On peut ensuite rejoindre la route de Bayonne à Saint-Vincent. De l’Esperon à Castets, 4 lieues. Une carte du XVIIe siècle mentionne un relais désigné Saint-Julien (?) entre Lesperon et Castets. « Castets est un lieu assez considérable et presque un bourg, situé dans le premier vallon et sur la première rivière – le rû de Lapallu ou la Palue, rivière d’alimentation du lac de Léon – qu’on trouve depuis le vallon de Belin et la rivière de Leyre. […] La route, depuis Bordeaux, ne cesse de se rapprocher de l’Océan. Avant et encore plus après Castets, les voyageurs sont avertis de son voisinage par le bruit des vagues qui se brisent sur la côte. » Vers 1742, le courrier de la Ferme aux lettres y laisse les dépêches à destination de Mont-de-Marsan et Saint-Sever. Un courrier d’entreprise à cheval les transporte à Tartas, et de là, sont acheminées semble-t-il à pied ! De Castets à Majesc, 4 lieues. « Majesc est un bourg qui renferme à peu près la meme population que celui de Castets ; mais il est plus agréable, plus aéré, mieux bâti et plus propre. On y trouvait une fort bonne auberge dans le temps, chez M. Honterède ». C’est ici, qu’au milieu du XVIIe siècle, les dépêches à destination de Dax, Orthez, et Pau, sont confiées à un courrier d’entreprise à cheval. Une nouvelle histoire du Relais de Magescq commence en 1850 quand les arrières grands-parents de Jean et Jacques Coussau reprennent une épicerie-auberge sur le chemin de Saint-Jacques ; ce relais étape pour les voyageurs connaitra de belles heures, et sera repris par la suite par Jeanne et Bernard, les parents des frères Coussau. L’auberge familiale devient un hôtel restaurant en 1952, une adresse fédératrice et gourmande qui rencontre un franc succès : le Relais de la Poste, 2 étoiles au michelin en 2020 (1), est aujourd’hui un hôtel de charme et de caractère. De Majescq à Les Monts ou Mons, 3 lieues. Le Relais de Pey des Monts est créé en 1613, au milieu de l’étape de Magescq à Saint-Vincent. « Aux Monts, le relais était placé dans une maison isolée, assez agréable manoir champêtre ou habitait un riche propriétaire aubergiste et cultivateur. Cette maison a pris son nom de quelques buttes ou mamelons qui sont évidemment d’anciennes dunes ». En 1814, un voyageur n’y voit, dans l’espace de quatre milles, que deux maisonnettes, avec un demi-arpent de culture, presque cachées dans les bois. Des Monts à Saint Vincent (de Tyrosse), 2 lieues. « Saint Vincent est un joli village tant par lui-même que par son territoire. J’y ai trouvé, à la poste, une fort bonne auberge et surtout fort propre ; tous les murs en étaient blanchis, tous les appartements parquetés et cirés, ainsi que l’escalier, toutes les boiseries peintes. La même recherche régnait dans la cuisine. Une pareille auberge, au sortir des grandes landes, me semblait une féerie. C’est à Saint Vincent que s’opère la réunion des deux routes de Bordeaux à Baïonne, autrement dites des grandes et des petites landes ; et c’est à cette cause qu’un village aussi peu considérable (environ quatre vingt feux) doit, en grande partie, l’air vivant et gracieux par lequel il m’a séduit. »
De Saint Vincent, la route est commune aux deux voies jusqu’à Bayonne. La Ferme des Postes supprima en 1609 le relais de Labenne et créa les relais d’Ondres et de Bénesse (maison La Cabanne). « Ondres est un village consistant dans une place entourée de quinze à dix-huit maisons, après lequel on achève de gravir au départ la colline qu’on a commencé à monter, en arrivant (2). » Le relais de poste d’Ondres s’est substitué à celui de Labenne au début du XVIIe siècle. Il figure sur les anciennes cartes sur la droite avant le bourg ; sa situation n’est connue de façon certaine qu’à partir de 1800, date à laquelle Jean-Baptiste Darrigrand, corsaire associé à son oncle Jean-Baptiste Darrigrand, Maître de Poste, achète la maison Harsaout, construite au début du XVIIe siècle, qui sert de relais et d’habitation au Maître de Poste (sur la place publique, la maison de chez Pau héberge les chevaux). Les maîtres de Poste à Ondres seront Jehan Dhospital (à partir de 1630) ; Jean de Gassis ; Guillaume Lacaze ; Marie Laborde (veuve du précédent) ; Claude Brisse (1742, gendre de Marie Laborde) ; Jacques Arthus (1786, gendre de Claude Brisse) ; Moyse Gomez Calot (début de la Révolution) ; Jean Baptiste Darrigrand (1799, postillon du précédent) puis son fils Jean Baptiste Darrigrand (1816, dernier maître de Poste jusqu’à la suppression du relais d’Ondres, en 1834). Aujourd’hui, à la maison Harsaout, habitée par les descendants de Jean Baptiste Darrigrand, on voit encore le puits, l’abreuvoir et la poulie qui servait à monter les bottes de paille.
