La généralité est une circonscription financière devenue, à partir du XVIIe siècle, la principale division administrative du royaume. Au milieu du XIVe siècle, la levée de plus en plus fréquente d’impôts jugés encore extraordinaires entraîne la création de « généraux des finances », chargés de l’organisation de la perception et du contentieux qui en découle. En 1390, les deux attributions sont scindées entre deux collèges de quatre généraux, d’où le terme de généralité. Au milieu du XVe siècle, quatre généralités ont donc une existence reconnue : le (ou la) Languedoïl, le (ou la) Languedoc, la Normandie et l’Outre-Seine-et-Yonne. Chacune dispose également d’un receveur général. Au siècle suivant, le désir de démembrer ces ensembles jugés trop vastes et d’intégrer les nouvelles provinces entraîne une réorganisation complète :
un édit de décembre 1542 découpe le royaume en 16 recettes générales (pays d’états inclus), qui retrouveront bientôt le nom de généralités. En leur sein fusionnent les revenus du domaine (ressources ordinaires) et de l’impôt (ressources extraordinaires) en une administration unique.
L’accroissement des effectifs d’officiers se traduit, en outre, par la mise en place d’un bureau des finances (2 présidents et 8 trésoriers de généralité en 1586). C’est dans le cadre des généralités que les « commissaires départis dans les provinces », bientôt appelés « intendants », s’imposent progressivement sous Richelieu. À partir de 1637, ils résident au chef-lieu de la généralité, et les bureaux des finances passent sous leur autorité. Durant toute la fin de l’Ancien Régime, la généralité devient donc synonyme d’intendance, même si, en droit, certaines intendances ne devraient pas être ainsi qualifiées : c’est le cas des provinces nouvellement conquises (dites « pays d’imposition »).
Le nombre des circonscriptions s’accroît, par densification (Auch, Montauban, Pau, à partir de la généralité de Bordeaux, par exemple) ou par agrandissement du territoire (Lille, Strasbourg ou Perpignan). En raison de remodelages incessants, le chiffre des intendances-généralités varie. Ainsi, la minuscule circonscription de Trévoux, créée en 1762, disparaît-elle en 1787. Il en existe 34 à la veille de la Révolution, avec un décalage d’une unité, car le Languedoc n’a qu’un intendant, alors qu’il est divisé entre deux généralités (Toulouse et Montpellier). La Révolution met un terme aux généralités en même temps que les intendants et les bureaux des finances disparaissent mais, je vous rassure, pas les … impôts !
La généralité de Bordeaux est une circonscription administrative de la Guyenne créée le 7 décembre 1542 par l’Édit de Cognac. Elle a Bordeaux pour ville principale, l’une des dix-sept recettes générales créées par Henri II (Édit donné à Blois en janvier 1551). La généralité de Bordeaux est entourée par les généralités de Saintonge, du Limousin et de Montauban. La généralité de Bordeaux se compose de six élections : Bordeaux, Périgueux, Sarlat, Agen, Condom et Dax ou les Lannes ; 30 subdélégations (intendance) et quatre pays d’états : le Marsan (Mont-de-Marsan), la Bigorre (Tarbes), la Soule (Mauléon) et le Labourd (Bayonne). La distinction entre pays d’états et pays d’élection concerne l’imposition : dans les pays d’élection (ou simplement Élection) l’intendant, représentant du Roi, répartit les impôts avec l’aide des « élus » au niveau local. Par contre les pays d’état bénéficient d’une certaine autonomie : les états provinciaux, c’est-à-dire l’assemblée représentative des trois ordres, négocient le montant de l’impôt avec les intendants royaux, puis en assurent la répartition par diocèse et par paroisse et en contrôlent la collecte. Les états conservent une partie des fonds pour aider au développement des voies de communication.
L’intendant de Bordeaux doit donc gérer une généralité étendue, avec des disparités importantes au niveau des territoires et de la fiscalité, tout en obéissant aux ordres du Roi et en satisfaisant au contrôle du Receveur Général des Finances. Sa mission couvre de nombreux domaines, justice, police, finances, mais il doit aussi jouer un rôle économique en s’occupant du commerce, en particulier du trafic dans le port de Bordeaux, de l’agriculture, des routes… et social, en veillant en particulier au ravitaillement des populations dans les périodes de crise. Donc une lourde tâche, pour l’intendant !
En 1598, l’un des articles secrets de l’édit de Nantes exigés par l’Assemblée protestante de Châtellerault stipule que toutes les places, villes et châteaux que les Réformés occupent à la fin de 1597 « demeureraient en leur garde, sous l’autorité et obéissance de Sa dite Majesté par l’espace de 8 ans, à compter du jour de la publication du dit édit ». Or ces places, dont l’état est dressé par Henri IV, à Rennes, les 12, 14, 17 et 18 mai 1598 se résume pour la Guyenne et généralité de Bordeaux à : Castillon, Puy-Mirol, Figeac, Lectoure, Mont-de-Marsan, Caumont, Tartas, Lisle-en-Jourdain, Mas-de-Verdun, Eauze, Mauvezin, Capdenac, Casteljaloux, Montheurt, Tournon, Leyrac, Bergerac, Montflanquin, Clairac, Turenne, Sainte-Terre, Limeuil, Cardailhac, Meilhan, Mussidan, Castelnau-de-Mirande, Belin, Castets, Bourg-sur-Mer, Montségur, Marron, Nérac, Mancis, Albiac, Castelsagrat, Saint-Antonin, Négrepelisse, Caussade, Bruniquel, Sainte-Foy.
Ce privilège exorbitant fait du parti protestant un État dans l’État, se dressant, aux frais du gouvernement, en face du gouvernement… Mais, ouf ! La Teste-de-Buch est préservé…
En 1776-1778, le recensement des Noirs dans la Généralité de Bordeaux fait état de 208 noirs esclaves, 160 hommes et 48 femmes, et de 94 noirs libres, dont 49 hommes et 45 femmes.
En 1784, Nicolas-Thomas Brémontier (1738-1809), est chargé du service de la généralité de Bordeaux. Pour lutter contre l’envahissement des Landes par le sable au moyen de la plantation des pins abrités par des palissades, c’est à Pilat qu’il met à profit les travaux de l’ingénieur Charlevoix de Villiers et de l’abbé Desbiey. Il ne publia qu’un Mémoire sur les Dunes en 1797 et cette « Recherches sur le Mouvements des Ondes », un des premiers ouvrages où sont étudiées la formation des vagues et leurs causes, le calcul de leur hauteur et leur effet sur les plages ; une partie des expériences est réalisée dans la rade de Saint-Jean-de-Luz. Rappelé à Paris en 1802 en qualité d’inspecteur général, il conserve parallèlement l’inspection divisionnaire de la généralité de Bordeaux jusqu’à sa mort en 1809.
https://www.larousse.fr/archives/histoire_de_france/page/539
http://www.liorac.info/PAGES/generalite.php
L’esclavage des femmes en Europe à l’époque moderne, Bartolomé Bennassar, 2009.
file:///C:/Users/rapha/Downloads/2476-Article%20Text-2452-1-1-20190916.pdf
Histoire Partiale, Histoire Vraie, Jean Guiraud, 1912
http://rdlvgc01.fr/_media/histoire-partiale-histoire-vraie-tome-3-v2.pdf
Carte de 1769 :
https://www.digitalcommonwealth.org/search/commonwealth:3f462v47n
http://www.storiadelledonne.it/images/pdf/rivista/2009/bennassar2009.pdf