurs, son amour pour la jeune Marie-Clémentine était partagé et ne s’est jamais éteint.
Marie-Clémentine aura deux enfants de son mari : Victurnienne, Pauline qui naît le 6 juin 1840 et Marie, Anne, Paul, le 28 mai 1841. Ils sont malingres. La première meurt à dix ans et le second à douze.

En 1847, Marie-Clémentine met au monde une nouvelle fille, Anne, qui ne ressemble pas à ses frère et sœur, elle vivra 86 ans.

Est- ce le fruit tardif d’un amour jamais éteint ?

Certains auteurs prétendent même que le mariage d’Adalbert avec Nelly Deganne n’aurait jamais été consommé et qu’ils étaient plus associés dans la spéculation que mari et femme. Adalbert et Nelly n’ont pas eu d’enfant.

Adolphe le « premier de la classe »

De son côté Alphand continue une carrière brillante. Il deviendra, en 1841, responsable des Ponts et Chaussées Maritimes pour la région de Bordeaux. Certainement brillant et engagé dans son travail il signera divers ouvrages dans le Bassin ; la route de la Teste à Eyrac, la jetée d’Eyrac, la digue est du port de La Teste puis son endiguement au Nord et l’écluse du Canelot. Il sera même mandaté le 1er mai 1851, comme représentant de l’état, pour signer avec le comte d’Armaillé un accord censé marquer la fin de l’ensemble des conflits sur les Prés Salés est et ouest. En 1851, il rencontrera à Bordeaux, le nouveau préfet de Gironde, un certain Eugène Haussmann qui saura reconnaître ses qualités professionnelles.

Haussmann devenu préfet de la Seine et grand aménageur de Paris l’appellera en 1855 auprès de lui. Il lui confiera la responsabilité d’un point très important pour l’Empereur « parsemer Paris de parcs et jardins d’agrément, à l’image de Londres ».

En tant qu’ingénieur en chef du Service des Promenades et Plantations, Adolphe Alphand dirige l’aménagement de plus de vingt parcs et jardins parmi lesquels : les jardins et le rond-point des Champs Élysées, les parcs Monceau et Montsouris, les Bois de Boulogne et de Vincennes, les Jardins du Ranelagh et des Buttes Chaumont.

En aménageant le chemin de fer de la petite ceinture, il mêlera ses deux domaines de prédilection : le train et l’aménagement urbain.

Adolphe publiera divers ouvrages dont :

  • Les promenades de Paris: histoire, description des embellissements, dépenses de création et d’entretien… Paris, Jules Rothschild 1867-1873 .
  • Lettre à messieurs les membres de la Commission de l’organisation municipale de Paris et des communes du département de la Seine, 1870.
  • Monographie : palais, jardins, constructions diverses, installations générales, 2 tomes.
  • Ville de Paris : Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux …1886,

Il poursuit donc son parcours de « premier de la classe ». Il a, comme Adalbert, un grand besoin de reconnaissance sociale. Il utilise l’ensemble des leviers dont il dispose. Loin de cantonner aux domaines techniques, il agira aussi sur le plan politique et sera conseiller général de la Gironde de 1856 à 1867.

Dans cette phase d’intense développement professionnel, il semble qu’il y ait eu peu d’interactions entre Adolphe et Adalbert. Peut être à l’occasion de l’extension de la ligne de La Teste vers Arcachon.

Adalbert, enfin maire.

Alphonse Lamarque de Plaisance, le premier maire d’Arcachon le 23 mai 1857, n’a pas été élu mais désigné par l’Empereur. Il ne se présente pas lors des élections de 1860, Adalbert non plus.

Les membres de l’équipe municipale précédente sont réélus à la presque unanimité des 148 votes exprimés.
Adalbert Deganne, qui n’est pas candidat, est crédité de 3 voix.

Quand il fallut désigner le maire, les conseillers choisirent de renommer Alphonse Lamarque de Plaisance qui devient donc un maire pris hors du Conseil Municipal.