Photo villa Harsaout
1770 Postes, par Ordre de Mr. Claude Jean Rigoley
Tableau général des Postes / Dressé par Ordre de Monsieur Rigoley, Baron d’Ogny, Intendant Général des Courriers, Postes et Relais de France, gravé par Bourgoin Auteur : Bourgoin (jeune) (17..-18..? ; graveur).
1783 Postes, par Ordre de Mr. Claude Jean Rigoley
Tableau Général des Postes / Dressé par Ordre de Mr. Claude Jean Rigoley, Baron d’Ogny, … Intendant Général des Courriers, Postes, Relais et Messageries de France
1787 Postes, par Ordre de Mr. Claude Jean Rigoley
1787 Tableau général des Postes / Dressé par ordre de M. Claude Jean Rigoley, Baron d’Ogny, Intendant général des Courriers, Postes, Relais et Messageries de France. 1 : 1 950 000 env] ; Ecrit par J.-B.-L Aubert (17..-18.. ; graveur).
Etat general des postes de France dresse par ordre de M. Claude-Jean Rigoley, Baron d’Ogny, Philippe-Denys Pierres, imprimeur, 1788 :
Les fixations sur chaque route sont divisées en trois colonnes.
La première contient la distance intermédiaire d’un Relais à l’autre, à côté du nom du Relais.
La seconde indique les troisièmes Chevaux, vis-à-vis de chaque Relais d’où l’on part & où l’on doit les atteler, ainfi que le temps pendant lequel ils sont dus. Le même ordre étant observé dans l’inverse de chaque Route, il n’a plus été nécessaire de faire mention de la réciprocité.
La troisième marque la distance progressive du lieu du départ à celui où l’on arrive.
L’on trouvera à la suite des Routes le service des Diligences & des Messageries.
L’on a ajouté pour la plus grande facilité des Couriers, la Nomenclature, par ordre alphabétique, de tous les Relais du Royaume, & enfin une Carte géométrique de toutes les Routes.
L’État Général des Postes est précédé d’une Table de l’heure des Marées, avec un Calendrier, qui peuvent servir à fixer les heures de départ & d’arrivée.
(1) – L’avis du Guide Michelin 2020 : face à la pinède, on cultive le classicisme… à quatre mains, entre le chef et sa nièce. Bien ancré dans sa région, il se plait à évoquer le « maillage des petits producteurs » – foie gras, volaille, viande de chalosse, poissons de l’Adour et de Capbreton –, cette cuisine de proximité qu’il préfère appeler « cuisine de cœur ». Sa saison préférée ? L’automne, pour les champignons et le gibier. Trois plats immuables révèlent ses affections : le foie de canard chaud aux raisins, la sole aux cèpes, et le saumon de l’Adour (un poisson capricieux), quand les pêcheurs en attrapent. Ajoutons les superbes soufflés au Grand Marnier, aériens et crémeux, au centre desquels est glissée une petite quenelle de sorbet à l’orange sanguine, qui apporte une irrésistible fraîcheur.
(2) – Description routière et géographique de l’empire Français divisé en quatre régions, Régis-Jean-François Vaysse de Villiers, 1823