1768 – Salines, Domaine de Branne & de Certes, Sellier
Plan des salines situées entre le canal de Certes et le canal de Lanton, 17 nov. 1768
J. Sellier, « maître-juré en sel, et entrepreneur en les salines »
En 1755 et 1759 lors des premières études préalables à la création des marais de Branne, sur les côtes de Certes, on reconnut des vestiges d’anciennes salines abandonnées [A.D.G., C 1354 : Visite des prés salés de Certes en 1759.].
Les premiers grands endiguements débutent en 1764 par le rattachement de l’île de Branne et le percement du grand canal de Certes long de 1.5 km. Le coût de ces travaux, celui à venir des bassins, dépassent de loin les possibilités de la trésorerie du marquis de Civrac. Sans doute possède-t-il de très beaux domaines dans la vallée de la Dordogne, mais il ne veut sacrifier aucun des fiefs de sa famille. C’est d’ailleurs inutile, on va voir pourquoi. Quant à la solde de général du marquis de Civrac, elle n’est rien pour ce courtisan atteint par la passion du jeu, comme tous ceux qui vivent à Versailles.
Après avoir plus tard connu plusieurs propriétaires, puis transformés au XIXe siècle en réservoirs à poissons, ce qui est à nouveau une belle source de profits, les marais de Certes sont, depuis 1984, propriété du Conservatoire du Littoral et l’ensemble du domaine est depuis 1989, géré par le Conseil Départemental.
Quelques bovins y ont été récemment réintroduits et un pêcheur d’anguilles maintient la tradition de cette activité particulièrement florissante autrefois.
Le sentier du littoral qui le jalonne est de plus en plus fréquenté par des promeneurs, mais l’intérieur du domaine reste un havre de paix pour la faune et la flore de ce secteur du Bassin.
https://shaapb.fr/wp-content/uploads/files/SHAA_075_opt.pdf
« Réservoirs de Lanton, bilan écologique, propositions d’aménagement », Isabelle Auby & AnneThimel, Société Scientifique d’Arcachon, janvier 1990
https://archimer.ifremer.fr/doc/00075/18664/16213.pdf
https://www.shaapb.fr/la-creation-des-salines-du-bassin-darcachon-au-xviiie-siecle/
1770 – Bassin d’Arcachon – Salines de Certes
Carte du bassin d’Arcachon (auteur inconnu)
appartient à la Division 2 du portefeuille 58 du Service hydrographique de la marine consacrée au bassin d’Arcachon ; 3
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53142609q
Marais salants de Certes
En 1770, M. le marquis de Civrac ayant acquis des habitants de Certes la propriété d’un chenal, au moyen duquel ils aboutissaient au bassin d’Arcachon, établit, entre ce quartier et le Bassin, des marais salants qui existent encore.
Il fait creuser aussi de beaux réservoirs à poisson, et construit un petit château, auquel il emploie les démolitions de la tour du Castera, située dans la paroisse de Lamothe.
1800/ – Domaine de Branne et de Certes, Commune d’Audenge.
Bassins de pisciculture et marais salants
En 1768, le marquis de Civrac, captal de Certes. dispensé d’impôt sur le sel, entreprend de cerner d’énormes digues l’île de Branne, au cœur des prés-salés, pour bâtir un marais salant qui sera peu à peu agrandi et rattaché à la côte. Il crée un vaste réseau de bassins d’eau de mer, reliés par des écluses-vannes qui maintiennent un niveau d’eau constant et renouvelé. Ces bassins sont protégés du bassin d’Arcachon par une digue monumentale. Ces travaux considérables nécessitent le déplacement de deux millions de tonnes de terre.
Les salines de la pointe de Branne sont exploitées par Civrac, tandis que les salines de Branne le sont par Guesnon-de-Bonneuil.
La production de sel atteint mille tonnes par an dès les premières années. Le domaine, exempté de taxes, est rapidement rentable. Cependant, la pression des producteurs de sel de Charente conduit à l’introduction de la gabelle ; le marquis meurt ruiné en 1773.
Les maisons des sauniers, cité ouvrière future quartier bourgeois
Afin d’attirer, à Audenge, les premiers sauniers charentais, le marquis de Civrac décide de leur construire neuf maisons doubles sur « les Places de Certes » (entre le vieux bourg et le village de Certes, devenu « Les Places » et désigne toujours le centre d’Audenge).
Sur le cadastre dit napoléonien nous repérons l’alignement de ces demeures
Ces maisons sont alignées sur la façade ouest de la route depuis l’actuel n° 37 allée Ernest de Boissière jusqu’à la limite de l’actuel magasin de grande surface dont l’emplacement avait été concédé à Pierre de Pardaillan.
Le tableau ci-dessous permet de préciser les surfaces (en pied carré) de ces habitations considérées en allant d’ouest en est.
Enumération en allant du nord-ouest au sud-est
Au centre de cette suite de maisons, exactement située en face de l’actuelle Mairie, est la boulangerie (n° 23 allée Ernest de Boissière) construite pour les besoins des manœuvres et des terrassiers occupés à la création des salines.
Ces logements doubles et contigus sont d’une surface d’environ 80 m², les maisons en retrait de la route de 4 toises (7 à 8 mètres). Sur l’arrière, le terrain a une profondeur de 14 toises (environ 27 mètres).
Ces maisons peuvent être séparées ou avoir un mur mitoyen. Elles disposent sur le levant d’une place de quatre toises et derrière au couchant un terrain de quatorze toises (la toise correspond à six pieds soit 1,949m et le pied carré à 0,104976 m²)
En 1776, le marquis de Civrac envisage de concéder ces maisons en bail à fief, comme il l’a fait pour Pardaillan ; les maisons restent louées pour un prix de l’ordre de 15 livres par an.
Le 18 vendémiaire an IX (10 octobre 1800), Dauberval vend, pour un prix modique, toutes ces maisons à leurs 18 locataires. Les actes de vente permettent de découvrir les caractéristiques de ces habitations et leur situation indiquées plus haut.
Dauberval réalise une vente à rente constituée (les sauniers paient beaucoup plus tard leur achat) ; le prix de vente est variable. C’est une mesure de faveur destinée à maintenir les sauniers dans leur activité. Il est de 300 francs pour Jean Hervé, P. Guajet ou R. Duprat, 250 francs pour P. Guelin père. Pour une surface identique J. Cuisinier doit payer 300 francs (ce qui représente une année et demie de ressources) sous forme d’une rente annuelle et perpétuelle de 15 francs à la fin de chaque année.
La première maison, située à cheval sur l’actuelle rue des Sauniers (déborde sur les 37 et 35 allées de Boissière) à son côté sud qui appartient à Jean Hervé et le côté nord beaucoup plus petit est acheté par Pierre Hazera fils aîné ; Dauberval consent cette sorte de faveur à son ami Hazera.
La boulangerie reste louée puis vendue par le successeur de Dauberval.
Les sauniers vivent en ségrégation dans le nouveau village des Places. Leur intégration ne devient effective que deux ou trois générations plus tard. Jouannet dit, en 1837, « les sauniers sont une race étrangère… ». « On les reconnaît à leur français corrompu, à leur taille plus élevée…, etc. ». Cette cité ouvrière devient avec le temps une sorte de centre bourgeois de la commune.
En 1843, M. de Boissière manifeste très tôt son intérêt pour l’école et la formation des enfants. À peine âgé de 26 ans, il achète en 1842, alors qu’il commence à travailler avec son père, une maison de saunier (la vente du sel est en chute et les sauniers ne peuvent plus rester dans ces lieux). C’est semble-t-il, à cet endroit qu’il aménage une garderie pour jeunes enfants, qu’on appelle alors une « salle d’asile ». Pour l’encourager dans son œuvre philanthropique, le préfet de la Gironde lui accorde une petite subvention en 1843. Cette création préfigure, en quelque sorte, la future école maternelle. Pour l’agrandir, Boissière achète, en 1849, une autre maison de saunier.
Une loi du 10 avril 1867 impose aux communes de plus de 500 habitants d’avoir une école pour filles. Le 8 mai 1868, Mme Renaud, jusque-là institutrice privée, devient institutrice publique pour diriger l’école de filles. On lui accorde, en 1871, une indemnité de logement.
La famille de Mme Renaud est de Certes où elle possède sa maison et un vaste terrain. C’est sur celui-ci que l’école en torchis est bâtie. Après son départ, ce bâtiment est détruit. L’école publique de 1842 est à présent trop petite, et il s’avère nécessaire de trouver un local assez proche, afin d’accueillir les filles qui seront désormais séparées des garçons. L’opération ne se fait pas facilement et la commune doit louer successivement plusieurs locaux voisins de la mairie ; en 1873, on loue pour trois ans la maison de la veuve Galleteau située dans une ancienne maison de saunier.
En septembre 1880, dans un courrier au maire Jacques Duvigneau, Boissière donne ses avis au sujet des écoles et de l’éducation des enfants : « L’ouverture de l’établissement mettra les jeunes enfants de la commune à l’abri du vagabondage. Les garçons ne sont pas en général d’une propreté exemplaire et j’espère que l’institutrice leur rappellera qu’ils ne sont pas chez eux, mais logés gratis par un ami et doivent réprimer leurs penchants mauvais.
J’espère que l’institutrice de la salle d’asile sera anticléricale, mais non anti-religieuse. Je ne proscrirai ni la prière, ni l’enseignement de l’Histoire dite Sainte, c’est-à-dire l’histoire du peuple juif ».
Fin 1892, puis pour Noël 1893, Boissière fait de nouvelles visites à l’école maternelle pour distribuer aux enfants et sans compter, des cadeaux de toutes sortes. Il décède quelques jours plus tard, le 12 janvier 1894, dans la solitude de son château.
Boissière donne, dans son testament ouvert en 1894, cette école à la commune. École privée jusque-là, l’école maternelle prend le statut d’école publique. La commune accepte le legs et touche 600 000 f, qui malgré les dévaluations successives qui ont suivi, permettent de considérer Boissière comme le bienfaiteur de la commune. Le maire institue la fête de la Sainte Saucisse, pour que soit célébrée, chaque année le 12 janvier, l’anniversaire de la mort de Boissière. Ce jour-là, les enfants des écoles bénéficient d’un repas plus consistant avec des saucisses et des haricots blancs…
En 1860, le domaine de Certes occupe encore 16 sauniers.
Ces premières maisons de bois et torchis sont progressivement démolies, puis reconstruites. Seules deux familles descendantes des sauniers sont encore propriétaires des emplacements que Dauberval a vendus en 1800.
« Dauberval, maître de ballet », Pierre Labat, Bulletin SHA n°104, 2e trimestre 2000
https://shaapb.fr/media/pdf/bulletin/shaa-104.pdf
Cercle Généalogique du Bassin d’Arcachon et du Pays de Buch ~ 13 ~ Avril 2020
https://www.cgcestas.fr/v2/images/PDF/autres_clubs/Bulletin_74.pdf
Ernest Valeton de Boissière hérite du domaine et le transforme en exploitation piscicole.
Classé « espace naturel sensible », le domaine appartient depuis 1984 au Conservatoire du littoral ; il couvre 396 hectares dont 150 hectares de bassins, des prairies humides, des terres agricoles, des boisements de feuillus et de résineux.
La visite du domaine et de son réseau de bassins est libre sur le sentier littoral. Le Conseil général assure en période estivale l’accueil du public et la découverte du site par le biais de visites guidées naturalistes gratuites.
