Si vous souhaitez vous initier à la cueillette, pourquoi ne pas commencer par la bette ou betterave maritime (Beta vulgaris subsp. maritima) ? C’est une plante herbacée vivace (de 30 cm à 1,20 m) d’aspect semblable à la betterave cultivée…
Elle est facile à identifier, puisqu’elle est l’ancêtre de plusieurs légumes désormais cultivés. En matière d’emplois, pas de problème : ce sont les mêmes… une petite note sauvage en plus !
J’ai toujours trouvé curieux de rencontrer au bord des côtes la bette maritime : elle ressemble tellement à son homologue cultivée que j’ai l’impression d’être au milieu d’un potager battu par les vagues. En fait, ce sentiment n’est dû qu’à un effet de ma culture néolithique, qui compare la nature à ce que l’homme a réalisé en créant les jardins : ces derniers hébergent des végétaux originellement sauvages, mais modifiés au point de les rendre méconnaissables – tels les choux-fleurs, nés de choux sauvages dégingandés, ou les endives, dérivées de la chicorée qui borde les chemins. La bette spontanée n’a, elle, guère été transformée pour produire, par sélection, les bettes et betteraves de nos jardins. C’est surtout la « poirée » qui lui ressemble, ce légume-feuille un peu passé de mode dont les pétioles des feuilles ne sont pas élargis.
Cette ressemblance ne me gêne en rien, je dois dire. Je suis toujours heureux de rencontrer cette aimable plante, que sa propension à former de grosses touffes rend facile à récolter. Son deuxième avantage est sa saveur plaisante, en tout point semblable à celle du légume cultivé.
J’aime faire fondre ses feuilles à la poêle avec quelques oignons, des raisins secs et des pignons, comme j’ai appris à le faire dans le Midi. Pour moi, la bette maritime est simple et sans chichi, dépourvue de ce mystère qui entoure les végétaux que j’ai dû traquer pendant des années avant de les découvrir – parfois sous mes yeux –, ou dont il m’a fallu apprivoiser la saveur trop rude par de nombreux essais pas toujours couronnés de succès.