Croquis du Bassin – Les abeilles de Buch

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Après la grosse bête de vendredi, croquis aujourd’hui d’un minuscule insecte. On ne le sait pas assez, mais, l’une des richesses traditionnelles du Pays de Buch, c’est l’abeille. Depuis des siècles, la forêt usagère héberge des ruches et pas une seule des cabanes de ce massif qui n’ait eu son rucher. Aujourd’hui, plusieurs apiculteurs continuent cette tradition pour produire, dit-on, un miel à nul autre pareil. Rencontre, avec l’un d’eux, Daniel. Il est passé directement de l’abandon du rugby à la ruche, grâce aux conseils de quelques-uns de ses copains, devenus spécialistes. “Pas question de rester planté devant la télé”. Alors, grâce à eux, dit Daniel, “Ma vie s’est transformée”.

Daniel a donc pris l’abeille par les cornes, après force lectures de revues et de livres techniques. Le voilà bientôt à la tête de six ruches dont les pensionnaires ne lui faciliteront pas la vie, le piquant partout et assez souvent. Mais, ceci le sauvera : chaque saison lui apporte la connaissance d’un nouveau secret de la ruche, pourtant bien caché. Et quel boulot ! Car récupérer le miel dans un extracteur n’est que la phase ultime d’un long labeur.

Vers le 15 mars, il faut commencer le printemps en surveillant de près le couvain et observer dans le détail l’évolution hivernale du royaume autour de sa souveraine qui règne sur cinquante mille ouvrières et sur cinq mille faux bourdons, impitoyablement expulsés dès que le nectar se fait rare. En juin, il faut contrôler l’essaimage et, à l’entrée de l’hiver il faut s’assurer que la ruche a entassé ses stocks. Mais comme la forêt usagère est généreuse, les arbousiers assurent de solides réserves à la collectivité ailée face à la froidure, dès le 15 octobre.

En même temps, il a fallu entretenir les cadres où les abeilles superposent leurs alvéoles de cire, il a fallu bien surveiller à de très près la reine, mère de la ruche. Meilleure elle sera, meilleure sera la ponte et, par conséquent plus abondant le miel, la main d’œuvre nombreuse assurant de bonnes rentrées de nectar. Il faut même pousser la technicité en sélectionnant des races d’abeilles. Certaines étant agressives et d’autres très placides, il vaut mieux collaborer avec ces dernières. Il faut enfin choisir les bons endroits pour installer le village de ruches dans la forêt testerine, c’est à dire, loin des grandes zones de cultures intensives, loin des lieux d’activités industrielles et loin des décharges. Et la forêt usagère, véritable sanctuaire naturel, se révèle un excellent espace pour y lâcher les butineuses. En mai, elles s’affairent autour du pollen d’acacia qu’elles accumulent dans leurs jabots à raison de deux centigrammes par expédition. En juillet, s’il ne fait pas trop sec, elles pompent les fleurs bleues de la bruyère “Erica” et, en août, celles de la bruyère plus haute, appelée “Callune”. C’est évidemment le miel d’acacia, un peu liquide, qui se révèle le plus fin mais celui d’été, plus pâteux, a ses amateurs.

En tous cas, Daniel a vraiment l’impression d’apporter à ses concitoyens le sourire de la nature. Une nature, il en est persuadé, qu’il défend ainsi. Et il rejoint Einstein lorsqu’il déclare : “ Sans abeille, il n’y aurait plus de pollinisation, donc plus de reproduction végétale. Et les hommes disparaîtraient très vite”. A demain. Rendez-vous avec des pêcheurs sur le lac.

Jean Dubroca

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Aimé

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