Ces espaces privilégiés du sud-est du Bassin d’Arcachon, entre terre et mer, eau douce et eau salée, font se rencontrer des bassins, des roselières, des prés-salés, des prairies humides, des boisements de feuillus et de résineux. A l’extrémité nord-ouest du site, depuis la digue de la Pointe de Branne, la vue sur le Bassin d’Arcachon est spectaculaire et inédite. On est loin de tout …
Certes, où la pisciculture est devenue extensive, reste un magnifique « jardin d’eau à la française », selon le mot de la romancière Michèle Perrein. Sur 396 hectares, ses flux, ses vasières et sa faune aquatique attirent des foules d’oiseaux migrateurs et hivernants, des bécasseaux aux canards, des hérons aux cigognes, en passant par les spatules et les milans noirs. L’été, ces rapaces sont parfois deux cents à planer sur les eaux. Selon l’écologue Philippe Nadé, du Conseil général, l’un des charmes peu connus de Certes, c’est sa zone d’eau douce où se déversent les « esteys », petits fleuves landais. Au printemps, les cistudes, tortues aquatiques, s’y chauffent au soleil. Toute l’année, le martin-pêcheur y étincelle. La nuit, c’est le royaume amphibie de la loutre et du vison d’Europe. Dans ses prés humides, fermés au public, Certes accueille aussi des races domestiques pour un élevage extensif. Mais son plus cher joyau, est peut-être la gorge-bleue : revenant du Portugal ou d’Afrique, ce petit passereau annonce à tue-tête sur les talus le retour du printemps.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8442215x.r=%22marais%20salants%22certes?rk=21459;2
https://fr.wikipedia.org/wiki/Domaine_de_Certes
file:///C:/Users/rapha/Downloads/Dakota-Certes.pdf
1770 ca – Bassin d’Arcasson, de Kearney – Premiers marais salants de Certes
Carte du bassin d’Arcasson
Côte du Sud, Navire St Malo, Bassin du Pt pilats, Côte du pilats ou de Bourdillon, signaux ou Balises qu’il faut aligner pour entrer dans la passe, Nouvelle Passe de Kerney, Côte de Mont l-au, Côte de Bernet, Côte Nôtre dame, pointe d’ayrac, Crassa du Teesse, Crassa d’arasms, pointe d’éguillon, La Teste de Buch, Ml. Peyjean, Gujan, Ml. de Mestras, Cams, Ruat, Teich, R. de la mothe, Biganos, Comprian, la bougesse, St Yves, Audenge, Certes, Lanton, Bois du Renêt, Bois de toussac, Andernos, Ml. de Cir, Ares, Ignac, Leige, Crassa de baubelle, Germanant, Girouas, Gabache, pointe du Comte, Crassat de la heymeire, Côte du Nord
de Kearney (17..-17..? ; capitaine)
Premiers marais salants de Certes
Appartient à la division 2 du portefeuille 58 du Service hydrographique de la marine consacrée au bassin d’Arcachon.
A. Balises posées en 1768 pour la Passe du Bassin, par Mr de Kearney.
B. Bois de la Ra-au, qui s’apperçoit au large en faisant le Nord et Sud. C. Cap du Hairet ou Féret. D. Bouées qui ont déterminé la Passe à 300 Toises l’une de l’autre. E. Matte de Sable qui avance. F. Ïle de Matock. G. Rade H. Pointe de la Corbeyer. I. Banc du Muscla. K. Chenal de Bernet. L. Banc du Canalon. a. Pointe Mapoutchet.
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M. Chenal de la Réousse.
N. Chenal de Canelon. O. Chenal de Bonon. P. Chenal de Gra-ouere. Q. Chenal de N. Dame ou Rade N. Dame. R. Chenal de Cousse. S. Chenal de Teychan. T. Chenal du Courant. V. Chenal de la Corpe (à confirmer) X. Chenal du Cotoyer. Y. Île de Branne. b. Pointe de Congre, e, fort Cantin. d. Banc Z. Chenal de Gujan.
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Echelle d’une Lieue Marine de 2853 Toises divisées par milles, ce
qui équivaut à une minute de Degré Terrestre ou un Tiers de Lieue
Longitude Occidentale de la Position D. du Nord de la Passe
rapport au Méridien de Paris. 3°. 38. 26
Latitude de la position D. 44. 37. 9
Parallèle à la Perpendiculaire de Paris, Distante de 240994 Toises, 3.P
Cartes voir http://www.henry-davis.com/MAPS/LMwebpages/LML.html
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531427595.r=bassin%20d%27arcachon?rk=171674;4
voir https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531430730?rk=364808;4
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531433556/f2.item
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531427595
Voir 1762 Recueil de pièces, contrat de vente de 240000 arpens de terres dans le marquisat de Certes, sénéchaussée de Bordeaux… Autre contrat de conventions pour un établissement de marais salans… Procès verbal qui vérifie la bonté du terrein… Arrest du Conseil d’Etat… qui accorde tous les privilèges et exemptions à la Compagnie… Prospectus de l’état de l’affaire…
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96319208/f52.image.r=biganos
1772 – Guienne, Clavaux –
Nouvelle carte de la côte de Guienne
par Clavaux (17..-17.. ; ingénieur). Cartographe
on y voit les marais salants de Lanton, Certes, Graveyron, l’Escalopier, Malprat
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531427237.r=clavaux?rk=42918;4
- Lanton, se termine au nord (à l’actuel port Cassy) et au sud à la limite d’Audenge, est concédé au sieur Langouran (voir n°75 bulletin SHA), de Bordeaux ;
- Certes est divisé en trois zones : au nord, l’actuelle pointe de Branne, créée par le rattachement des îles de Branne et de Groc à la presqu’île est la propriété de Civrac ; la zone comprise entre la pointe et la terre ferme est concédée à Jean Cyrille Guesnon de Bonneuil 1732-1803, entreposeur du tabac à Bordeaux, conseiller audiencier près le conseil supérieur de Blois, Maître d’Hôtel ordinaire de la comtesse d’Artois et premier valet de chambre du comte de Provence. Sa supposée fille, Laure se voit constituée, en avancement d’hoirie, une somme de 4000 livres chacun, garantie par la terre de Certes à Audenge, domaine de rapport constitués de marais salants issus du duc de Civrac (Durfort). Mais ce domaine fera l’objet, en 1798, d’un séquestre au motif d’une supposée émigration de M. Cyril Guesnon de Bonneuil, ce qui est faux puisqu’il est atteint de paralysie et ne peut se déplacer. La troisième zone, le « Graveyron », concédée au marquis des Lacs d’Arcambal est la presqu’île située entre le canal de Certes et le port d’Audenge ; le Graveyron est endigué mais n’est pas aménagé en marais salants.
- La quatrième zone, « le renfermé d’Audenge » (aujourd’hui l’Escalopier), est entre le port d’Audenge et la limite de Biganos. Pour mémoire, en décembre 1735, le marquis de Civrac, Seigneur de Certes, est devenu aussi seigneur d’Audenge. Cette zone est concédée au comte Pierre de Pardaillan et à l’abbé de Lustrat qui va, d’ailleurs, se désister. Au-delà, la côte de Biganos devient aussi propriété de Pardaillan. mais n’est pas endiguée.
- La cinquième zone concerne les îles du delta de l’Eyre, « Malprat », concédée à d’Arcambal : cette île de 140 hectares, entourée de 11 écluses, possède 19 bassins et un réseau de canaux profonds alimentés uniquement en eau saumâtre (60 hectares). Au fond du quartier de Tagon, s’alignent les cabanes endormies du Port des Tuiles jusqu’au quai oublié au bord de la rivière. D’une rive à l’autre, une passerelle de bois conduit à Malprat. Entre les vasières et l’île, s’ouvrent les prés salés, nature sauvage, telle qu’on pouvait la découvrir avant la construction des digues. Cette frange littorale occupe alors une grande partie du delta, entre crassats gluants et contreforts des vallons.
1772 ca – Bassin d’Arcachon
Bassin d’Arcachon
Marais salants de Lanton à Malprat
Appartient à la Division 2 du portefeuille 58 du Service hydrographique de la marine consacrée au bassin d’Arcachon.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531426088.r=%22bassin%20d%27arcachon%22?rk=64378;0
Marais salants de Lanton
Les réservoirs de Lanton sont situés à l’est du Bassin d’Arcachon et jouxtent le domaine de Certes (propriété du Conservatoire du Littoral). Ils couvrent une superficie d’environ 20 ha dont 1/4 est en eau. Les bassins sont alimentés par deux écluses aménagées dans la digue et distantes de 90 m. À partir d’un large profond bordant la digue, l’eau se distribue dans deux plats et deux profonds étroits qui alimentent une zone de plats situés plus au Nord.
La structure de ces réservoirs est originale, dans la mesure où les profonds occupent une surface plus importante que les plats (respectivement 3,16 et 1,90 ha). D’autre part, on observe un nombre élevé de culs-de-sac (extrémité de profonds, diverticules).
L’examen de l’évolution historique de cette zone permet d’en expliquer la structure actuelle.
Bien que les marais salants de Lanton soient, avant tout, l’œuvre du Marquis de Civrac, c’est un personnage peu connu des habitants d’aujourd’hui qui est à l’origine des salines de Lanton au XVIIIe siècle et qui participe à la mise en valeur de notre région à cette époque.
Il s’agit de Jean-Baptiste Langouran, né le 12 octobre 1728 à Bordeaux et dont les parents ont une corderie située sur le quai Sainte-Croix. Son véritable nom est Simon, le nom de Langouran venant de son grand-père originaire de Langoiran et qui, comme cela se fait régulièrement à cette époque, est surnommé par son « chaffre ». C’est ensuite par une simple déformation du nom lors de l’enregistrement dans les actes de l’État-Civil qu’il passe de Jean-Baptiste Simon à Jean-Baptiste Langouran (alors que ses deux frères sont enregistrés sous le nom de Langoiran). Il conserve ce nom toute sa vie, refusant ou négligeant de le faire modifier et le transmet même à sa descendance.
Après de longues études à la Sorbonne, il entreprend une carrière dans le domaine commercial, notamment avec les Antilles et en particulier la Martinique. Dans le souci de diversifier ses placements, il achète des navires et acquiert principalement des maisons, des immeubles et des terrains sur lesquels il construit à Bordeaux. Il investit ensuite dans deux opérations de grande ampleur : L’achat d’un vaste domaine agricole dans la Palu de Saint-Louis-de-Montferrand, et, le 27 février 1764, « l’office de Conseiller-Secrétaire du Roi en la chancellerie du Parlement de Navarre avec revenus, émoluments, privilèges de noblesse, exemptions financières et franchises » qu’il achète à Jean-Baptiste Mercier, Président-Trésorier de France au bureau de Guyenne.
Au milieu de l’année 1770, Biganos et Audenge sont endiguées. Ne restent que Branne, Certes et Lanton.
Contrairement à ce ses habitudes, le Marquis de Civrac ne fait pas appel à ses amis, mais à l’armateur Langouran qui est alors en pleine prospérité. Le contrat est signé le 2 octobre 1770 à Bordeaux. Le grand intérêt de ce contrat, tient au fait que sa rentabilité repose essentiellement sur l’exonération des taxes – clause essentielle – et qu’il suffit de trouver des relais financiers, d’une durée de 5 à 6 ans, pour financer les travaux. Notons que l’exonération fiscale concerne tous les sels, ceux qui sont la part des sauniers, soit un quart, comme ceux qui restent au propriétaire soit les trois-quarts. Or, les sauniers ne perçoivent que leurs 3 livres par boisseau et généralement vendent leur part sur cette base au propriétaire qui perçoit ainsi tout le bénéfice de l’exonération !
Il est prévu d’y aménager 75 livres de marais salants (une livre équivaut à 2,2 hectares). Les prévisions financières sont particulièrement intéressantes et doivent permettre d’amortir en cinq ans le montant des investissements qui s’élèveront à environ 140 0000 livres.
Les terrains concédés ne couvrent pas toute la paroisse de Lanton, mais seulement la partie des prés salés allant jusqu’à la berle chenal du Renêt. Au-delà de cette limite, à Cassy, à Taussat, il n’y a plus de prés salés mais des plages de sable…
Le plan des terrains concédés est levé par Claveau, ingénieur topographe, ainsi que tous les plans pour les autres salines. Ces plans ont tous disparu.
