Dispensaire Delage

Imprimer cet article Imprimer cet article

Villa « Pépita », 23 boulevard Chanzy 

Firmin Delage (1838-1922) et son épouse Pépita Eyzeguirre y habitent lorsque la jeune femme, âgée de 29 ans y décède en 1880. La maison prend alors le nom de Pépita. Le 17 avril 1902 à Saint-Ferdinand, Firmin Delage épouse en secondes noces Pétronille Thérèse « Gabrielle » Coussirat (1886-1935). Ils restaurent leur maison vers 1910.

L’Avenir du bassin d’Arcachon du 4 octobre 1908 rapporte que Mme Lalaberne, 57 ans, se rendait à la gare pour prendre le train de dix heures lorsqu’arrivée devant la villa Europe elle s’affaissa subitement. On la transporta à la villa Pépita où le docteur Paillé ne put que constater le décès par suite de rupture d’anévrisme.

L’Avenir d’Arcachon du 5 février 1922 nous annonce que le vendredi 3 février, à 10 heures, ont eu lieu les obsèques de M. Delage, décédé le 1er février en sa villa Pépita, boulevard Chanzy. M. Delage a légué une somme de mille francs à la Société de secours mutuels des marins de Notre-Dame d’Arcachon.

Mitoyenne sa villa Pépita, Mme Delage possède une seconde maison, 15 au 21 boulevard Chanzy, qu’à la demande du curé de Saint-Ferdinand, l’abbé Roger Séré de Lanauze, elle offre en 1929 à 5 sœurs de la congrégation de Saint-Sauveur et de la Sainte Vierge, dont la maison-mère se situe à la Souterraine. Les sœurs y créent un dispensaire pour soigner les blessés et visiter malades et pauvres à domicile. Elles sont de plus chargées de l’œuvre des Bretons de Saint-Ferdinand, qui sont arrivés en grand nombre à l’Aiguillon pour être employés dans les pêcheries et conserveries de sardines du boulevard Chanzy. Elles y réunissent aussi, les jours sans école, les jeunes filles des bérets blancs de la paroisse.

Une femme voilée, que l’on voit souvent dans Arcachon, en toutes saisons, toujours à pieds et quel que soit le temps, sa sacoche de soins à la main, est bien connue dans le quartier de l’Aiguillon : elle habite 21 du boulevard Chanzy. Elle se trouve à passer devant les ateliers Castelnau (démolis maintenant) lorsque deux marins éméchés, sortant de l’épicerie buvette de Cancalon située au coin du boulevard Chanzy et de la rue Coste, se disputent : l’un brandit un couteau et l’autre n’a que ses  esclòps[1] pour se défendre. Le sang coule. La femme, Mère Sainte Adolphe (ce prénom n’a pas encore pris la connotation diabolique que nous connaissons), s’interpose entre les deux « demi-portions », les vilipendant en des termes pas très catholiques ! Puis elle les traîne, quasiment « manu militari », jusqu’au dispensaire pour les soigner[2].

Mère Sainte Adolphe est une des cinq sœurs appartenant à la congrégation de l’ordre du Saint Sauveur ; d’origine flamande, c’est une « forte femme » à tous points de vue … avec la taille et le gabarit d’un lutteur de foire et une voix à faire écrouler les murailles de Jéricho…écho. Le dispensaire, 21 du boulevard Chanzy, comprend une grande villa donnant sur le Bassin et une maison de gardien ; cette maison appartient aux époux Delage qui possèdent un important domaine agricole à La Souterraine (Creuse).

À La Souterraine, justement, se trouve la maison-mère de la congrégation de l’ordre du Saint Sauveur et de la Sainte-Vierge[3]. C’est ainsi que M. et Mme Delage, jugeant sans doute que l’Aiguillon avait besoin d’un secours médical, mirent leur villa à la disposition de ces religieuses. Ainsi fut créé le « dispensaire Delage[4] » ; les religieuses soignent sur place ou à domicile.

Le dispensaire abrite ensuite le siège des « Bérets Blancs » de la paroisse Saint-Ferdinand, un patronage pour fillettes et adolescentes.

Côté plage

La maison comprend un grand rez-de-chaussée surélevé dans lequel se tient le dispensaire ; les religieuses logent à l’étage. La cave est emménagée comme salle de jeux d’hiver pour les « Bérets Blancs » ; à la belle saison, les fillettes jouent dans le parc, appartenant également aux Delage, qui se trouve en face ; depuis, on y a construit les locaux de la Gendarmerie, 21 Rue Duchenne.  

