Dans les Grandes Landes, la plupart des relais sont installés dans les vallées boisées au bord d’un ruisseau : un voyageur en 1814 rapporte que « les auberges des landes ne causent jamais de ravissement : ce sont de misérables avento, où, presque sans vous rien fournir que le couvert, on vous fait payer comme vous ayant nourri ». La route isolée des Grandes Landes est également marquée par divers vols et brigandages. Déjà au Moyen Âge accuse-t-on le sire Amanieu d’Albret de rançonner les voyageurs à Lesperon ! En l’An VIII, on signale l’attaque et vol d’une diligence, et, peu après, un autre vol par le conducteur de la malle lui-même qui prétend avoir été arrêté et pillé par des brigands ! À cela, il faut ajouter, pour l’ambiance, la présence de loups comme encore en 1806 à Laharie.
Peu à peu, les voyageurs marquent leur préférence pour la route des Petites Landes qui, depuis Bordeaux, suit le cours de la Garonne jusqu’à Langon puis oblique plein sud vers Roquefort – notre autoroute de Gascogne Langon-Pau A 65 – avant de revenir vers l’ouest par Mont-de-Marsan puis Dax pour rejoindre Bayonne. Bien que faisant un large détour, il s’avère que les voitures circulent plus facilement. Déjà les cortèges royaux vers l’Espagne (Catherine de Médicis, Charles IX, Henri IV, François 1er, Louis XIV …), puis la route des messageries royales, passent par cette voie. En 1787, un service des messageries part de Bayonne tous les samedis pour Bordeaux, soit un carrosse à quatre places et plusieurs fourgons, qui effectuent le trajet en quatre jours. Un autre assure le trajet inverse. L’isolement, le sable et l’état de la route de la Grande Lande lui firent préférer l’itinéraire des Petites Landes que la poste aux chevaux lui choisit dès 1799 (1ervendémiaire An VIII). En 1803, la malle-poste fait le trajet trois fois par semaine dans les deux sens. Plus longue, et tout aussi sauvage dans les Landes, elle a l’avantage de traverser des localités plus importantes, et offre surtout la faculté d’aller par eau de Bordeaux à Langon, puis de Dax ou Saubusse à Bayonne. Un voyageur de cette époque signale : « On voit partout des amas de pierres disposés pour former une chaussée sur toute la ligne de Bordeaux à Bayonne ; il y en a même quelques parties déjà faites ; le reste est tracé, mais il faut au moins un an ou deux, avec de grands efforts d’hommes et d’argent, pour achever. Ce sera, au reste, un des plus beaux et des plus respectables monuments de la grandeur impériale que cette nouvelle route (lettre du comte P. L. Roederer – 19 avril 1809). Elle est classée Route Impériale de première classe numéro 11 en 1811, et on y dépense une dizaine de millions de francs pour l’empierrer du Poteau à Mont-de- Marsan… La nouvelle importance de Mont-de-Marsan devenu chef-lieu du département détermine le gouvernement à enlever les relais de poste de la route des Grandes Landes et les reporter sur celle des Petites Landes où ils n’existaient pas. Là, le pays offre en outre plus de facilités d’organisation d’une surveillance active pour assurer une libre et plus sûre circulation. Les maîtres de poste y obtiennent leur transfert (de Mons vers Saint-Geours, de Liposthey vers Roquefort, de Labouheyre vers Mont-de-Marsan, de Belloc vers Campagne (Cf Revue d’histoire de Bayonne, du pays basque et du bas Adour n° 146 -1990). « Comment a-t-on pu se décider sans retour à tout enlever au pays qui avait le plus grand besoin de secours pour tout donner au pays que favorisait et la nature des lieux et la circonscription départementale ? Comment cette injustice, car il faut l’appeler ainsi, qui date d’une époque de troubles et de révolution, qui a été consacrée par un gouvernement militaire, a-t-elle reçu l’approbation d’un gouvernement paternel et réparateur » (Les Landes en 1826, par Jean-Baptiste Billaudel, ingénieur des ponts et chaussées). À la Restauration, Louis XVIII rebaptise les routes impériales en routes royales et la route impériale n°11 (Bordeaux – Langon – Mont-de-Marsan – Bayonne – Irun) devient la route royale n°10 en 1824. Dégradée par défaut d’entretien, on procède à son pavement entre 1833 et 1845. La chaussée est alors formée de trois voies : celle du milieu, pavée en grès, est réservée aux lourds charrois et aux diligences, et les bas-côtés utilisés par les voitures particulières moins rapides conservent l’ancien empierrement renforcé par de la pierre liée par du macadam.
Les commentaires en italique sont ceux de M. Vaysse de Villiers, inspecteur des postes, en 1823
Landes en vrac, souvenirs et témoignages du passé et petit patrimoine landais
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1645 – Royaume de France Jean Boisseau – Haure d’Arcachon, Teste de Buch, …
Tableau Géographique des Gaules ou Description generalle de la grandeur et estandüe du Royaume de France , sur laquelle est tracée la routte ou guide des chemins et postes pour aller de la ville de Paris, aux principalles villes de ce Royaume, et lieux circonvoisins de cet Estat, avec un ample Index par ordre Alphabétique, contenant les noms et qualitez des lieux plus considérables descrips en ceste Carte qui est un moye très-facille pour trouver promtement les lieux ou on desire voyager, principallement pour ceux qui n’ont la cognoissance de la Géographie ; diligemm F. / Recueillie par Jean Boisseau, 1645, Dédiée à Haut et Puissant Seigneur Monseigneur Mre. Charles Marquis de Rostaing, …
Depuis Bordeaux, les haltes sont Petit Bordeaux, entre Petit Bx et Le Barp se situe Tauliers, Au Barp (Le Barp), Puy de la Gudet (Le Puy de Langubat) n’est pas sur le tracé de la route et avant le Barp, Belin, Murat (Le Muret), Lypostai (Lipostey), La Bouhere, Tanguillet (Languillet), La Harie (Laharrye), Lesperon, Castelz, Mayese (Mayesc), Les Monts (Les Mons) (en dehors du tracé), St Vincent, Les Vagues (en dehors du tracé), apparaît Le Barat, Ondres (en dehors du tracé), apparaît St Martin, Bayonne, Bidar (en dehors du tracé), St Jean de Luz, apparaissent Yrongne, Passage, Ste Marie.