Aux élections de septembre 1865, Adalbert Deganne entre enfin au Conseil Municipal. Lamarque de Plaisance est battu, Charles Héricart de Thury est le nouveau Maire.

Le conseil municipal était très agité, notamment du fait de l’opposition d’Adalbert. Adalbert démissionne du Conseil en septembre 1868.

En février 1869 le maire démissionne à son tour.
Lors des élections du 12 avril 1869, Jean Mauriac sera le nouveau maire, il sera reconduit en battant Lamarque de Plaisance en 1870.

La chute du Second Empire va rebattre les cartes.

Le 30 novembre 1870, le Conseil Municipal est dissous. Une Commission municipale est nommée et Deganne est désigné comme maire.  Enfin ! 

Mais c’est pour six mois.

Aux élections du 30 avril 1871, Adalbert est battu et Mauriac redevient maire. En 1874 Lamarque de Plaisance est élu maire. Le conseil comporte  Adalbert Deganne et Gustave Hameau.

Après un imbroglio administratif et suspension du conseil, Adalbert Deganne devient maire le 8 octobre 1876. Il sera réélu le 6 janvier 1878.           

Le 4 février 1880 il démissionne suivi par douze conseillers suite à un conflit relatif à l’achat du Parc Mauresque.

Adalbert aura été maire pendant 4 ans, en trois mandats. Il a été élu une fois et désigné les deux autres fois.

Adalbert aura donc atteint un de ses objectifs de reconnaissance sociale en étant maire de sa ville.

En couronnement de sa reconnaissance, le maréchal Mac Mahon, le 11 septembre 1877 lui remet La croix de la Légion d’honneur dans une des salles du château, distinction remise comme « la juste récompense de ses services, qu’il méritait depuis 1857 … » 

Le Testament Deganne.

Il décède en octobre 1886 à l’âge de 69 ans. Nelly était décédée en 1872 à 56 ans.
Dans son premier testament daté du 16 juillet 1879, Adalbert avait désigné Ferdinand de Maupassant légataire universel et le chargeait de transmettre à la ville d’Arcachon la quasi-totalité de ses biens, dont le Château Deganne et les œuvres.

Ce legs représentait des sommes importantes. Adalbert avait tout prévu, la vente de terrains pour le fonctionnement et l’entretien du musée et de l’hôpital Deganne à créer.

Cependant le 24 octobre 1882 il ajoute un codicille au testament initial. Adalbert y explique qu’en raison des calomnies dont il fait l’objet de la part des élus d’Arcachon, il renonce à léguer ses biens à la ville.

 Ainsi tout revient à la ville de Vertus, où il est né. Mais la ville de Vertus se désiste également. L’héritage est dispersé.

 

Adolphe Alphand couvert d’honneurs.

Adolphe est sûrement un habile politique.

Lors de la disgrâce d’Haussmann le 5 janvier 1870, Il continuera, avec Chevreau et Belgrand, son œuvre de l’aménagement de Paris.

Lors de l’instauration de la IIIe république, Thiers lui renouvellera sa confiance.

En 1886, il est nommé directeur général des travaux de l’Exposition universelle de 1889 et à ce titre il supervise la réalisation de tous les jardins et les édifices du parc d’exposition.

En 1889, il est élevé au rang de grand-croix de la Légion d’honneur.
En 1891, à la mort d’Haussmann, il succède à celui-ci au fauteuil no 4 de la section VI de l’Académie des Beaux-Arts.

Il meurt le 6 décembre 1891 dans sa villa du boulevard de Beauséjour dans le 16e arrondissement de Paris.

La ville de Paris lui organise des funérailles grandioses. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise. On donnera même son nom à une rose en reconnaissance de son action pour les parcs et jardins.