En 1935, au décès de Gabrielle Delage (décédée à Arcachon sans laisser d’enfants mais a de nombreux héritiers, petits-neveux et arrière-petits-neveux), le dispensaire est mis aux enchères (dont le terrain de 2 500 m²), acheté le 28 mars 1936 par Lucien Leroy[1], leur voisin (commerce de poissons d’huîtres et de crustacés) et loué à la famille R. qui achètera ensuite une maison à proximité, rue Coste.

[1] – Le Moüeng naissance d’un quartier en 1841 I et II BSHAA n° 174 p. 65).

Le « dispensaire Delage » est alors laissé à l’abandon.

À la fin des années 1970, il est acheté par un promoteur qui le rase pour y construire la résidence « Grand large ». À la demande des habitants du quartier, le promoteur s’engage à conserver la statue qui trône au milieu du jardin ; il l’a fait : déposée contre le mur de la résidence, elle est mise en valeur. Puis, une nuit, elle s’est “envolée” ! 

Garderies de vacances

Le Secours national, désireux de venir en aide aux familles arcachonnaises pendant les vacances de leurs enfants, a décidé d’organiser des garderies de vacances. Ces garderies fonctionneront gratuitement tous les jours de la semaine, de 13 h. 30 à 18 h. 30, sauf le dimanche.

  1. Pour les garçons de 8 à 15 ans, dans les locaux des Bleus de Notre-Dame, avenue Rapp, et des Jeunes de Saint-Ferdinand, rue Aimé-Bourdier ;
  2. Pour les garçons de 4 à 8 ans, à l’Aérium, 7, boulevard de l’Océan, et à la villa Saïd, 81, boulevard de la Plage ;
  3. Pour les fillettes de 10 à 15 ans, à l’Aérium de La Réole (en forêt, allée Stora, et au dispensaire Delage, boulevard Chanzy ;

Un goûter sera distribué tous les jours pour un prix modique. Deux professeurs de gymnastique sont attachés aux garderies du Secours national.

Le règlement intérieur prévoit deux journées de promenade en forêt, par semaine – on va glander – avec ramassage de bois mort. Nous engageons vivement les parents à envoyer leurs enfants dès le premier jour à ces garderies, où ils passeront de bonnes et utiles vacances.

Nous faisons appel aux jeunes gens et aux jeunes filles qui voudraient participer à cette belle œuvre en aidant bénévolement les personnes titulaires responsables choisies par le Secours national pour veiller sur ce petit monde.

Pour tous renseignements et inscriptions, s’adresser : villa Bonito, Maison du Secours national, 215, boulevard de la Plage.

https://bassindarcachon.com/histoire_locale.aspx?id=134

La Petite Gironde, 3 août 1941

https://www.retronews.fr/journal/la-petite-gironde/03-aug-1941/241/1525657/4

[1] – Gros sabots de bois.

[2] – Germaine Tournaud, cousine de Jean-Jacques Cazaubon qui nous a raconté l’histoire, en a été témoin ; elle faisait parti des ” Bérets Blancs “. 

[3] – Les sœurs du Sauveur et de la sainte Vierge sont une congrégation religieuse féminine enseignante et hospitalière de droit pontifical. En 1813, Anne-Rose-Josèphe du Bourg (1788-1862) entre chez les sœurs hospitalières de saint-Alexis de Limoges (cet institut fusionne en 1936 avec les sœurs de Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Castres) bien qu’elle soit, au départ, attirée par la vie contemplative de l’ordre du Verbe incarné. Elle y reçoit le nom de Marie de Jésus. En 1834, elle fonde la congrégation du Sauveur et de la Sainte Vierge à La Souterraine, qui est approuvé le 25 février 1834 par Alexandre de Lostanges, évêque de Périgueux. Les sœurs se consacrent à l’enseignement, aux soins des malades à domicile et à l’aide aux pauvres. Les sœurs se répandent rapidement dans les diocèses de Périgueux, Clermont et Limoges.

Elle fonde également les petites sœurs de la campagne, composées de religieuses non cloîtrées qui ne sont jamais plus de deux ensemble, et qui s’installent dans de petits villages ruraux et y travaillent comme institutrices, catéchistes et infirmières ; la branche est supprimée en 1891 à la demande du Saint-Siège.

La congrégation connaît un développement rapide et remarquable mais entre 1902 et 1903, en raison des lois anti-congrégationistes, les religieuses doivent fermer 68 des 82 maisons et s’installer à l’étranger (Belgique, Espagne, Italie, Angleterre). En 1960, la maison mère est transféré à Villeneuve-d’Ascq (Nord).

Wikipedia

[4] – 9 novembre 1937. Association du Dispensaire Delage. But: secourir moralement et matériellement les malheureux et plus spécialement ceux de la paroisse Saint-Ferdinand d’Arcachon. Siège : à Arcachon (Gironde), villa Saint-Victor, avenue Deganne.

Images liées:

Raphaël

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *