Le roi de Perse Cyrus II (529 avant J.-C.) fait établir dans son royaume des auberges, pourvues de chevaux ou de courriers chargés de transporter les lettres et les ordres du chef de l’État. De même un système de chevaux et relais apparaît en Chine sous la dynastie des Han (qui a régné du IIe siècle av. J.-C. au IIesiècle après J.-C.) Les Romains appliquent chez eux ce même système. Sous l’Empereur Auguste (de 27 av. J.-C. jusqu’à 19 après J.-C.) il y a le long des principales voies romaines des stations dans lesquelles se trouvent en permanence des « tabellarii », jeunes gens habiles à la course et qui sont chargés de transporter les ordres et messages de l’empereur (en fait, des tablettes gravées, d’où leur nom). Plus tard, on remplace ces piétons porteurs de tablettes par des cavaliers nommés « veredarii » du fait qu’ils montent des chevaux (en latin veredus = cheval de voyage), mais pour utiliser ces chevaux, il faut avoir une autorisation qu’on ne délivre que lorsqu’il s’agit d’une affaire intéressant l’État. En France, sous Charlemagne, on voit apparaître quelque chose qui ressemble à la Poste. Des veredarii en l’an 807 parcourent les principales routes de l’empire. Mais ces veredarii semblent avoir disparu à la mort de ce grand monarque (814). La figure légendaire de l’Empereur de Mongolie, Genghis Khan, au XIIIe siècle préserve le système de relais dans la Chine du Nord qu’il a annexé et le développe dans tout son empire en même temps qu’il encourage l’élevage d’une race de chevaux très spartiate et résistante destinée à ce service des Postes, le « Chakouyi ». En 1260, le cruel sultan Baybars qui met la pâtée aux croisés de Louis IX est arrivé à nettoyer la Syrie des Mongols grâce, entre autre, à la mise en place de son propre système de relais qui lui permet la circulation des informations propres à assurer sa victoire sur les Templiers. Louis XI, monté sur le trône de France en 1461, s’avise qu’il ne peut confier aux messagers de l’Université les secrets de sa politique, et comme il veut « savoir tout ce qui se passe chez lui et le savoir avant tous les autres », organise un service des postes affecté aux besoins de l’État, c’est à dire à la seule personne du roi : en 1464, par l’édit de Luxie, il crée des relais de poste (le premier sens que revêt le terme « poste (1) » sert à déterminer une notion de distance) et divise le corps des chevaucheurs des écuries du roi en deux groupes : les « courriers du Cabinet », chargés du transport des missives royales, et les « postes assises », futurs « maîtres de poste », qui fournissent les chevaux. Les relais sont espacés de quatre à cinq lieues (16 à 20 km), selon les routes, les reliefs et les nécessités topographiques. Au XVIe siècle, le mot poste, qui n’a toujours pas pris la majuscule initiale, désigne l’ensemble des activités du transport des personnes et des lettres régi par le pouvoir royal puis par la Ferme Générale créée par Louvois en 1672 ; progressivement dans le langage courant, « Postes » va devenir un terme générique au sens élargi. Pour les acheminements secondaires entre hameaux et villages on utilise un moyen de transport plus rudimentaire, la « Patache (2) » : dès le règne de Louis XI, c’est le nom des grosses charrettes à deux roues et non suspendues puis des coucous, voitures à deux roues, qui assurent le transport de passagers ; Louis XII met le service des relais de poste à la disposition des voyageurs dès 1506. Ce service sera actif jusqu’en 1873. « La guide des chemins de France », écrite en 1552 par le médecin Charles Estienne, imprimeur du roi, est une première description des routes : l’itinéraire n° 276 de Bordeaux à Bayonne comporte alors quatorze étapes qualifiées de « postes » dont l’écartement varie de six à une vingtaine de kilomètres.Long passé de cette route, puisque son tracé reprend, au moins dans sa partie nord, celui de la voie directe des légions romaines de Bordeaux à la péninsule ibérique. Délaissée après l’effondrement de l’empire romain, puis abandonnée lors des périodes troublées qui suivirent, elle ne retrouva son intérêt qu’après le Xe siècle lorsque les pèlerins vers Compostelle en firent un itinéraire majeur suivant à peu près le tracé initial. Voie militaire puis voie de pèlerinage, elle devient ensuite celle des ambassadeurs, puis des Intendants Et, hormis l’aménagement de quelques ponts de bois, rien ne changera vraiment jusqu’à à la fin du XVIIIe siècle ; tous