Chronique n° 018 – Ça a duré …

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Un coup de tonnerre tonitruant va rompre la paix romaine où nagent nos ancêtres boïates. En 276, une invasion germanique ravage cette partie privilégiée de la Gaule : incendies, pillages, grande peur. La catastrophe provient d’une crise militaire car chaque général romain, conscient que des troupes lui manquent pour résister aux Germains, fait campagne seul. Cette  pagaille  ouvre la porte aux hordes germaniques qui, dans l’élan, dépassent les Pyrénées. Les grandes villes s’entourent de remparts et des  guerres civiles éclatent. Les paysans guerroient, las d’être pressurés par le fisc et par les soldats déserteurs. Fort heureusement, en 293, l’empereur Dioclétien divise l’empire, trop vaste, en deux parties, chacune dirigée par l’un de ses envoyés.

La paix revient et Burdigala, notamment, connaît un beau développement économique, intellectuel et artistique dont Boïi profite. Au IVe siècle, la douceur de vivre ronronne et Ausone, poète et préfet des Gaules à Bordeaux, vient même jouir des joies et des charmes d’Andernos où il possède un domaine. Cependant, une importante mutation se réalise et bien des déboires attendent les Boïates.

La mutation, c’est la lente pénétration du christianisme dans les villes, attestée ici dès 314. Même si, jusqu’en 817, la nouvelle religion a peu dépassé le sud de la Garonne, au VIe siècle, le diocèse de Bordeaux absorbe la cité de Boïi. Deux archiprêtrés la séparent, l’un formant le pays de Buch, l’autre, au sud, le pays de Born. La belle histoire de Boïos se finit alors très rapidement. La petite capitale attendra longtemps son héritière.  Ce sera Arcachon,  à cause d’une juste revanche sur l’Histoire, puisque cette ville naîtra aussi vite que Boïos disparut. Quant aux déboires qui ont précédé sa disparition, c’est l’invasion de trois cent mille Vandales à l’aube du cinquième siècle, en 407, suivis des Wisigoths en 418. Ceux-là, le clergé catholique les surveille d’un mauvais œil car ils pratiquent l’arianisme, une doctrine qui refuse la Sainte Trinité. On comprend que ce clergé Aquitain soupire d’aise lorsque Clovis, fort opportunément devenu très chrétien,  écrase ces wisigoths en 507, près de Poitiers.

En 476, lorsque l’empire romain d’occident s’est désagrégé, l’Aquitaine entre dans une longue période fort instable. Les Mérovingiens créent un duché d’Aquitaine qui, en 720, avec le duc Eudes, reprend sa taille romaine. Mais voilà qu’en 730, les Musulmans déferlent sur nos terres. Coupés de leur base arrière, ils se replient après 732. De 735 à 769, les Carolingiens soumettent l’Aquitaine à leur pouvoir bien que les Gascons donnent du fil à retordre à Charlemagne. Tout va mal ensuite : en 848 les Normands prennent Bordeaux et Bayonne en 892. Mais l’Eyre n’apparaît pas dans leurs raids. Pourtant, on a trouvé en Suède des chandeliers à quatre branches uniquement fabriqués dans le secteur. Il n’y a, de plus, aucune raison pour que  les Normands, dans l’enthousiasme de leurs explorations musclées, ne l’aient point pillée. De toute façon, la civilisation gallo-romaine est bel et bien morte. Elle aura duré plus longtemps ici qu’ailleurs, avec des conséquences heureuses  sur l’esprit  aquitain dont nous profitons encore. C’est une autre histoire.

À suivre …

Jean Dubroca

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