Le texte de la concession ne précise pas l’étendue précise des terrains. Il indique que Langouran s’engage à créer 75 livres de salines. La concession est perpétuelle, ne comporte pas de droit d’entrée mais simplement un droit d’agrière (redevance sur la récolte payable en nature) de 1/6ème des productions de sel et de grains exigible au terme de la sixième année. Cette clause sous-entend que dans ce délai de six ans, les investissements seront terminés et leur coût amorti.
Le contrat est extrêmement précis sur le contrôle de la production par les préposés de Civrac et de Langouran. Il contient aussi certaines dispositions favorisant la venue à Certes de sauniers vendéens et saintongeais et stipule également le transfert du bénéfice des deux arrêts accordant l’exonération des droits d’exploitation du sel.
Civrac s’engage à concéder des baux à cens de 8 journaux par saunier et 15 journaux pour le préposé de Langouran. Langouran s’engage à consentir à Civrac un prêt de 90 000 livres destiné à rembourser les différents emprunts effectués pour les endiguements.
La création des marais salants consiste tout d’abord à ceinturer les prés salés par des digues destinées à les isoler du flux de la mer et des inondations provoquées par les débordements des ruisseaux et des crastes descendus de la lande. En second lieu, on creuse les bassins de décantation et d’évaporation où l’on cultive le sel.
Les grandes digues côté mer sont plus élevées que le niveau des marées d’équinoxe ; les digues intérieures au levant sont beaucoup plus basses et étroites. L’objectif du marquis de Civrac est d’endiguer et aménager toutes les côtes de sa seigneurie, soit 2.300 journaux ou 740 hectares.
Cet objectif est à peu près atteint. Le nombre de livres exploitées est seulement de 19 à Lanton en raison de la présence de sources. Ainsi, Langouran n’exécute pas, loin s’en faut, l’engagement de créer 75 livres de salines. Sans doute manque-t-il d’argent et de moyens techniques car les entrepreneurs de terrassement ne trouvent pas sur place la main d’œuvre nécessaire pour un programme général aussi énorme qui atteint un million de mètres cubes pour le seul terrassement des digues.
Les grandes digues qui partent près du port de Cassy longent le Roumingue, les prés de Lanton et se raccordent avec celles de Guesnon de Bonneuil sur la presqu’île de Branne. Ces digues qui aboutissent au port de Certes sont carrossables.
Les deux cours d’eau de Lanton sont détournés du fait de la création des digues intérieures. Le ruisseau de Lanton, qui alimente le moulin en limite de Certes, est détourné vers le sud comme les ruisseaux de Passaduy et du milieu qui traversent la garenne de Certes. Tous trois sont canalisés le long de la digue intérieure du domaine Guesnon de Bonneuil et aboutissent au port de Certes.
La petite craste, qui passe à Lanton près du carrefour de la route d’Audenge et du chemin de l’église, est coupée par la digue intérieure. Elle la suit jusqu’au Roumingue où elle se déverse dans le Bassin par un petit ouvrage muni d’une vanne.
Les salines de Lanton dont le nombre est successivement réduit à 43 puis 22 et enfin 191ivres sont groupées sur la côte de Roumingue et le long du domaine Dussol (ou Dusol). Les autres terres endiguées sont mises en culture, prairies ou pâtures. Les surfaces endiguées à Lanton couvrent 256 journaux ou 82 hectares, la longueur des digues est de 1 115 toises ou 3,830 km et le volume des terres déplacées pour la construction des digues de 8 732 toises cubes.
Les salines sont alimentées par des écluses en bois à l’origine, puis en moellons, compte tenu de leur coût d’entretien.
À l’origine, le bord des digues est engazonné, mais le procédé s’avère peu efficace contre l’érosion de la mer. Il devient nécessaire de construire de petites palissades en brande tressée serrées, fixées par des piquets en bois (chêne, pin ou acacia) reliées avec du fil de fer galvanisé.
Bien que très modestes, les salines de Lanton produisent le meilleur sel du domaine, bien blanc et dépourvu à l’époque de toute pollution.
L’effectif des sauniers sur Lanton est de trois personnes chargées de cultiver de six à huit livres de sel, soit une surface de 13 à 17 ha.
Le 3 novembre 1771, Langouran désigne Jean Pessale régisseur de la « Terre de Certes » comme mandataire pour acquérir « tous les fonds soit en lande, terre labourable, prés, vignes, maisons joignant ses marais salants ». Dans le souci de loger ses deux ou trois sauniers, Pierre Guesnon lui vend, le 3 novembre 1771, une petite maison bâtie en torchis, couverte de tuiles creuses avec cabane, jardin et vigne de 2 journaux au lieu appelé « La Cabanne » sur le chemin de Roumingue au pré salé. Le 5 décembre, Jean Hélies, marin, lui vend, pour le prix de 400 livres, une petite maison semblable « au Barail Larose » tout près de la précédente.
En 1767, la lignée des Portepain s’éteint. Le Captal de Buch, François Alain Amanieu de Ruat, leur petit cousin, leur succède dans la Seigneurie de la Salle, le fief de « La Ruscade », et la propriété de Faussat. Le premier avril 1767, François Alain Amanieu de Ruat vend au Colonel de Pelissier la maison noble de « La Ruscade », le domaine et la métairie de Taussat, le bois de Renêt ainsi qu’une autre petite pièce située au-devant de l’église. Ce bois de pins de Renêt, qui est en résine, ne couvre pas tout Renêt car, en 1783, les syndics de faillite de Civrac ont à vendre trois forêts de pins à Lanton dont celle de Renêt.
Les Damanieu n’étaient plus Barons d’Audenge depuis le 30 décembre 1735 ; le dernier lien qui les retient encore au lieu de leurs origines est rompu.
Un peu plus tard, le Colonel de Pelissier revend le bois de Renêt au Marquis d’Arcambal.
Le 11 janvier 1773, malgré les nouvelles alarmantes qui annoncent déjà la suppression du privilège fiscal, J.B. Langouran achète tout l’héritage de l’abbé Antoine Singla, curé de Lanton, décédé depuis quelques mois.
Cet abbé Singla fut étonnant à plus d’un titre. La lecture de ses registres paroissiaux est une source de surprises car l’abbé avait pris l’habitude d’y consigner tous les événements de l’actualité et des anecdotes de tous genres qui méritent qu’on y revienne longuement. De plus et malgré une portion congrue de 300 livres seulement, il a pu se constituer un patrimoine foncier qui fait de lui le premier propriétaire roturier de Lanton. En 1750, il avait acheté au marquis de Civrac 48 journaux de landes dont il a fait le domaine et métairie de la Hauteyre. En 1761, il avait aussi acheté aux sœurs Duboscq de Bordeaux le domaine dit « Dusol » situé en plein village ; il s’étendait du chemin de Certes à Lanton jusqu’au presbytère, du chemin qui conduit à l’église jusqu’au ruisseau de Lanton.
Jean Ferrier, aubergiste à Bordeaux, neveu et héritier de l’abbé Singla, fait cession de cet important ensemble pour le prix de 11 000 livres.
Au terme de ces achats successifs et d’après les relevés des matrices cadastrales du premier cadastre de 1826, les domaines de Jean-Baptiste Langouran recouvrent 100 ha 3958 dont le bois de Renêt 5 ha 5260, Hauteyre 12 ha 7250, Dussol 9 ha 9790, les marais 72 ha 1658.
Malheureusement, la période faste due à la vente du sel est brutalement stoppée en 1773 par un arrêt du Conseil d’État qui remet en cause tous les privilèges accordés en 1768. En effet, les avantages accordés aux salines girondines sont très mal perçues par les fermiers généraux et les propriétaires saintongeais qui voient apparaître en Guyenne une concurrence désastreuse et même déloyale.
En fait, le crédit dont jouit le Marquis de Civrac auprès de la cour de Louis XV n’a pas résisté à celui du Maréchal Duc de Richelieu qui est à la tête des propriétaires des salines de Saintonge. Prétendant défendre les intérêts du Roi, il fait rétablir les taxes dont bénéficient les salines girondines ; c’est la catastrophe !
Les conséquences ne se font pas attendre, tous les promoteurs de Certes, déjà en difficultés financières se retrouvent en état de cessation de paiement, voire de faillite. Tout le patrimoine du Marquis de Civrac est vendu, à l’exception de Certes dont personne ne veut.
Après son cuisant échec à Certes, Jean-Baptiste Langouran se consacre au négoce maritime en sa qualité d’armateur. En 1775, il possède encore trois navires et en loue sans doute d’autres pour lui permettre de continuer son commerce de sucre, de café et autres denrées coloniales. En bon Bordelais, il est aussi marchand de vin aux Chartrons.
Langouran décède en 1780. En 1782/1783, M. de Civrac fils assigne au tribunal la veuve de Jean-Baptiste Langouran pour obtenir le paiement des agrières dues depuis 1777 conformément au contrat de concession de Lanton. Il demande 30 000 livres. Mme Langouran fait établir un mémoire en réponse. Elle expose que, si le taux des agrières n’est pas exagéré en soi, il est impossible d’évoquer cette condition qui n’a été acceptée que dans le cadre du privilège de 1768. Elle rappelle, tout au contraire, que M. de Civrac lui doit le remboursement du prêt de 138 350 livres et précise que son mari a investi en plus 150 000 livres pour l’établissement des salines. « La suppression du privilège a comme égorgé le mari de la défenderesse et les marais salans sont devenus des établissements inutiles et infructueux ». Bien qu’elle soit autorisée par le tribunal de la tutelle à vendre Lanton, elle n’a pu trouver preneur. Mme Langouran affirme que le chiffre demandé de 30 000 livres ne correspond à rien et elle propose au tribunal de représenter les livres des régisseurs de Lanton montrant que depuis 1777, on n’a même pas vendu pour 500 livres de sel.
Si le mémoire est rédigé avec sobriété sinon courtoisie, et ne dit pas que le Marquis de Civrac est un escroc, on le laisse clairement entendre. Aussi, loin de devoir payer une redevance quelconque, Mme Langouran demande que des experts fixent le montant d’une substantielle indemnité, « son mari ayant été exposé à sa ruine entière et celle de sa famille ».
Mme Langouran disparaît le 12 janvier 1785 et ensevelie dans l’église des Récollets. Lors du décès de sa mère, Pauline de Langouran n’a que 18 ans. Elle se marie en 1786 avec Guillaume Charles de Sarrau «escuyer», né le 24 septembre 1754. Par son contrat de mariage, Pauline de Langouran donne à son futur époux tous les pouvoirs nécessaires pour administrer son patrimoine et ses intérêts qui se trouvent aussi bien en France qu’en Amérique. Elle rappelle « que les biens situés à Lanton sont d’une exploitation difficile et qu’on peut devoir les vendre, Madame Langouran n’avait pu trouver d’enchère suffisante ».
Le 22 juin 1793, les Sarrau réussissent enfin à liquider Lanton. Jean Baptiste Rafaillac Lagarde, négociant à Bordeaux, demeurant rue des remparts, achète l’ensemble des domaines pour le prix de 30 000 livres dont 4 000 pour les bestiaux. Ce prix est dérisoire. De toute évidence, le domaine est à l’abandon.
Guillaume Mathieu Sarrau décède vers 1805. On ne sait s’il fut le gestionnaire avisé qu’on avait souhaité ; sans doute pas. La créance de 138 350 livres reste entière et cependant tout le patrimoine du marquis de Civrac, à l’exception de Certes, avait été vendu en 1781 pour plus d’un million de livres.