Conclusion

Dans le roman Dr Jekyll et Mister Hyde de Stevenson publié à la même époque (1886), il est question d’un personnage avec une  double personnalité. Une sorte de Loup garrou.

Ici il s’agit de deux personnes distinctes Adolphe et Adalbert.

Ils ont beaucoup d’objectifs communs qu’ils vont aborder de façons différentes.

Pour Alphand il s’agit d’une mission au service de l’intérêt général : aménagement des ports d’Arcachon puis de la ville de Paris. Mission pour laquelle il est mandaté par son statut de fonctionnaire d’ingénieur du corps des Ponts et Chaussées.

Pour Adalbert, il s’agit d’une mission au service de son intérêt particulier : spéculation immobilière sur les parcelles d’Arcachon et de la Forêt usagère, trafics divers d’influence pour détourner à son profit le tracé de la voie de chemin de fer La Teste-Arcachon, tentatives diverses pour devenir un élu puis le Maire d’Arcachon.

Sur le plan des relations avec le beau sexe, les parcours sont assez divergents.

  • Alphand épouse à Bordeaux Le 23 décembre 1846, Élisabeth Holagray (1826-1909) une fille de la bourgeoisie locale dont il aura trois enfants. Leur fille sera décorée de la légion d’honneur pour ses actes de philanthropie en 1912 ;  l’un de ses fils sera commandant d’infanterie.
  • Deganne a été marqué par le rejet d’une famille noble de Vertus. Il semble avoir cherché à se venger de ce refus en intégrant la famille de Nelly Robert, héritière immobilière. Ils n’ont pas eu d’enfant. Selon certains auteurs, il serait resté secrètement amoureux de Marie Clémentine, son amour de jeunesse, dont il aurait eu une fille.

Le Château Deganne, qu’il n’a jamais habité, semble un temple dédié à la revanche de ses revers de jeunesse.

Sur le plan de la reconnaissance sociale :

  • Alphand a reçu par son milieu familial et par ses études un statut social qu’il a fait progresser par ses actions professionnelles. Il meurt couvert de titres ; des obsèques grandioses sont organisées par la ville de Paris. Il est enterré au père Lachaise. Une rose a même reçu son nom.
  • Pour Deganne, la recherche de reconnaissance sociale est son objectif. L’enrichissement via la spéculation et les manœuvres politiques sont les moyens d’y parvenir. Il finira par être maire d’Arcachon dans des conditions difficiles.
  • Deganne dépensera beaucoup de temps et d’argent en actions de philanthropie dans son pays natal de Vertus où il était reconnu comme « bienfaiteur des plus démunis ».
  • Deganne mourra sans descendant, son héritage important mal géré par son légataire universel sera refusé par la ville de Vertus.
  • Deganne s’est toujours présenté comme « ingénieur », et à souvent agi comme un entrepreneur dans ce domaine. N’hésitant pas à prendre des risques financiers. Il était à la fois entrepreneur et « Chevalier d’industrie »[1].

Chacun a-t-il récolté ce qu’il a semé ?

Sources

  • www.leonc.frDeganne, vrai salaud ou visionnaire – Conversation à bâtons rompus autour d’Adalbert Deganne – 1er décembre 2010. par Jean-Pierre Ardoin Saint Amand
  • Adalbert Deganne, fondateur d’Arcachon et amateur d’artHaffner Lance, Christel. Édition du Palais.
  • Wikipedia – Rubriques Deganne, Château Deganne et Adolphe Alphand
  • https://bassin-paradis-academie.com – Deganne collectionneur méconnu
  • www.napoleon.orgAdolphe Alphand
  • www.jardinsdefrance.orgAdolphe Alphand- un grand maître de l’horticulture urbaine

[1]  « Chevallier d’industrie » dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française, les chevaliers de l’industrie, sont « ceux qui n’ayant point de bien vivent d’adresse, d’invention » .
Vivre d’industrie, c’est « vivre de finesse, de filouterie ».

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CORCIA Yvon

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