Jorge Reinel (né en 1502 à Lisbonne – mort après 1572) est un cartographe portugais renommé, fils du célèbre cartographe Pedro Reinel ; les Reinéis (pluriel de Reinel) seraient des Africains de la cour de D. Manuel.
Jorge Reinel participe avec son père et Lopo Homem et l’enlumineur António de Holanda, natif des Pays-Bas, venu au Portugal à partir de 1510 et allié par mariage à la famille Homem, à la réalisation de l’atlas connu sous le nom d’atlas Lopo Homem-Reinel ou atlas Miller[1].
Carcaxo
Après une altercation avec un prêtre nommé Pero Anes[2], Jorge Reinel part pour l’Espagne et participe en 1519 à Séville à l’élaboration de la carte prévue pour l’expédition de Ferdinand Magellan ; en application abusive du Traité de Tordesillas, la localisation sur ses cartes de l’archipel des Moluques, producteur d’épices, sert de support aux prétentions de la Castille sur ces îles ; puisque l’occident espagnol défini à Tordesillas rejoint l’orient portugais, une assemblée d’experts réunie en janvier 1524 ne réussit pas à se mettre d’accord pour définir l’anti-méridien des Moluques[3] ; en fin de compte, en 1529, en signant le traité de Saragosse, Charles Quint renonce, moyennant 350 000 ducats, à ses prétentions sur les Moluques.
Pedro Reinel rejoint alors son fils pour lui demander de rentrer à la maison car il est en délicatesse avec la justice portugaise, mais Jorge doit terminer une carte et un globe, la poma e carta[4], nom caractéristique qui désigne une mappemonde : son père l’aide dans cette tâche…
Rentré au Portugal, Jorge Reinel sert le roi Jean III de Portugal comme maître des cartes et des compas avec, depuis 1528, une pension annuelle de 10 reais.
Jorge Reinel produit aussi des cartes de la côte ouest de l’Afrique, de l’Atlantique nord et du Pacifique sud. Il forme de nombreux apprentis à l’art de la cartographie et notamment le portugais Diogo Ribeiro.
Carte nautique portugaise de l’Océan Atlantique, Jorge Reinel : manuscrit enluminé sur parchemin, 73 x 88 cm, BnF, département des Cartes et Plans, CPL GE B-1148 (RES)
Arcaxaō
Les pavillons espagnols et portugais ne laissent guère de place aux autres nations européennes sur cette carte portugaise datée de 1550. L’ornementation fait la part belle aux cités américaines (Lima, Quito) ou africaines (Sao Jorge de Mine) aux mains des puissances ibériques. Le cours de l’Amazone, descendu par Orellana en 1542, est aussi mis en valeur. Instrument de navigation, la carte présente trois échelles des latitudes ; l’une d’entre elles, oblique et située dans la région de Terre-Neuve, tient compte de la déclinaison magnétique.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52503222v/f1.item.r=carte%20portugaise
Atlas Miller ; carte du monde de Jorge Reinel
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b59055673.r=Jorge%20Reinel?rk=42918;4
[1] – Daté de 1519.
[2] – La famille de Pero Anes do Canto descend de Jean de Kent, un noble anglais qui accompagna Edward, le Prince noir en Castille pour soutenir Pedro I du Portugal.
[3] – L’Amérique de Charles Quint, Louise Bénat-Tachot, Bernard Lavallé, Presses Univiversitaires de Bordeaux, 2005.
[4] – Voir https://www.yumpu.com/fr/document/read/28735263/autour-du-globe-comite-francais-de-cartographie/6