Le 1er août 1825, Pauline de Langouran fait établir par Me Faugère, le notaire de la famille, une procuration en blanc afin de récupérer les 138 350 francs sur les héritiers Civrac. On ignore la suite. Elle décède à Cadillac le 6 mars 40, âgée de 72 ans. Le nom de Langouran disparait avec elle.
Au XIXe siècle, le développement d’une pisciculture florissante entraîne la reconversion des salines et le creusement de nouveaux réservoirs à poissons. Alors seulement arrive la prospérité dont Langouran avait rêvé !
Un document du Ministère de la Marine datant de 1912 fait état d’un groupe de réservoirs communiquant entre eux et appartenant a M. Milleret. Y sont compris le réservoir de Roumingue, celui de Dussol (actuel marais de Lanton) et le réservoir des Roseaux, situe dans l’ancien lit du ruisseau de Lanton (Fig. 3). Par la suite, ce dernier est rattache au domaine de Certes, ce qui entraîne la rupture du profond médian. À cette époque, le réservoir Dussol est alimente par deux écluses qui sont conservées par la suite. Le réservoir des Roseaux comporte une prise d’eau qui sera remplacée, en 1988, par une vanne à clapet, ce bassin étant utilisé en réserve d’eau douce. L’aménagement du réservoir Dussol à des fins piscicoles, qui a lieu probablement au cours du XIXe siècle, a comporté le partage du bassin central en deux plats, séparés par un profond bordé de barranquines, et le creusement de la zone en peigne. En revanche, le plat lui faisant suite a certainement été creuse plus tard dans un but cynégétique. En effet, la communication de ce plat avec le profond est très étroite et présente un seuil. Sur une photographie aérienne datant de 1961, on observe la structure actuelle : l’aménagement de ce « lac de tonne » est donc antérieur à cette date. En dernier lieu, il est important de souligner que l’aménagement en pisciculture que nous venons d’évoquer a sans doute été réalisé sur un aménagement agricole préexistant. En effet, dans les grandes propriétés piscicoles comme celles de Certes ou Malprat, on observe une séparation complète du réseau d’eau salée et de celui d’eau douce qui draine les prairies. Or cette différence n’existe pas à Lanton et la structure de ces profonds, qui n’alimentent aucun plat, associée à l’existence de « diverticules » laissent penser qu’il s’agit en fait de bosses de drainage. L’aménagement de cette zone à des fins piscicoles (activité annexe ?) est réalisé en utilisant ces fossés.
Les grandes digues qui partent du port de Cassy longent le Roumingue, les prés de Lanton et se raccordent avec celles de la presqu’île de Branne, constituent aujourd’hui le sentier du littoral.
« Jean-Baptiste Simon, dit « Langouran », commerçant avisé… et anobli », Pierre Labat (1920-2013), bulletin SHA
https://www.infobassin.com/shaapb-marais-salants-lanton-1/
Lanton au XVIIIe siècle : La chute et la fin de la spéculation sur les marais salants, Pierre Labat (1920-2013), bulletin SHA
https://www.infobassin.com/shaapb-marais-salants-lanton-2/
« Réservoirs de Lanton, bilan écologique, propositions d’aménagement », Isabelle Auby & AnneThimel, Societe Scientifique d’Arcachon, janvier 1990
https://archimer.ifremer.fr/doc/00075/18664/16213.pdf
Sur Jean-Baptiste Langouran, lire
https://shaapb.fr/wp-content/uploads/files/SHAA_075_opt.pdf*
Graveyron
Propriété du Conservatoire du Littoral, géré par le Conseil Départemental de la Gironde, le Domaine de Graveyron est un espace naturel sensible protégé situé dans la continuité du sentier du Littoral qui borde le Bassin d’Arcachon.
Réservoirs à poissons au XIXe siècle, il abrite aujourd’hui un grand nombre d’espèces d’oiseaux qui se mêlent à une flore verdoyante.
Le départ s’effectue, principalement, depuis le port d’Audenge pour une boucle d’environ 5 km. Tout au long du sentier, vous pouvez apercevoir des petites cabanes. Ces « tonnes », sont des installations permettant de chasser le gibier d’eau de nuit. La chasse à la tonne est une vieille tradition et un art de vivre pour ceux qui la pratiquent. À l’origine, la tonne était réalisée à partir de vieux tonneaux (du bas-latin tunna = récipient), d’où son nom.
Plus de la moitié du domaine est occupée par les eaux douces et salées. Le réseau hydraulique, constitué d’écluses et de fossés, permet le renouvellement de l’eau de mer dans les bassins ; la gestion de leurs niveaux est complexe, c’est pourquoi le réseau doit être parfaitement opérationnel, ce qui nécessite maintenance, surveillance, maniement en temps et en heure et parfois même rénovation d’anciens équipements.
Les travaux de réhabilitation de la ferme des Marquises, qui date du XIXe siècle, se sont déroulés entre le mois de décembre 2009 et avril 2011. Elle accueille aujourd’hui un agriculteur et ses vaches que vous pouvez apercevoir à l’intérieur des terres du Domaine. Un bâtiment d’habitation a aussi été aménagé pour loger des scientifiques et des chercheurs.
C’est un jeune agriculteur de Mios, Anthony Raffin, qui a été choisi pour installer son élevage de bovins sur 140 des 530 ha des domaines endigués de Certes et Graveyron.
La réhabilitation du bâtiment est à l’identique, avec les matériaux et les techniques de l’époque » comme les enduits, à l’ancienne, à la feuille de houx. Les volets et autres portes sont de couleur bordeaux foncé. Les architectes insistent également sur le « chantier vert » puisque « tout est déconstruit, trié et réutilisé au maximum ».
Le premier avril 1767, François Alain Amanieu de Ruat vend la maison noble de « La Ruscade », le domaine et la métairie de Taussat, le bois de pins de Renêt au Colonel de Pelissier qui les revend un peu plus tard au Marquis d’Arcambal.
En mars 1771 (ou 1772 ?), le marquis de Civrac concède Graveyron à d’Arcambal, et une partie des côtes d’Audenge à Jacques Bacon de la Chevalerie.
Le Graveyron est endigué mais n’est pas aménagé en marais salants ; en 1787, d’Arcambal fait empoissonner en carrelets, soles, sardines, loubines et daurades. La pêche y est également affermée en l’an VII.
Il nous faut préciser ce qu’est la pêche en ces débuts. Le poisson amené par le flot pénètre dans les marais par les écluses et poursuit sa croissance dans les bassins et réservoirs jusqu’à la période de pêche qui s’étale pendant la mauvaise saison.
Avec la Révolution, les biens de Graveyron et de La Ruscade, à Audenge, de l’émigré (et héritier) Jean-François d’Arcambal sont affermés 4 650 livres par bail du 16 nivôse an II, et, le 6 floréal an II.
Les biens du même émigré, à Biganos, sont affermés 3 000 livres à Gravey père, le 8 octobre 1793, et estimés 4 000 livres en capital, le 9 floréal an II.
Survient ensuite la vente des biens nationaux : à Audenge, bien du Graveyron, 129 j. et 183 arp. Jauga ; bien de la Ruscade (maison de maître et 20 j. 3/4) : Est. 16197 1. (6 flor. an IV). À Biganos, environ 560 j., dont 500 j. lande, pignada et marais salants. Ils sont estimés 16 197 livres, en capital ; il n’y a évidemment aucune corrélation entre le prix du bail, exprimé en assignats, et celui de l’estimation, faite en valeur normale, sous la seule influence de la dépréciation générale, causée par les événements, mais non point de la baisse du papier-monnaie.
L’ensemble des domaines constitué lors de la création des salines du Bassin au XVIIIe siècle par Antoine Joseph d’Eslacs marquis d’Arcambal (1727-1789 ou 90) et son associé Jacques Thomas de la Barberie reste identique à lui-même dans ses limites et sa nature pendant deux siècles. Ce phénomène est exceptionnel et mérite d’être souligné. Dix propriétaires successifs le détiennent jusqu’au 3 juin 1997, avec la disparition de Mlle Anne Marie de Monëys d’Ordière décédée sans descendance.
À l’exception des deux premiers propriétaires, tous les suivants se succèdent de père en fils ou plutôt de mère en fille ; tous, plus ou moins, ont des origines nobles. Socialement et politiquement ce sont des conservateurs.
Ils s’attachent à leur patrimoine familial sans la moindre défaillance et parfois au prix de très réelles difficultés financières ayant pour principale origine une législation totalement confiscatoire des héritages.
Les histoires d’Audenge et de Biganos sont marquées par les fortes personnalités de Mme Viardot née Suzanne Marbotin (Affaire des Îlots du delta), de Mme et M. Douillard qui joue un rôle politique sinon économique (pisciculture) à Audenge. Ce conservateur est un ami de Boissière, maire et conseiller général.
Nous nous limitons ici à la chronologie des propriétaires successifs de ce patrimoine.
Jacques Goyneau et Bertrand Ducru : ces négociants bordelais achètent à Paris les domaines dans la succession des créateurs en faillite le 1er Brumaire An IV. Cette copropriété prend fin le 16 prairial An VI.
Bertrand Ducru seul, ce négociant résidant rue Esprit des Lois à Bordeaux, achète le 16 Prairial An VI et revend le 23 juin 1806 à Denis Viardot et son épouse Suzanne Marbotin. Ce couple est déjà marié sous le régime de la communauté des acquêts. Denis Viardot décède le 21 août 1821. Suzanne Marbotin, veuve Viardot, issue d’une famille de la noblesse de robe qui posséda la paroisse de Lège, est propriétaire du 21 août 1821 à son décès le 20 octobre 1845.
Suzanne Pauline Tiolier (fille de Françoise Joséphine Suzanne Viardot (1803-1838) et de Pierre Tiolier, banquier de Paris) est la petite-fille de Suzanne Viardot dont elle hérite ; Suzanne Pauline Tiolier est l’épouse de Gaston Douillard dit de Mahaudière originaire de la Guadeloupe et nullement noble.
Suzanne Pauline Tiolier, épouse Douillard possède Graveyron du 20 octobre 1845 à son décès survenu à Bordeaux le 30 décembre 1891.
Marie Suzanne Dufoussat, nièce par alliance de Mme veuve Douillard, est sa légataire universelle. Marie Suzanne Dufoussat, épouse de Charles Alexandre Marquis de Monëys d’Ordière, est la fille d’André Dufoussat, un notable d’Izon, et de Marie Élizabeth Douillard, sœur de Gaston Douillard.
Marie Suzanne Dufoussat, épouse Monëys d’Ordière, est propriétaire de 1891 à son décès survenu à Izon en 1913. Au décès de leur mère, les enfants de Monëys sont héritiers indivis de son patrimoine :
Pierre de Monëys, comte puis marquis de Monëys au décès de son père, décédé célibataire à Izon en 1948.
Gaston de Monëys, comte puis marquis au décès de son frère aîné, décédé à Audenge le 15octobre 1960.
Hélène de Monëys, veuve de M. Lamberterie.
Cette indivision prend fin par le partage qui a lieu le 16 octobre 1920.
Gaston de Monëys, propriétaire de 1920 à son décès en 1960, est l’époux de Jacqueline Izarn de Freissinet de Valady décédée le 2 septembre 1987. Ils ont deux filles, Marie Anne de Moneys et sa sœur Françoise qui décède célibataire 29 juillet 1987 quelques mois avant sa mère.
Marie Anne dite Annie de Monëys, hérite du domaine ; elle décède célibataire le 3 juillet 1997.
Par son testament, pour éviter la préemption, très attachée au patrimoine privé, elle donne le domaine de Graveyron à la Communauté religieuse des Petits Frères des Pauvres. N’ayant aucune vocation à gérer ce type de territoire, cette communauté vend ces terrains au Conservatoire du Littoral le 11 décembre 1998 ; le Conservatoire du littoral complète ainsi le domaine de Certes (presqu’île de Branne). La communauté des Petits Frères des Pauvres vend également un lot isolé de bois à Audenge, actuellement en cours de lotissement (baptisé Bagatelle).