s’accordent sur son état pitoyable. Ainsi, encore en 1810, sur 94 lieues de la limite du département de la Gironde jusque à la Bidassoa, il n’y en a pas une seule qui soit praticable. Ce n’est qu’un pauvre pays de sables, d’eaux stagnantes, de marécages, d’ornières et fondrières, de voitures versées ou embourbées, de malles postes cheminant au pas. En 1748, le comte de Noailles évoquant une précédente traversée des Grandes landes indique : « J’ay esté obligé de faire mettre des bœufs à ma chaise qui n’avoit que moi pour toute charge, et quatre paires de bœufs indépendamment de six à huit chevaux, à ma berline qui, avec ces secours, n’en mettoit pas moins de trois et quatre heures à faire une poste »nous ditM. Vaysse de Villiers, inspecteur des postes, en 1823. Il n’est pas rare que les postillons, évitant les chemins, ou cherchant de nouvelles voies, promènent avec adresse courriers et voyageurs au milieu des pins ; il faut dire que, jusqu’à la fin du XIXe siècle, malgré les quelques réparations entreprises le siècle précédent (Turgot y emploie même un régiment en 1775), et par l’absence des matériaux nécessaires, la route n’est qu’une piste divaguant sans véritable assiette définie, avec pour seul aménagement des planches ou madriers couchés en travers dans les parties les plus difficiles, comme le franchissement des ruisseaux (gués ou ponts de bois).
La « Poste aux Lettres », est créée en 1602 par Henri IV et propose aux particuliers le transport du courrier. Sous Louis XIV, la centralisation s’accélère et le monarque entend mieux contrôler la poste pour des raisons politiques et financières, établissant en 1672 une « Ferme générale des Postes ». La vitesse postale est de l’ordre de 7 km/heure au début du XVIIIe siècle lors de l’avènement des Petites Postes qui se répandent, suivant l’exemple parisien, dans les principales villes du royaume. Trois branches, dont la finalité commune est le traitement du courrier, cohabitent donc à l’époque : la Poste aux chevaux, la Poste aux lettres et les Petites Postes. Les fusions et regroupements vont finir d’installer le terme de Postes comme appellation générique servant à définir toutes les activités visant au traitement des correspondances. En 1780, la Ferme générale des Postes absorbe les petites Postes par leur rachat global. Le 9 juin 1817, Poste aux lettres et Poste aux chevaux sont définitivement regroupées au sein de la même direction générale des Postes, créée en 1804 par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, et rattachée au ministère des Finances. L’histoire institutionnelle de la Poste contemporaine s’ouvre donc par cette première tutelle connue pour celles qu’on appellera tout au long du XIXe siècle, les Postes. Elle est marquée par quatre principales phases. Les Postes connaissent une remarquable stabilité (1804-1878) malgré les soubresauts politiques et les changements de régime, durant laquelle les Postes demeurent une direction générale des Finances jusqu’au 27 février 1878. Cette période est marquée par le passage à la direction générale de grands réformateurs, tels qu’Antoine Conte (1830-1847) ou Edouard Vandal (1861-1870) qui modernisent l’institution. La Poste maritime dès 1837, le service des ambulants à partir de 1845, c’est-à-dire la Poste par chemin de fer, viennent encore élargir le nombre de branches de l’arbre postal et ainsi légitimer davantage le terme de « Postes ». À cette continuité succède une phase de grande instabilité (1878-1930) quant au statut et à la tutelle des P&T, évoluant en permanence au gré des remaniements ministériels. Elle voit d’abord la réunion des Postes avec la direction générale des Télégraphes, extraite du ministère de l’Intérieur, toujours sous la tutelle des Finances, puis l’érection, le 5 février 1879, en ministère des Postes et Télégraphes, dont le premier titulaire du portefeuille est Adolphe Cochery. Ce ministère ne survit que peu d’années à la succession de son fondateur, puisqu’il est abandonné en 1889. S’en suit une succession de sous-secrétariats d’État ou ministères, relevant du Commerce et de l’Industrie, ou des Travaux Publics, pendant laquelle on adjoint aux P&T, le 17 juillet 1925, les Téléphones nationalisés par l’État. L’institution longtemps appelée « les Postes » devient ainsi les PTT, traversant ainsi une bonne partie du XXe siècle dans le langage et l’imaginaire des Français.
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