Croquis du Bassin – La renaissance de l’Éden

Aujourd’hui, place au cinéma. Avec une grande nouvelle : Arcachon, après plusieurs années de quasi-disette, vient de retrouver trois belles salles de cinématographe, installées dans la fameuse ZAC que l’on voit surgir à vue d’œil et qui bouleverse le centre-ville arcachonnais. Et, heureuse initiative de Michel Frideman, le PDG de la société Grand Écran, ce nouveau mini-complexe porte le nom de « Éden », tout un symbole pour Arcachon. Car cet « Éden », venu après l’Olympia,  fait partie de notre histoire et il constitue une belle aventure artistique. 

Déjà située avenue Gambetta, cette salle a été ouverte par Olivier Gamard, en 1935, sur des plans de l’architecte arcachonnais, Henri Pfihl. Un parterre en forme de vague, un large balcon : « L’Eden » offre neuf cents larges places, avec des fauteuils bordés de tubes chromés, dans un volume parfaitement équilibré et qui porte beau ses caractères « Modern-style ». Lignes droites dominantes, hautes vasques décoratives et lumineuses bordant la large scène où s’ouvre un rideau hollywoodien à fils dorés, rampes elles aussi chromées supportées par de larges caissons de bois, revêtements boisés des coursives, photos savamment ombrées de vedettes, signées « Harcourt », dans les couloirs : dès ses débuts, « Éden » et sa petite sonnerie grêle qui tinte dans la rue, cinq minutes avant le début du spectacle, attirent une clientèle moins populaire que celle de « L’Olympia ». Pour l’inauguration, on y projette « Mon cœur t’appelle », avec  Danielle Darrieux, Jean Kiepura et Lucien Baroux, ainsi que « El Matador », avec Georges Raft.

En 1959, au décès de son père, Roger Gamard reprend la salle. Avec   Jacky Magné, ils forment une belle équipe qui élève « L’Éden » à son apogée. L’été et les dimanches d’hiver, on y affiche souvent le panneau « Complet ». On y multiplie les séances et, surveillant les vents d’ouest, Jacky Magné décide des fameuses « Matinées en cas de pluie » où accourent des familles entières. Puis l’Éden adopte  le CinémaScope et le format géant 70 mm qui double les dimensions de l’écran. En même temps, Roger Gamard, équipe son « Éden » pour y faire du théâtre et du music-hall. La scène est adaptée en gagnant de l’espace sur l’ancien dancing qui se trouve derrière. On y construit des loges et dès lors, chaque été, tout ceux auxquels Paris a fait un triomphe durant l’hiver viennent se produire à « L’ Éden », devant des salles surchauffées, remplies jusqu’aux lucarnes de la cabine de projection. Par le passé, « L’Éden » s’est même offert le luxe d’organiser la Coupe Volpi et, en 1956, « La Coupe latine du cinéma », est remise à Marcel Carné pour « Le Pays où l’on n’arrive jamais », où jouent Gilbert Bécaud et Françoise Arnoult. En 1970, Roger Gamard, qui a acquis à Bordeaux « Le Femina », vend « L’Éden » à la famille Cayos, elle aussi formée de spécialistes de l’exploitation cinématographie, qui le modernise et créé une seconde salle. Mais, dans les années 90, plus victime d’une certaine vétusté que de la concurrence du multiplex testerin l’Éden ferme définitivement ses portes. Un temps repris par Arcachon-Culture, il vient de renaître, renouant ainsi avec le passé cinématographique arcachonnais, une ville où l’on a compté jusqu’à sept salles, « Le Club » de Pyla y compris.  Donc, longue et belle vie au nouvel Éden et à demain. On vous parlera encore du pays. 

Jean Dubroca

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