La maison de la Ruscade et les domaines de Biganos sont légués à sa cousine germaine Mme Bordenave-Cassédat, née Brigitte Izarn de Freissinet de Valady, en indivision avec son mari M. Jacques Bordenave.
L’ancienne maison noble de la Ruscade édifiée par Pierre Damanieu en 1605, et donc à l’origine de la famille Damanieu de Ruât, Barons d’Audenge et Captaux de Buch, a été démolie en 1854, et remplacée par l’actuelle maison de la Ruscade édifiée par Gaston Douillard.
Divers articles de Pierre Labat parus dans le bulletin de la SHA
http://shaapb.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=488
https://www.shaapb.fr/tag/audenge/
https://shaapb.fr/media/pdf/bulletin/shaa-105.pdf
http://www.euccfrance.fr/images/Pdf/CR%20atelier%20bassin%20d’arcachon%20avril%202013.pdf
Département de la Gironde, documents relatifs à la vente des biens nationaux. Districts de Bordeaux et de Bourg / publiés par M. Marion,… J. Benzacar,… Caudrillier,… ; [Département de la Gironde]
Éditeur : (Bordeaux)
Date d’édition : 1911-1912
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9618774r/f24.image.r=graveyron%20%20audenge?rk=150215;2
L’Escalopier
Un chemin discret qui le traverse permet de rejoindre le port des Tuiles à Biganos.
À l’Escalopier, on a trouvé des traces d’occupations du néolithique.
Au Moyen-Âge, la défense des côtes marécageuses du Bassin d’Arcachon est assurée par quatre ouvrages fortifiés : les châteaux forts de La Teste et de Certes, le château féodal d’Audenge, la tour de la Mothe.
Les deux premiers, situés dans les paroisses de La Teste et Audenge sont les plus connus. Ces ouvrages, à peu près de la même époque, semble-t-il, sont des constructions en pierre et auront à souffrir des combats qui en juillet 1653 mettent fin aux troubles de la Fronde bordelaise. Le château de La Teste disparut après la Révolution ; celui de Certes et la tour de Lamothe sont démolis à l’occasion de la création des salines en 1768.
On sait moins que la paroisse d’Audenge a eu un premier château fort en bois, très antérieur aux ouvrages précédents. Ce château féodal en bois est le siège, et la place forte de la très vieille seigneurie d’Audenge. Quelques rares Audengeois, parmi les plus âgés, peuvent encore préciser l’emplacement du Castéra où s’élevait le château de Certes. Mais personne aujourd’hui n’a entendu parler d’un château féodal près de l’ancien bourg d’Audenge. Il n’y a pas lieu de s’en étonner : ce château a disparu il y a six siècles. Cependant il est le seul ouvrage qui ait laissé quelques vestiges sur le sol où il était construit.
C’est au cours de l’année 1975 que le site de ce château est retrouvé et reconnu. L’existence d’un château féodal à Audenge est attestée par la Charte de 1275 publiée dans la collection des « Archives Historiques de la Gironde ».
Mais nous devons à Guillon de nous avoir mis sur la voie de la redécouverte de ce château oublié : il écrit en 1886 son ouvrage « Les Châteaux Historiques de la Gironde». Il faut être très prudent sur les affirmations de cet auteur, sur ses interprétations et explications. Son ouvrage appelle des vérifications nombreuses et précises. Si Guillon ne tombe pas dans l’erreur de confondre Certes et Audenge, il commet celle qui consiste à chercher un château du Moyen-Âge en plein bourg d’Audenge !
Sous le titre « Le château d’Audenge » il fait référence à plusieurs textes du XIVe siècle concernant la Seigneurie et il dit très étourdiment : « Audenge… avait dans le bourg un château… ce château dont il ne reste aucune trace… » Puis, un autre chapitre est consacré au « Truc du Moulin » : « Un troisième castéra existe à l’ouest du bourg, c’est le Truc du Moulin. Il est situé à l’entrée des marais, près d’un étang et d’un moulin, ce qui lui a valu son nom ; il se compose de deux mottes d’inégale grandeur, à peu près rondes, séparées par une tranchée entourée de fossés, larges de dix à douze mètres qui vont se dégorger dans l’étang. La motte du sud est plus grande et plus élevée que celle du nord, mais toutes deux ont une surface semi-sphérique couverte d’herbes et de fleurs des champs. Ce n’est qu’à l’aide d’un batelet qu’on peut traverser les larges fossés qui entourent cette fortification du Moyen-Âge.
Le Truc du Moulin rappelle la forme des anciens châteaux normands et la tradition dit que c’est un lieu destiné à garder Audenge ; il n’y a pas eu de construction en pierre, mais on y a trouvé de grosses pièces de bois qui laissent entrevoir une de ces fertés ou châteaux de bois, en usage au IXe siècle. Cette motte ou plutôt ce truc abandonné dans un site solitaire et qui n’a laissé aucun souvenir historique, appartenait à M. de Vailly (lire Bailly) ; il est aujourd’hui la propriété de M. L’Escalopier, son gendre » (Renseignements donnés par M. le juge de Paix d’Audenge, visité le 4.5.1866).
Le terme de « Truc du Moulin » est tombé en désuétude. Les mottes décrites par Guillon n’ont plus de nom. Le moulin à vent et non à eau dont il est question a disparu depuis l’époque où l’ouvrage de Guillon est écrit.
Ainsi Guillon ne pense pas que la double motte isolée dans un site sauvage est ce château fort seigneurial dont il cherche en vain une trace en plein bourg. Il est équivoque enfin de parler de larges fossés et d’étang. Le réseau hydraulique qui entoure les mottes est simplement une partie des anciennes salines établies en 1770 – 1772 sur les côtes de l’ex-seigneurie et transformées en réservoirs à poissons en 1800.
Sous ces réserves et à très peu de choses près, la description des mottes de 1886 permet de reconnaître les lieux tels que nous les connaissons.
Guillon est venu à Audenge. Aussi a-t-il pu distinguer clairement les châteaux de Certes et d’Audenge. Tous les historiens – et non des moindres – ne sont probablement pas allés reconnaître les sites de ces anciens ouvrages. Ainsi on peut lire dans un ouvrage moderne – et par ailleurs remarquable : « Ce château d’Audenge devait occuper la motte de Certes jadis entourée par les eaux du flux ». Or, le château d’Audenge est le siège, chef-lieu et place forte de la seigneurie de ce nom. Le château de Certes fut le siège, chef-lieu et place forte de la seigneurie de Certes qui appartint successivement aux « Bordeaux », aux captaux de Buch et Certes, puis aux captaux de Certes à partir de 1500.
Sans doute, les deux ouvrages étaient édifiés sur motte au milieu des marécages, mais le premier était en bois et le second en pierre. Ils ne sont pas de la même époque et plus de deux kilomètres séparent les bourgs de Certes et d’Audenge.
Le château d’Audenge n’est cité que dans quelques textes anciens : deux textes concernent la famille de Blanquefort, ce sont les plus importants ; deux autres les Ornon, ce ne sont que de simples mentions :
– La Charte du 5 septembre 1275 précise que les habitants de Salles et de Mios doivent assurer la garde au Château d’Audenge, en temps de guerre comme en temps de paix, et « comme déjà leurs ancêtres ».
– La requête de 1320-1330 concerne Bernard de Blanquefort. Elle précise que le Seigneur d’Audenge est en possession de la juridiction haute et basse et pouvoir majeur sur son « Château et motte d’Audenge » où les criminels sont emprisonnés et Bernard de Blanquefort s’estime lésé et outragé par les gens du roi d’Angleterre qui se sont emparés de son prisonnier et l’ont empêché de procéder à sa pendaison.
– Le 30 août 1332, Gaillard d’Ornon, le gendre de Bernard de Blanquefort, est remis en possession de la justice sur son château d’Audenge, conformément à la lettre du roi-duc à son sénéchal ; il figure sur les comptes de l’Archevêché au titre de son château d’Audenge.
Le fait que ce château aurait été démoli avant la fin du XIVe siècle, explique pourquoi les documents le concernant sont si rares, et la pauvreté des textes qui évoquent son existence ou font allusion à ses ruines.
Le dénombrement que Pierre Damanieu établit en 1660 parle d’anciennes salines, de prés salés, d’un pré collectif, d’une ancienne maison seigneuriale en ruines, mais ne cite pas de vestiges de château fort.
La vente des côtes d’Audenge, en 1768, ne cite pas davantage de ruines féodales. Cependant au siècle dernier, Guillon peut en rédiger une description intéressante.
Seul, nous semble-t-il, le géographe Claude Masse a vu les ruines de ce château. Dans son mémoire écrit vers 1700 – 1730, il décrit très clairement les curiosités de la paroisse d’Audenge : « Certes a un château entouré de fossés pleins d’eau. Aux dernières guerres civiles, il s’y jeta 700 à 800 hommes qui firent beaucoup de désordres dans le pays.
Audenge appartient au Baron de ce nom. On y voit les ruines d’un château fort que les anglais ruinèrent pendant qu’ils faisaient la guerre dans ce pays ». Les ruines du château d’Audenge ont alors plus de trois siècles.
Les mottes du château sont situées dans la propriété de l’Escalopier au XIXe siècle.
La baronnie d’Audenge est limitée au nord par le ruisseau d’Audenge, qui la sépare de la seigneurie de Certes, et au sud, par la paroisse de Biganos. Sur cette distance d’environ deux kilomètres, s’étendent des terres inondables divisées par des « esteys », des marécages et quelques îlots de prés salés.
En décembre 1735, le marquis de Civrac, Seigneur de Certes, devient aussi seigneur d’Audenge. En 1768 – 1770, son fils, François-Eymeric crée les salines. Le 30 avril 1768, il concède la totalité des côtés de la Seigneurie d’Audenge au comte Pierre de Pardaillan et à l’abbé de Lustrat qui va, d’ailleurs, se désister. Le certificat de résidence qui lui sera délivré en 1792 décrit Pardaillan : « Taille cinq pieds trois pouces (un mètre soixante). Visage ovale. Cheveux et sourcils bruns [un autre certificat de résidence mentionne des yeux gris]. »
Pardaillan endigue, crée les salines qui, à la fin du siècle, sont converties en réservoirs à poisson. Il confie la gestion du domaine des salines à Philippe Masson, « importé » de Lyon ; il sera plus tard maire et notaire. Il est en effet de tradition que tous les maires de cette époque soient issus de la bourgeoisie.
Pierre de Pardaillan se marie le 12 février 1774 à Paris avec Madeleine-Laurence de Vézien, elle est née à Limonade (d’autres généalogistes la dise née à Paris), sa famille étant implantée à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti ;
on a découvert à Limonade l’ancre attribuée à la nef Santa Maria de C. Colomb) où elle a fait fortune. Il habite à l’âge de quarante ans rue Montmartre. Sa future femme loge rue Richelieu chez son beau-père, Jean-Jacques Bacon de la Chevalerie (officier à Saint-Domingue depuis 1762, il a épousé Marie-Laurence de Chabanon, veuve depuis 1760 de Dominique de Vézien, et propriétaire d’une importante sucrerie à Limonade), proche de la paroisse de Saint-Roch où le mariage religieux a lieu. La mère de la mariée, Marie-Laurence de Chabanon, n’est pas présente en France. Elle a donné, par l’intermédiaire de la juridiction du Cap à Saint-Domingue, procuration pour la cérémonie dès novembre 1772, preuve que cette union s’est préparée longtemps à l’avance. La famille de la mariée est représentée par son cousin Charles-Marie-Louis Pernet du Recour dont on remarque la signature au bas du contrat. Mais toutes les autres nombreuses signatures attestent de la présence de la famille royale pour ce contrat : Louis XV, le dauphin et la toute jeune dauphine Marie-Antoinette dont l’écriture témoigne de sa jeunesse. Signe également Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre. Enfin, le contrat contient l’essentiel, le montant de la dot de la mariée : 120 000 livres payables en deux fois à deux mois d’intervalle et 6 000 livres de « rentes annuelle et perpétuelle » dont J.-J. Bacon de la Chevalerie s’acquitte les années suivantes. Ce dernier montre son affection dans ses courriers au comte et signe « j’embrasse bien tendrement, vous mon cher comte, Lolotte (la comtesse de Pardaillan) et Victorine » tout en précisant l’état des comptes entre eux. Les affaires de famille n’empêchent pas d’exprimer ses sentiments !
