Chronique n° 042 – Des violons dans le désert

    Imprimer cet article Imprimer cet article

Dès les années 1840, l’avenir d’Arcachon, ville de plaisirs, se trouve inscrit, non seulement dans les divers établissements qui s’y installent mais aussi dans les distractions offertes aux baigneurs. Rappelons, en 1841, les aventureuses promenades à dos de dromadaires baptisés égyptiens, à travers les dunes de la Petite montagne d’Arcachon. Arrivons, la même année, à la première grande fête, le 26 juillet, jour de la Sainte-Anne, à Notre Dame d’Arcachon. La journée s’illustre par des cérémonies religieuses et par des courses nautiques à la rame, organisée le long des établissements de bains. Des tilloles s’affrontent, montées, soit par deux hommes, soit par deux femmes. L’autochtone paie vraiment de sa personne pour le plus grand plaisir des baigneurs et pour le renom d’Eyrac !
Le 25 août 1843, a lieu la première messe en musique célébrée dans la chapelle Notre-Dame, pour bénir la “Compagnie générale du littoral d’Arcachon”, une nouvelle société de pêche. Et le chroniqueur du “Mémorial bordelais” de s’extasier : “un orchestre se faisant entendre au milieu des dunes, en face de la solitude perpétuelle du Bassin, n’est-ce pas un indice irrécusable de la marche progressive de la civilisation qui pousse l’industrie et même les Beaux-Arts, là où il n’y avait, jusqu’à nos jours, que le désert et le silence ?”.
Changement de style : en 1849, l’hôtelier Gaillard distrait sa clientèle avec, notamment, des courses sur échasses. Vive le folklore ! En 1853, le 24 juillet, le maire de La Teste, Lamarque de Plaisance, organise une grande fête de charité, à laquelle assiste tout ce qui compte dans le quartier, avec, au premier rang et toutes décorations au vent, le préfet de Mentque et le général de Tartas, un audacieux et très populaire “sabreur” dans la conquête de l’Algérie mais très dévoué dans l’essor d’Arcachon. Au programme des réjouissances : des régates à la rame et à la voile. Ces dernières comportent deux séries, celle des goélettes de huit à quinze mètres, de bien beaux bateaux, puis celle des autres embarcations. Il faut parcourir un circuit balisé par les deux vapeurs qui, habituellement, relient La Teste à l’Espagne. Le prix de cent francs, offert par le ministre de la Marine, va à “La Sibylle” de M. Saint-Martin et à “La Gitane”, le bateau des Douanes. L’année suivante, en 1854, période de la guerre de Crimée et de plusieurs naufrages dans les passes, se fonde la “Société des régates et des fêtes charitables”, présidée par Lamarque de Plaisance. Quatre courses, dont celle des goélettes de huit à quinze mètres et celle des chaloupes, opposent des pilotes testerins à ceux de Pauillac, de Royan et de Blaye. Le soir, d’innombrables bateaux offrent la vision d’une massive pêche aux flambeaux. Le spectacle est, s’exclame-t-on, “prodigieux”. Et c’est ainsi qu’Arcachon devient un site privilégié pour les régates à la voile. Par contre, pour parvenir facilement par voie de terre dans la station balnéaire, c’est une autre histoire.
À suivre…

Images liées:

Aimé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *