Chronique n° 020 – Un mystère et un défi

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Un mystère s’est éclairci en 2005. Alors qu’on ignorait ce qui s’était vraiment passé entre la fin de la civilisation gallo-romaine, au Ve siècle et le Moyen Âge, du XIe au XIIIe siècles, voilà que des fouilles, entreprises dernièrement près de l’église Saint-Vincent à La Teste par Philippe Jacques, ont permis d’ éclairer ce passé. La découverte, en ce lieu, d’une nécropole respectant les rites chrétiens, permet d’affirmer qu’il y eut un peuplement mérovingien dans cette zone dès le VIIe siècle et que l’église testerine est née à cette époque, sous la forme d’une chapelle.

On trouve ensuite des traces d’une occupation carolingienne et la troisième phase de creusement établit qu’au XIIe siècle existe, à l’ouest de l’église, une petite forteresse que Denis Blanchard-Dignac décrit comme « composée d’une haute cour, équipée d’un donjon de vingt-six mètres de haut, en pierre de taille, de dix mètres côté à la base alors qu’au niveau inférieur, s’étale une basse-cour pour des bâtiments de service. L’ensemble servira jusqu’à la fin du XIII siècle à défendre, à ses pieds, le port testerin ». À une époque où, « traîner un château à la queue de son cheval », constitue un gage de puissance, on voit que le seigneur de La Teste, c’est déjà quelqu’un !

Désormais, l’histoire de ce sud Bassin se confond avec celle de la Montagne forestière. L’exploitation de la résine remplace largement celle du sel. Les Boïates deviennent des Bouges, c’est à dire des habitants du Pays de Buch, désignés ainsi en langue gasconne, la belle langue d’Oc. Il semble bien que ces Bouges soient des hommes libres et qu’on y trouve peu d’esclaves. A partir du XIe siècle, d’assez nombreux documents écrits d’origine ecclésiastique, informent sur ce qui se passe alors autour de chez nous. Et ce n’est guère brillant. Au XIIe  siècle, le Guide du pèlerin n’incite guère à la dévotion en nos lieux puisqu’il écrit carrément « c’est un pays désolé où l’on manque de tout ». On revient de loin, dans notre opulente Arcachon !

Et pourtant, la vie se développe en ces lieux difficiles. On défriche, on navigue, on exploite la forêt naturelle et, durant le Xe siècle, de grandes familles ont déjà fait main basse sur des terres. Au cours du XIe siècle, les ducs d’Aquitaine exigent de ces grandes familles, des serments de fidélité. La notion de féodalité apparaît et, avec elle, celle du chef guerrier. Il se doit d’être un bagarreur qui, notamment en Aquitaine et dès le Xe  siècle, n’hésite pas se lancer  dans la reconquête de la péninsule ibérique en courant sus aux Maures infidèles et en ne s’arrêtant qu’à Saragosse. Ils en tirent gloire et profits et règnent en maîtres dans leurs principautés.

Mais, comme l’écrit  Charles Higounet : « au sud de la Garonne, les origines des principautés antérieures au XIe siècle défient les historiens ». Bien malin, donc, qui peut alors expliquer quand et comment le Pays de Buch, passe dans la féodalité et comment il englobe un captalat formé des paroisses de Cazaux, de La Teste et de Gujan, soit, le  sud du Bassin et sa bonne forêt de chênes et de pins. On constate que la COBAS et le District avant elle, forment une entité indiscutable, depuis des siècles ! A la tête du captalat, règne un captal, une espèce de condottiere prêt à en découdre avec quiconque,  afin de  défendre les intérêts de celui qui  loue sa petite troupe.  Mais ces captaux n’ont rien de brutes sanguinaires : ils proviennent de la très aristocratique maison de Bordeaux de Puy Paulin, à commencer par le premier d’entre eux qui, en 1274, s’appelle Pierre Amanieu de Bordeaux. Comme il meurt sans enfant, que va-t-il se passer ? C’est une autre histoire.

À suivre …

Jean Dubroca

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Aimé

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