Dominique de Vezien, Seigneur de La Pallu 1680-/1642, grand-père de Marie Laurence avait demandé le remboursement sur les deniers publics du prix d’une de ses esclaves qui s’était suicidée. Il est débouté… (1722 – (Loix et constitutions des colonies françoises de l’Amérique sous le Vent)
Un brevet datant de 1776 fait état de « Pierre comte de Pardaillan, colonel du régiment des grenadiers royaux de Guyenne ».
Dans une lettre adressée au Directoire exécutif au cours de laquelle il se plaint de la situation financière difficile qu’il connaît, le citoyen Pardaillan indique comment il fut mis sur la liste des émigrés dès 1792, (archives nationales) : « Pierre de Pardaillan vous expose qu’en 1792 il fut porté sur la liste des émigrés du département de la Gironde sans doute à cause d’une propriété qu’il possède là-bas dans la municipalité d’Audange [bassin d’Arcachon]. Le citoyen Pardaillan faisait sa résidence habituelle à Vernon-sur-Seine lorsque son inscription lui fut connue ; il s’est pourvu auprès du directoire du district de Bordeaux qui, satisfait des preuves données par le pétitionnaire, rendit le 28 pluviôse an II [16 février 1794] un arrêté et la levée du séquestre de son bien. […] Âgé [il a 60 ans] et infirme et sans ressources depuis que sa petite propriété vient d’être nouvellement frappée de séquestre, privé d’une modique pension dont il jouit sur le Trésor Public, comme ancien militaire, le pétitionnaire ne peut plus suffire à ses besoins. »
Après les troubles qui ont donné naissance à Haïti, Madeleine Laurence de Vézien perçoit, entre autres avec son frère Michel, une indemnité attribuée aux anciens colons de Saint-Domingue, relative à la propriété de ses parents, la sucrerie La Plaine Vaseuse, à Limonade. Le montant total de l’indemnité est de 315 866,60 f.
La propriété, qui s’appelle alors « le renfermé d’Audenge », reste dans la famille Pardaillan jusqu’en 1901 (elle est devenue « L’Escalopier », par alliance).
Actuellement, le propriétaire de ce domaine fait comme au siècle dernier de l’élevage et de la pisciculture.
Ainsi, le château féodal était bien situé tout à la fois dans les terres seigneuriales et au milieu de marécages inaccessibles.
Pour se rendre sur le site, on emprunte aujourd’hui le pont de l’Escalopier, construit sur le ruisseau d’Audenge à l’endroit où se trouvait le port, il y a un siècle. On continue tout droit sur le chemin établi sur l’ancienne digue intérieure. Les buttes se trouvent à 200 mètres du pont, à une trentaine de mètres sur la droite, et dominent le paysage.
La butte sud a actuellement un diamètre d’environ 35 mètres et une hauteur de 3 mètres à 3,50 m ; la butte nord est plus petite et a un diamètre de 30 mètres et une hauteur de 2 mètres, (hauteurs évaluées par rapport au niveau des terrains voisins).
Les buttes sont formées de terre argileuse empruntée au sol du marécage. Les eaux de ruissellement ont certainement aplati leur forme semi-sphérique. Le fossé qui séparait ces buttes est comblé. L’ensemble reste entouré d’eau et on ne saurait dire très exactement quelle pouvait être l’importance des fossés avant leur transformation en réservoirs. Les buttes étaient, il y a quelques années, couvertes d’herbes et de fleurs des champs, elles sont actuellement envahies par la broussaille.
Le plan cadastral rénové précise la situation des buttes sous les cotes AT-423 pour la plus petite et AT-421 pour la plus grande.
Le plan cadastral de 1826 permet des observations intéressantes :
– La digue intérieure utilisée comme chemin et près de laquelle se trouvent les buttes n’est pas la limite de la terre ferme hors inondations. Cette limite apparait dans le vieux plan sous forme d’un fossé situé nettement plus à l’est. Le château est donc isolé au milieu du marécage, à 150 ou 200 mètres de la terre ferme.
– Le plan de 1826 permet de comprendre aussi l’accès au château : le vieux bourg d’Audenge est traversé par une seule voie ouest-est qui passe par le centre où se trouve l’église. Cette voie se dirige vers Bordeaux et traverse le site archéologique de la Vignotte. Vers le Bassin, où elle prend le nom de rue St-Yves, elle s’arrête en cul de sac en plein champ. Le plan cadastral montre que le prolongement de ce vieux chemin de Bordeaux passe très exactement entre les deux buttes et que le cul de sac correspond à l’ancienne côte, à la limite du marécage. Ainsi l’accès au château féodal est possible, ou bien par une mince diguette qui prolonge le chemin de Bordeaux au milieu du marécage, ou bien par un canal qui aboutit aux fossés entourant les buttes.
– On constate aussi que le chemin de Certes au Port d’Audenge (actuellement rue des Acacias) se dirige très précisément en direction du château. Celui-ci a donc été construit en un point facile à défendre, en tout état de cause, il est inaccessible par un envahisseur venu de la mer, sinon de la terre ferme.
Dans les années 1970, la Société civile du domaine de l’Escalopier, propriétaire d’un domaine de 100 ha sur le delta, dispose de 18 ha de réservoirs à poissons : une expérience d’alevinage artificiel en bars est tentée ; 10 000 alevins provenant du Centre national d’exploitation des océans ont été introduits dans les bassins. Le premier hiver, 3 à 4 000 poissons étaient déjà perdus, et tous succombèrent à l’automne suivant. Car les paramètres écologiques des réservoirs (température de l’eau, oxygène, salinité), varient très rapidement, et il est difficile de bien les maîtriser. La mortalité des bars est attribuée aux températures des eaux encore inadaptées (eaux trop chaudes l’été et trop froides l’hiver), et à un développement incontrôlé des algues à la belle saison dans les bassins, entraînant une eutrophisation des eaux responsable de l’intoxication des poissons.
Comme autrefois, l’élevage du bétail sur les « bosses » est plus réussie mais, hormis à Certes où l’on compte 150 vaches, l’activité reste marginale. Tout comme le domaine de Graveyron, la location de terrains pour la chasse ou l’organisation de promenades équestres, dans une ambiance un peu camarguaise, sont tentées. Malgré cela, pourtant à certaines époques florissantes, l’économie du delta de la Leyre périclite et le site peut devenir la proie de promoteurs tentés par l’exploitation de la beauté sauvage des lieux.
Toutefois, il sera sauvegardé grâce à la décision du Bureau international de la recherche sur la sauvagine qui classe cet espace comme zone humide de première importance internationale. Le delta va entrer alors dans la quatrième phase de sa longue histoire lorsqu’il est, de ce fait, inclus dans le périmètre du Parc régional des landes de Gascogne en 1970. Il s’agit alors d’y préserver la nature, d’y mettre le patrimoine naturel et culturel en valeur en informant les visiteurs attirés vers un tourisme qui s’éloigne de son aspect artificiel le plus courant.
http://aquitaine.culture.gouv.fr/notices/ba7bf610159d2bd81d81c16ed13cbee4/
https://www.shaapb.fr/le-chateau-feodal-daudenge/
https://bassin-paradis-academie.com/2017/02/01/le-delta-de-leyre-une-zone-a-defendre/
https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1981_num_52_1_3640
https://chercher-archives.lamayenne.fr/sites/default/files/2020-02/MAH-2020-01%20Quetin.pdf
Pierre de Pardaillan de Gondrin 1734-1815, Comte, lieutenant au Régiment Royal des vaisseaux (1756), capitaine (1760), colonel du Régiment des Grenadiers Royaux de Guyenne (1770), colonel du Régiment de Chartres (1776) marié en 1774 avec Madeleine Laurence de Vézien
Mariage dont est issue Victoire Laurence de Pardaillan de Gondrin †1856 mariée en 1800 au Marquis Charles Gaspard Élisabeth Joseph de Bailly ca 1768-1850
Mariage dont est issue Louise de Bailly 1814-1905 mariée à Marie Joseph Charles de L’Escalopier, 1812-1861
Louise de Bailly 1814-1905 et Marie Joseph Charles de L’Escalopier, 1812-1861 sont cousins germains :
1 – Jean Baptiste Joseph de Bailly, comte de Fresnay 1732-1811, Capitaine au régiment du Roi-infanterie, député du Maine aux États Généraux de 1789 marié (1767) à Edmée Charlotte Anne de L’Escalopier dont :
1-1 Charles Gaspard Élisabeth Joseph de Bailly, ca 1768-1850, marié (1800) avec Victoire Laurence de Pardaillan de Gondrin †1856 (progéniture) dont Louise de Bailly 1814-1905 mariée à Marie Joseph Charles de L’Escalopier, 1812-1861
1-2 ….
1-3 Caroline Jeanne de Bailly †1849/ mariée (1807) avec Charles de L’Escalopier 1742-1814 dont Marie Joseph Charles de L’Escalopier, 1812-1861 marié à Louise de Bailly 1814-1905
https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en&p=pierre&n=de+pardaillan+de+gondrin&oc=2
https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en&p=jean+baptiste+joseph&n=de+bailly
Je vous conseille la lecture de « Le chartrier du château de Fresnay « Un petit fonds Saint-Domingue », Laurine Quetin, La Mayenne, archéologie, histoire, 2020
https://chercher-archives.lamayenne.fr/sites/default/files/2020-02/MAH-2020-01%20Quetin.pdf
Malprat
Rien de mieux que le bouche à oreille pour faire la réputation de Malprat, « mauvais pré » ; en réalité les historiens et autres écrivains reconnaissent que peu de personnes comprennent réellement ce terrain accessible par une passerelle bringuebalante et peu engageante.
À la fin XVIIIe siècle, les marais maritimes jugés improductifs et malsains éveillent l’intérêt. De Lanton à Biganos, des travaux d’endiguement sont lancés aux fins de créer des marais salants. Malprat s’insère dans ces « domaines endigués » devenus « Salines du Bassin d’Arcachon » à l’initiative du Marquis de Civrac, Seigneur des lieux et propriétaire de cette côte est du Bassin ; en aménageant ces lieux en marais salants, il pense « Richesse et Prospérité » !
Rappelons-nous qu’en avril 2011, la bibliothèque de Biganos a ouvert ses portes à la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch pour la conférence « Biganos, 3 000 ans d’histoire » avec Madeleine Dessales, membre de l’association et Aimé Nouailhas, secrétaire de l’association ; ils ont eu loisir d’évoquer l’île de Malprat avec ses cotonniers de Bassalane, aménagée en prés salés puis réservoirs à poissons.
Nous n’irons pas à Bassalane !
On cherche en vain dans les textes anciens ou modernes le toponyme Bassalane. Ce nom a été révélé au grand public par le titre d’un roman folklorique dont l’action se situe de nos jours autour du Bassin et plus spécialement à Biganos et Audenge. Par Bassalane, Michèle Perrein (1929-2010), désigne l’île de Malprat, la plus importante du delta de l’Eyre ; Bassalane suggère aussi les champs de coton de Louisiane.
