Croquis du Bassin – La tradition de la fête locale

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Voici les fêtes du port testerin. L’une des plus importantes de ce genre sur les bords du Bassin et qui donc méritent bien des croquis. Avec ces fêtes du port, déferlent aussi les manèges, les métiers, comme disent le professionnels, attractions époustouflantes ou bien simples baraques où l’on tire à vue sur des cibles désaxées et où les gros bras pulvérisent des pyramides de boîtes de conserves cabossées pour tenter de gagner des ours en peluche ou des poupées de son, dans un déluge de décibels qui sont autant d’appels à l’aventure facile ou au rêve à deux euros.

Mais, signe des temps, la grande fête de La Teste, ce n’est plus aujourd’hui celle de Pentecôte, bien qu’une foire s’y maintienne à cette date. Mais autrefois, autrefois … et même jusque dans les années 30, pour fêter la Pentecôte, chaque ménagère qui se respecte un peu, entreprend le grand ménage de chaque pièce et de chaque armoire et sort du chai “l’espouncette” ou la “caoussie”. A l’aide de ce pinceau doté d’un manche long de deux mètres, on enduit de lait de chaux les murs de pierre extérieurs, ou parfois intérieurs, de la maison. Ils brillent d’un blanc qui doit éblouir les voisins, les amis et surtout les parents lointains. Car, comme pour la Saint Michel à Gujan ou pour la Saint Yves à Audenge, toutes les familles se doivent de recevoir oncles, cousins et tantes, venus de l’autre côté de l’eau, du fin fond d’Ychoux ou des Gargails perdus. Et quelle fête mes amis! Quelle fête ! A tel point que c’est le seul jour de l’année où l’on déguste le pastis, ce gros gâteau blond parfumé à l’anis et que l’on accompagne de pruneaux imbibés d’armagnac. La Pentecôte des testerins, c’est aussi l’unique jour de l’année où l’on déguste du vrai café, filtré dans une chaussette. Mais l’important, ce sont les dévotions religieuses.

Il y a aussi pléthore de jeux pour tous. Avec des classiques : la casse aux pots suspendus d’où dégringolent, après des coups de trique tournoyants lancés au hasard des yeux bandés et au milieu des hurlements, un lot de sucreries, une volute de suie ou un déluge d’eau. Autres classiques : la course en sacs ou le mât de cocagne. A son sommet, que seuls les plus costauds atteignent, tout en haut, bien accroché, pendouille le gros lot, un énorme jambon enrubanné. Mais combien de costumes du dimanche sont gâchés par l’exercice à cause du tronc graisseux, ce qui finit par d’énormes torgnoles pour apprendre que la vie est dure.

Et voici venue l’heure où tournent les manèges. Hier, comme aujourd’hui, on se juche sur tout ce qui roule, sur tout ce qui vole et ça remue et ça tonitrue. Et à tous les coups l’on gagne la poule pour le pot ou le miroir aux alouettes. On se gave de berlingots et l’on ne peut manquer les dorures de la “Confiserie testerine” où, depuis 1848, on débite les célèbres “chiques” Bos, de longues sucettes emmanchées et qui portent le nom de leur inventeur. Les mêmes chiques que, d’ailleurs, vend sur les plages le réputé “Pompon et ses bonbons” qui fait partie de la mythologie arcachonnaise. On était dans cette époque où l’on n’avait pas encore inventé la civilisation des loisirs mais, lorsque la fête s’arrêtait, tard dans la nuit, après les fusées, les pétards et autres, “A la pelle, monsieur, à la pelle, on les ramassait, les confettis! ”. Mais il faut aussi se souvenir qu’autrefois, pour la Pentecôte testerine, sur chaque longue table de chaque maison, on ajoutait plusieurs assiettes pour les mendiants …

Jean Dubroca

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