Le cartographe Giorgio Sideri dit Callapoda ou Calopodio da Candia est actif de 1537 à 1565 ; il est né à Candia[1] (Crète), et travaille pour Venise[2], où les compétences en cartographie sont essentielles à l’économie marchande et à la protection et au contrôle des régions éloignées. On connaît quatre de ses cartes de navigation et cinq atlas hydrographiques, souvent à l’encre et à l’aquarelle sur parchemin ; ils portent des dates allant de 1537 à 1565 et plusieurs sont dédiés aux nobles vénitiens. Giorgio Sideri Callapoda est brièvement entré dans la légende lorsque sa copie d’un portolan du XVe siècle inconnu de Fra Mauro a été vendue aux enchères à Milan, en octobre 1984, au prix de 900 millions de lires italiennes. Elle est signée dans un cartouche « Giorgi Callapoda a Candia faciebat », et datée de 1541; le blason sur la carte montre qu’elle a été faite pour le commandant vénitien des galères Francesco Zeno l’aîné, membre de la noble famille vénitienne de Zeno.
Ayant noté que son travail imitait généralement plusieurs autres, Astengo déclare que ses « cartes marines sont clairement dérivées du travail des cartographes d’Ancône Benincasa et Freducci », et continue en détaillant les emprunts. Giorgio Sideri Callapoda, dernier disciple de Benincasa, a poursuivi l’inscription des 367 îles entre 1537 et 1563 (la découverte d’une de ses cartes de 1570 à la Central St Martins Library, à Londres, prolonge sa période d’activité jusqu’alors connue). Georgio Sideri profite de la lettre initiale partagée pour son prénom avec Graciozo Benincasa pour imiter son style orné sur son premier ouvrage survivant, un atlas de 1537.
1561 Portolan chart of the Mediterranean, the Black Sea and the east coast of the Atlantic, Georgio Sidero dictus Calapoda Cretensis fecit nelanno dni: 1561. Venice, Correr Museum, Port. 8
Archicxō
Carte de la Mer Méditerranée, de la Mer Noire, de la Mer Rouge et de l’Océan Atlantique nord-est] Georgio Sideri dicto Calapoda Cretensis fecit nel anno Domini 1565 die… Iugai.
Archicxō
Il s’agit du portolan d’un atlas relié ; ici l’Angleterre et l’Écosse sont rejointes par un étroit pont de terre. Le manque de connaissance de la géographie de l’Écosse est évident par la ligne de côte lisse présentée ici. La côte galloise ne comprend pas la baie de Cardigan, une caractéristique qui a été décrite avec précision pour la première fois sous forme imprimée par Gérard Mercator en 1564. L’Irlande est représentée ici avec le légendaire purgatoire de St Patrick, grotte irlandaise située sur l’île des Saints, au milieu du lac Lough Derg. Son inclusion dans de nombreuses cartes révèle le peu de connaissances sur l’Irlande et les nombreux « ctrl c’– ctrl V » chers à Microsoft dont les cartographes ont usé abondamment.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55002613d/f1.item.r=Sideri%20Giorgio
https://en.wikipedia.org/wiki/Giorgio_Sideri
https://www.flickr.com/photos/jean-paul-margnac/15895449489
http://www.maphistory.info/benincasa.html
https://www.uv.es/catalan/1552.%20Georgio%20Callapoda.Florentine%20goldsmith%C2%B4s.jpg
[1] – Son contemporain, Domínikos Theotokópoulosa, dit Le Greco, est né en 1541 aussi à Candie (aujourd’hui Héraklion), en Crète, alors possession de la république de Venise, et mort le 7 avril 1614 à Tolède.
[2] – Suite à la quatrième croisade, lancée par le Pape Innocent III en 1198, Boniface de Montferrat, proclamé roi de Salonique et de Macédoine, se voit aussi accorder la Crète. Gênes et Venise, attirées par l’importance commerciale des îles de l’Égée, lui font chacune des offres pour lui acheter l’île. Les Vénitiens l’emportent en 1204 en échange de 1 000 marcs d’argent et des terres dont ils s’étaient emparés en Macédoine. Ils placent à la tête de l’île Jacques Tiepolo avec le titre de Duc de Candie. C’est une domination vénitienne qui s’installe en Crète pour quatre siècles. Chandax reste la capitale de l’île mais prend le nom de Candie.