Bassalane, il est vrai, figure par accident sur une ancienne carte (1700 environ) ; il s’agit en fait d’une erreur de transcription ou d’une interprétation du véritable nom « Bazaillan ». Le cartographe, trop zélé, crut probablement bon, afin de faire plus « gascon ». Mais, s’il est vrai que l’ile de Malprat est tout à fait basse, il est plutôt absurde de parler de landes sur les crassats et prés salés.
La belle, la sauvage, la fantasque Marthe, une fois passée la quarantaine, règne sur cette – presque – île spongieuse du bassin d’Arcachon où passent les cormorans et les hérons cendrés. Princesse aux mains blanchies par le travail quotidien de la pêche, souveraine obstinée et insoumise entourée d’une mystérieuse cour masculine et enfantine, Marthe est également prête à tous les combats pour que son île, Bassalane, où fleurit le cotonnier, ne tombe pas dans les mains des promoteurs et autres marchands de bonheur estival.
Notre propos n’est pas de raconter ici l’histoire de l’Île de Malprat car il existe une véritable et assez pittoresque histoire de cette petite île sans grande importance. Comme les autres îlots du delta, Malprat n’est qu’une émergence de crassat couvert de prés salés, propre, tout au plus à la coupe du jonc au temps où notre économie est agro-pastorale, ou à la chasse aux oiseaux de mer ; Malprat est un lieu de chasse légendaire, souvent mentionné par René Dupeyron et le docteur Rocher dans leurs récits de chasse aux canards et aux bécassines.
La chasse continue d’y être pratiquée et les chasseurs cohabitent maintenant avec des guides nature qui emmènent derrière eux leur petite troupe d’ornithologues, avec des bagueurs de passereaux missionnés par le Muséum national d’histoire naturelle et aussi un agriculteur et ses bovins vachement rustiques. On pourrait croire que cela se passe mal et que tout le monde se tire dans les pattes : en fait, les moments passés avec chacun montrent qu’ici les choses sont un peu autrement et que les uns et les autres y trouvent leur compte. Et la nature peut-être aussi.
Instants de chasse à la passée aux canards, de chasse au cul levé des bécassines, rencontre avec Michel Lapeyre l’exploitant agricole de ces terres gorgées d’eau, séquence de baguages de passereaux, explication du projet des nouveaux gestionnaires certes. Mais aussi, il s’agit de décrire Malprat et raconter son histoire en s’appuyant sur le romantisme et l’exotisme que procure ce lieu reculé de Gascogne.
Nous nous limiterons pour l’instant à la brève description des quelques textes concernant cette histoire desquels il résulte, sans le moindre doute, que le nom primitif de Malprat était Bazaillan dans la forme et graphie reproduite ici. Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, Bazaillan est la propriété du prieur de Comprian, comme tous les autres îlots qui sont situés dans le delta de l‘Eyre en face des possessions du Prieuré : c’est ainsi que le 19 octobre 1657, le Prieur concède le droit de poser des filets pour la « pêche » aux oiseaux dans ses domaines de Bazaillan ; l’île est d’ailleurs impropre à toute autre utilisation.
Le 30 décembre 1735, le Marquis de Civrac, Seigneur de Certes, signe avec Jean Baptiste Amanieu de Ruat, Baron d’Audenge, l’historique transaction et échange du Teich contre la Baronnie d’Audenge. Aussi bien ce texte notarié que celui du procès-verbal de reconnaissance des nouvelles limites et du bornage, établi le 1er juin 1744, font état de Bazaillan qui reste dans le domaine Civrac, au titre de la paroisse de Biganos. Plus précisément il est parlé des prairies de Bazaillan et de Péblanc. Ces conventions supposent que Bazaillan est sorti du domaine du Prieur pour entrer dans celui du Seigneur foncier et justicier de Biganos, ce que confirment les textes postérieurs.
Des habitants de Biganos s’avisent d’aller couper du jonc dans les îles de Bazaillan et de Souris, sans avoir préalablement obtenu une autorisation ni payé de redevance : le Marquis de Civrac les poursuit. Son souci n’est pas d’obtenir le prix de quelques livres pour la valeur du jonc coupé.
Plus sérieusement il entreprend une action en réintégrande en vue de rentrer dans la « libre possession et jouissance d’une pièce de pré appelée Bazaillan et Souris située dans la paroisse de Biganos, de laquelle il était en possession paisible depuis de longues années » Le litige est réglé par un compromis, la reconnaissance explicite des droits de Civrac sur Bazaillan et le versement d’une indemnité. Là encore il est question de Bazaillan mais apparaît aussi le nom d’un îlot appelé Souris après celui de Péblanc. Ainsi les îlots du delta portaient des noms, ce qui n’est plus le cas. Le texte confirme la propriété de Bazaillan depuis de longues années. Il y a bien eu vente du Prieur à Civrac.
En 1762, le « Recueil de pièces, contrat de vente de 240000 arpens de terres dans le marquisat de Certes, sénéchaussée de Bordeaux… Autre contrat de conventions pour un établissement de marais salans… Procès verbal qui vérifie la bonté du terrein… etc. » fait état de deux presqu’îles appelées Bazaillan & Maléprat que la Dame Marquise de Civrac se réserve spécialement de même que le Pré de Brâne, qui est Isle et qu’elle compte transformer en marais salants. Ainsi apparaissent conjointement les deux noms qui désignent la même entité. S’agit-il bien de presqu’île ?… à marée basse ! Les textes ont été rédigés et signés à Paris…
Alors commence la grande époque de l’histoire de Malprat. L’île endiguée, ainsi que toutes les côtes de la Seigneurie de Certes, va devenir – le Marquis de Civrac le pense fortement – un îlot de richesse et de prospérité ! La production du sel dans ces nouvelles salines va faire la fortune des pionniers qui investissent leur fortune dans les « Salines de Certes ». Ce sera la faillite et la ruine générale…
Civrac reprend ses terres et les concède à nouveau mais par lots plus petits.
La première de ces concessions est celle de Malprat. Le 28 avril 1768, Civrac concède les 477 journaux de « Souris et Malprat » à l’abbé Dufossat de Lustrat, Seigneur de Merville, et aussi 68 journaux pour construire 34 livres de marais à prendre sur les 477 journaux, au Marquis d’Arcambal. Le texte de la concession de 1768 contient des précisions intéressantes qui confirment l’origine de Malprat et son identité avec Bazaillan. Dans la description des confrontations, il est dit que l’île est bornée par quatre croix dont les emplacements sont clairement indiqués. Or, le bornage par les croix est typique et sans doute exclusif des territoires sous dépendance ecclésiastique. (Comprian, Mons, etc…).
L’abbé de Lustrat commence les travaux d’endiguement, s’endette énormément, et meurt en faillite.
En 1770, le marquis d’Arcambal reprend à son compte la totalité de Malprat, s’endette beaucoup, mène les travaux à leur terme (5 km de digues ceinturent le site). Une quinzaine de sauniers assurent la gestion de Malprat. Le Marquis leur a acheté des terrains et des maisons pour qu’ils se logent.
En 1782, le Marquis afferme Malprat pour 9 ans à un saunier qui s’associe à un poissonnier de La Teste. La pêche faite en hiver complète l’activité salicole estivale. Le saunier assure l’entretien des digues, dont le sol est fertile ; enherbées, elles sont un obstacle à l’érosion et servent de pâturage pour les chevaux. Elles sont même revêtues de fascines de bruyères (fagots), méthode de défense qui perdure à Malprat dans les années 1980.
Les salines de Malprat ne durent qu’une trentaine d’années en raison de leur médiocre qualité. Le Marquis d’Arcambal voit les pires difficultés qui résultent de la disparition des privilèges fiscaux ; il est poussé à la faillite. Il meurt totalement ruiné à la veille de la Révolution.
Les successeurs d’Arcambal reconvertissent l’île en en réservoirs à poissons, associés à l’élevage et aux cultures. La pisciculture à Malprat s’avère florissante. Le delta devient un pivot de l’économie locale jusqu’à la Première Guerre Mondiale. L’héritier du Marquis d’Arcambal, associé à Ernest Valeton de Boissière, propriétaire de Certes, veille à cette prospérité. Pour réaliser les travaux d’entretien et de creusement des réservoirs, outre la vente de biens immobiliers, ils associent à la pisciculture l’élevage de bovins et de chevaux. La présence d’eau douce et de foin salé dont les animaux sont friands, donne un élevage prospère.
De 1789 à 1997, date du décès de la Marquise de Monëys, dix propriétaires se succèdent.
Durant le XIXe siècle, l’histoire de Malprat est plus spécialement marquée par deux personnages : Madame Viardot et Monsieur Douillard.
Madame Viardot, issue de la famille Marbotin, les grands parlementaires du siècle précédent, possède une personnalité très affirmée. Arrivée à un très grand âge, elle se laisse aller aux plaisirs de la procédure et se trouve ainsi en procès contre les deux communes d’Audenge et de Biganos. Poussée sans doute par son fermier de Malprat, elle conteste à la commune de Biganos la propriété des îlots autres que Malprat et elle gagne son procès ; la commune fait appel et gagne définitivement selon un arrêt de la Cour de Bordeaux du 12 mai 1830. Madame Viardot a préjugé de son bon droit et peut-être bien aussi de ses relations dans la magistrature bordelaise.
Monsieur Gaston Douillard dit de Mahaudière 1815-1888, lui n’est pas noble (mais il aurait bien voulu l’être). Maire et Conseiller général éphémère d’Audenge, Douillard est un vrai et sincère royaliste et conservateur. Adversaire politique mais ami personnel d’Ernest Valeton de Boissière, il est lui aussi, et peut être surtout, un pionnier de la pisciculture rationnelle. Grâce à ses réservoirs à poissons du Graveyron et de Malprat, Douillard, en même temps que Boissière, gagne beaucoup, beaucoup d’argent.
Lors des péripéties de 1830, on voit renaître le nom de Bazaillan : Monsieur Daniel, un des copropriétaires de l’ex-prieuré de Comprian et alors maire de Biganos, rappelle au conseil qu’il est le propriétaire des « mattes de Bazaillan ». Ce qui est d’ailleurs très douteux. Depuis lors les îlots et les mattes ont perdu tout intérêt. Le nom de Bazaillan tombe dans l’oubli.
En 1854, les réservoirs de M. Douillard, à Malprat, offrent d’excellentes conditions pour le développement et l’engraissement du poisson ; mais les dégâts dans les hivers rigoureux sont toujours très considérables, parce que les abris sont ou mauvais, ou insuffisants. Dans ces derniers temps, M. Douillard en a créé de très bons : il a fait creuser des puits de 8 à 9 m. de profondeur qui ont complétement protégé le poisson contre les désastres que l’on devait redouter dans l’hiver dernier. Cette partie du domaine de M. Douillard étant située sur les rives de l’Eyre, pourrait recevoir, à l’aide de faibles travaux, soit des eaux saumâtres, soit des eaux douces. C’est dans ce but que sont étudiés, sur les lieux mêmes avec M. Douillard, quelques projets qui seront prochainement mis à exécution.
En 1908, la superficie des réservoirs à poisson de Malprat – à M. de Monëys – est de 145 hectares.
En 1910, depuis de nombreuses années tous les anciens marais salants du bassin d’Arcachon sont devenus des réservoirs valant plus de dix mille francs l’hectare.
Voici la nomenclature de ces réservoirs.
Communes de :
La Teste, 7 hectares; La Teste, 70 hectares.
Lège, 15 hectares.
Arès, 53 hectares.
Lanton, 2 hectares 1/2; Même commune : 90 hectares.
Audenge, 721 hectares en diverses parties.
Biganos, 150 hectares (en 3 parties).
Le Teich, 153 hectares. Même commune, 38 hectares.
Le 26 septembre 1912, le garde-chasse Ferdinand Dupuy, âgé de 62 ans, surveillant la chasse de M. Lawton dans le marais de Malprat, constate que des collets sont tendus. Il se met aux aguets dans un bois de tamaris, et le 27 septembre, à six heures, il voit arriver un braconnier venant prendre des lapins retenus aux pièges. Le garde décharge son fusil, croyant viser aux jambes, afin de mettre l’individu dans l’impossibilité de fuir, mais la charge atteint l’homme dans la région abdominale et le tue. Dupuy reconnait dans ce braconnier un sieur Lalande, âgé de 29 ans, contre qui il avait déjà porté plainte en janvier, pour vol de canards et d’appeaux. Dupuy se constitue immédiatement prisonnier à la gendarmerie, mais le soir, le parquet, à la suite d’un transport de justice, le fait remettre en liberté provisoire.
La surface des exploitations régresse. La pisciculture n’est plus rentable. Malprat souffre des problèmes de l’industrialisation du secteur. La production piscicole s’effondre. Les écluses en apport d’eau douce sont condamnées. Les propriétaires ne peuvent faire face aux frais d’entretien qui sont très lourds.
En 1929, pour la dernière fois, les réservoirs de Malprat sont recreusés.
Cet abandon d’activité conduit à la dégradation des prairies qui évoluent avec la formation des baccharis devenus dominants.
L’île de Malprat fût-elle une nouvelle scène de crime ? Malheureusement la réponse est oui. Regrettable histoire que celle relatée par le quotidien La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, titrant le 28 octobre 1937 « Un vacher avait tué un garde-chasse à coup de bêche » et mettant en scène la rivalité du garde Hiriart et du vacher Salvat Duc. Qu’on se le dise, notre curiosité laisse place à l’effroi : les deux hommes, qui se « chicanaient cordialement », ravivent volontiers leur inimitié sous les motifs les plus puérils : « Contestations au sujet d’une cime de pin ramassée dans l’Eyre, plusieurs années auparavant, promise à Duc mais relevée par Hiriart ; discussions continuelles au sujet des divagations du chien de Duc ; des détériorations causées par une vache au treillage du pavillon de chasse ; non-fermeture de certains passages permettant aux braconniers d’accéder à l’île, etc. » Le 10 juin 1937, une vache égarée est la cause d’une nouvelle chamaillerie. Duc chasse l’animal en poussant des cris. Hiriart se croyant injurié s’écrie : « Si je te trouve sur mon chemin, tu ne t’esquiveras pas ! » Une prophétie qui va bientôt se réaliser.
Quand il avoue son crime, le vacher explique que le 11 juin vers 19 h, il est à la ferme de Malprat et guette le passage du garde-chasse, avec lequel il veut « s’expliquer ». Quand son ennemi survient, il lui barre la route, en disant « tu vois, je suis sur la passerelle ; si tu veux passer et que je veuille t’en empêcher, l’un de nous deux tombera à l’eau. » Un échange de politesses et de coups s’ensuit, jusqu’à la poursuite d’Hiriart qui trébuche et tombe. Duc lève sur lui sa bêche et le frappe violemment à la tête de plusieurs coups. Le laissant pour mort, il retourne à l’étable pour soigner ses vaches.
Le récit de la découverte du corps n’en est pas moins édifiant : au petit jour, M. Biensan, cultivateur à Capian, croise Salva Duc, qui lui dit : « Rends-moi service. J’ai trouvé Hiriart, étendu à terre, près de la ferme de Malprat. Il avait le crâne fendu. Quelqu’un a dû le tuer. Va prévenir sa famille et les gendarmes. Moi je suis obligé d’aller à mon travail! »
Si le jury reconnait la culpabilité de Salva Duc, il écarte les circonstances aggravantes et accorde les circonstances atténuantes. Salvat est ainsi condamné au minimum de la peine : cinq ans de réclusion.
Sur cette île de 140 ha, onze écluses régulent l’hydraulique des dix-neuf bassins et « profonds » d’eau saumâtre du domaine. Ainsi les alevins de bars, muges et anguilles piégés au gré des marées grossissent et sont pêchés à l’âge adulte dans les « profonds ». Ceci au milieu d’un écosystème de 40 ha alimenté en eau douce par un puits artésien pour l’élevage de bovins sur les prairies et les « bosses » favorisant le développement de certaines espèces animales comme les amphibiens, les cistudes, visons d’Europe, anatidés, etc…
À partir de 1950, le coût de l’élevage des poissons ainsi que les travaux d’entretien et de main-d’œuvre ayant fortement augmenté, la pisciculture décline et s’arrête vers 1980. Seuls quelques chasseurs actionnaires assurent un bien maigre revenu aux dernières propriétaires du domaine : les marquises de Monëys.
Depuis 1769, Malprat est resté à l’identique, traduisant ainsi le conservatisme des propriétaires successifs.
Depuis le 18 janvier 2002, l’île de Malprat est la propriété du Conservatoire du Littoral reçue par dation des héritiers – contrepartie des droits de succession – de la demoiselle de Monëys, décédée en 1997 ; le Conseil Général veille à la gestion et la commune de Biganos en a la jouissance.
L’objectif du Conservatoire du Littoral est de sauvegarder le caractère insulaire du site : il souhaite réhabiliter les bâtiments vétustes et dégradés par les tempêtes (maison de l’éclusier, grange et cabanes) : la grange et la cabane en bois ont été restaurées avec des techniques traditionnelles.
Depuis 2007, Peio Lambert est le gestionnaire de l’île de Malprat ; employé par la mairie de Biganos, il arpente sans relâche les petits chemins de terre de l’île. Il a plusieurs casquettes : « Je suis chargé d’entretenir les lieux, mais aussi d’accueillir le public, de m’occuper de l’administration, de rechercher des subventions », explique-t-il, ravi de faire un métier aux missions si diverses. Mais ce qui semble le passionner par-dessus tout, c’est d’assurer le suivi naturaliste : « Très régulièrement, on analyse la faune et la flore. Cela nous permet de connaître l’état de santé de l’île. » L’œil collé à la longue-vue, Peio est capable de reconnaître n’importe quel oiseau : « Vous savez avec le temps, on finit par ne plus se tromper », s’amuse-t-il. Car cela fait déjà cinq ans et demi qu’il est le gestionnaire de l’île de Malprat.
Tout au long de l’année, une centaine d’espèces d’oiseaux, une quinzaine de mammifères, font escale à Malprat : « On trouve des libellules, des papillons, des anguilles, des gorgebleues à miroir… » Sur l’île, Peio analyse l’évolution de ces espèces et de bien d’autres encore.
Originaire des Landes, c’est son père, chasseur et pêcheur, qui lui a transmis l’amour de la nature. C’est donc logiquement qu’après un bac sciences et techniques en agronomie et environnement puis un BTS en gestion et protection naturelle, qu’il est devenu le premier gestionnaire de l’île de Malprat. Aujourd’hui, il ne regrette nullement son choix : « Il n’y a pas de place pour la routine. Un jour je suis en short sur l’île, l’autre en costume au Conseil général. » Souvent seul sur les lieux, il n’a pas le temps de chômer, ni même de s’ennuyer.
Le jeune homme veille sur la biodiversité des lieux dont il a la charge. Le seul moment où il se permet de ralentir un peu le pas, c’est avec les touristes qui viennent découvrir ce magnifique site naturel ; avec l’office de tourisme « Cœur du bassin d’Arcachon » (Biganos, Audenge, Lanton), il propose (moyennant 5 euros par personne en 2012) aux personnes intéressées de le suivre sur l’île pendant quatre heures. Il fait alors de son mieux, à l’aide de ses commentaires érudits, pour que les visiteurs apprécient à sa juste valeur cette île qu’il chouchoute toute l’année. L’occasion pour lui d’évoquer l’histoire du site mais aussi d’impliquer les visiteurs. Le gestionnaire, qui se mue volontiers en guide, éveille leur curiosité. « J’essaie de leur montrer les oiseaux mais aussi les différentes interactions naturelles qui ont lieu ici », ajoute-t-il.
Aujourd’hui, à Malprat, c’est en permettant au pré-salé originel de se réinstaller que le domaine endigué est préservé. La juxtaposition des milieux « doux » et « salés » donne à l’île de Malprat tout son intérêt écologique et paysager ; le secteur « doux » des prairies, alimenté par l’eau des précipitations et d’un puits artésien et le secteur « salé » des bassins, beaucoup plus vaste et essentiellement alimenté par l’eau de mer. Depuis maintenant une vingtaine d’années, une reconnexion marine a eu lieu au niveau de la digue la plus proche de la mer, à la suite d’un processus naturel d’érosion.
Habitat naturel devenu rare sur le littoral national, le pré-salé est désormais restauré. Et celui-ci apporte de nombreux bénéfices : il atténue l’action des vagues et protège la contre-digue (en parfait état, elle n’a nécessité aucun entretien depuis sa création en 2005), absorbe une partie des submersions et améliore la qualité de l’eau du Bassin. Cela permet entre autres le développement d’espèces d’intérêts halieutiques.
Plus respectueuse de l’environnement et des finances publiques, cette gestion souple du trait de côte permet de s’adapter à l’élévation du niveau de la mer provoquée par le changement climatique.
En dehors de quelques privilégiés, l’accès à l’île par le public n’est pas autorisé. Son accès naturellement difficile et maintenant sous la surveillance de Christophe Cazeaux, cet endroit retiré du monde est un sanctuaire. L’entretien et le nettoyage des 140 hectares de domaine, de même que la surveillance des plantes invasives font partie de ses prérogatives. À la tête d’un réseau d’écluses, il est le maître de l’eau. En jouant avec les coefficients, les marées et les buses qui « boivent et déboivent », il assure la régulation et l’entretien des dix-neuf bassins. Quant à l’érosion, il a été décidé de préserver le domaine en abandonnant une partie des digues à la nature…
Ouvert du jeudi 1er avril 2021 au mercredi 15 septembre 2021, l’approche de l’île de Malprat se fait en galupe (barque traditionnelle) pour une découverte subtile d’un milieu atypique et fragile. Puis, abord de l’île et découverte pédestre avec un guide naturaliste. Vous saurez tout sur l’histoire de cette île dont le nom « mauvais prés » révèle un passé mystérieux. Vous observerez la faune et la flore spécifique de ces espaces, entre terre et mer. À partir de 12 ans. Sur réservation auprès de l’Office de tourisme « Cœur du Bassin ». (En 2021, de 13:30 à 16:30, les 10 & 24 mai, 7 & 28 juin, 6 septembre ; de 5 € en 2012, le tarif est passé à 24,00 €, inflation galopante !)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96319208/f24.image.r=Bazaillan?rk=21459;2
https://lukarn.fr/programme/malprat-le-pre-mauvais/
Recueil des actes de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, 1855
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33953c/f901.item.r=malprat%20biganos#
file:///C:/Users/rapha/Downloads/RP-28-avril.pdf
http://www.euccfrance.fr/images/Pdf/CR%20atelier%20bassin%20d’arcachon%20avril%202013.pdf
http://www.lecfc.fr/new/articles/148-article-8.pdf
https://www.musee-ernest-cognacq.fr/wp-content/uploads/aout1910.pdf
https://www.sudouest.fr/2012/08/29/il-veille-sur-l-ile-de-malprat-806279-706.php?nic
https://tourisme-coeurdubassin.com/visite-guidee/autour-de-lile-de-malprat/
Le Rappel, directeur gérant Albert Barbieux, 29 septembre 1912
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7548442x/f3.image.r=malprat%20biganos?rk=107296;4#
https://www.ladepechedubassin.fr/wp-content/uploads/2020/10/ddq_dba_20201014_048p.pdf
Reportez vous sur le site htba à l’article sur LA CRÉATION DES SALINES DU BASSIN D’ARCACHON AU XVIIIE SIÈCLE https://htba.fr/?p=2190