Philippe IV le Bel, profitant d’un incident pour confirmer sa suzeraineté sur le duché de Guyenne[1] gouverné par le roi d’Angleterre Edouard 1er, provoque un conflit militaire opposant les deux royaumes rivaux de 1294 à 1297. Il se traduit notamment par l’occupation française de Bordeaux, capitale de la Guyenne, jusqu’en 1303, soldée par le traité de Paris qui rétablit la situation antérieure, les Plantagenêt reprenant possession de leur fief, à la grande satisfaction des Bordelais. Cet affrontement franco-anglais est l’un des prémices de la guerre de Cent Ans (1337-1453).
Louis X meurt en 1316. Pour la première fois depuis le début de la dynastie capétienne, le roi défunt n’a aucun héritier mâle direct, tandis qu’en vertu de la primogéniture masculine, les femmes sont écartées[2] de la succession au trône de France. Le trône est alors confié à son frère, Philippe V le Long. En 1322, celui-ci meurt après un règne de six ans. Il ne laisse que des filles. C’est donc sans heurts et tout à fait normalement que son frère cadet, Charles de la Marche, devient roi sous le nom de Charles IV le Bel. Malgré deux mariages successifs avec Marie de Luxembourg et Jeanne d’Évreux, Charles le Bel, tout comme son frère Philippe le Long, ne laisse que des filles lorsqu’il trouve la mort à son tour en 1328. Ainsi, en moins de douze ans, les trois fils de Philippe le Bel, Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel sont morts, mais, comme son frère Louis X, Charles IV le Bel laisse sa veuve enceinte. Avant de mourir, il a désigné comme régent du royaume son cousin germain, Philippe de Valois, le fils aîné de Charles de Valois, lui-même frère cadet de Philippe le Bel. La reine Jeanne d’Évreux accouche quelques mois plus tard… d’une petite fille prénommée Blanche.
En 1328, Philippe de Valois n’est ni le plus proche sur l’arbre généalogique (c’est Isabelle de France, reine d’Angleterre) ni le plus direct, car les derniers Capétiens ont laissé des filles qui ont maintenant des époux. Mais le comte de Valois est le plus proche parent mâle, et il a 35 ans. Il est l’aîné des mâles de la famille.
Édouard III, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine à compter du 10 septembre 1325 (avant de céder ce titre à son fils aîné Édouard en 1362) prétend à la couronne de France : petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère, Isabelle, sœur des rois Louis X, Philippe V et Charles IV, Édouard III est donc le neveu des trois derniers rois de France. Isabelle de France est alors dotée d’une réputation détestable. Surnommée a posteriori la « Louve de France », elle s’est liguée avec les nobles anglais contre son mari, le roi Édouard II, qui a été vaincu et capturé. Après avoir fait mettre à mort son époux, elle s’affiche en public avec son amant régicide, Roger Mortimer. Toutes ces nouvelles sont bien connues en France. Sans compter que son fils Édouard III est, vu de France, un étranger, de surcroît un Plantagenêt. Isabelle de France oublie que ses frères ne sont pas morts sans postérité, mais seulement sans descendance mâle. Donc, s’il est reconnu que les femmes peuvent transmettre la couronne de France, ce n’est pas elle qui est légitime en tant que sœur du roi défunt, mais la fille aînée de Charles IV en tant que descendante directe. Cependant, personne ne songe à proposer la candidature d’une des filles des trois derniers rois. Reconnaître le droit des femmes à transmettre le trône, c’eût été considérer de facto que les règnes de Philippe V le Long et de Charles IV le Bel ne sont rien d’autre qu’une usurpation au détriment de Jeanne de France, fille de Louis X le Hutin. Les pairs ne veulent pas prendre le risque de donner le trône à une bâtarde. Et, au lieu de proposer une des filles de Philippe le Long ou de Charles le Bel, afin d’éviter des querelles de droit interminables, ils décident que les femmes doivent être exclues de la succession[3]. Ainsi, quelle que soit la tournure juridique, les droits d’Édouard III sont contestables.
Un accord est conclu afin de satisfaire Philippe d’Évreux et sa femme Jeanne : ils reçoivent le royaume de Navarre et diverses compensations territoriales, en échange de quoi ils reconnaissent Philippe de Valois comme roi de France. Le royaume de Navarre appartient au roi de France depuis le mariage de Philippe IV le Bel et de Jeanne de Champagne, reine de Navarre et comtesse de Brie. Louis X le Hutin en a hérité de sa mère et en 1328, on reconnait enfin le titre de reine de Navarre à sa fille Jeanne, malgré les soupçons de bâtardise (cette restitution tardive n’avait pas le moins du monde empêché Philippe le Long et Charles le Bel de s’intituler officiellement roi de France et de Navarre). De plus, Philippe de Valois, n’étant pas lui-même descendant et héritier des rois de Navarre comme l’étaient ses prédécesseurs, restitue sans regret le royaume de Navarre à Jeanne, l’héritière légitime, en échange de sa renonciation à la couronne de France. Le titre de roi de Navarre ne reviendra aux rois de France qu’au moment, bien plus tard, où Henri de Navarre, futur Henri IV, accédera au trône de France, instaurant ainsi la dynastie des Bourbons. Dès lors, les souverains français porteront à nouveau le titre de « roi de France et de Navarre » (il s’agit de la Haute Navarre, petit territoire navarrais au nord des Pyrénées, la Basse Navarre étant depuis Ferdinand le Catholique, roi d’Aragon, annexée à la couronne de Castille).
Peu après, Philippe de Valois est proclamé roi de France sous le nom de Philippe VI de Valois. Le surnom de « roi trouvé » lui fut donné peu après son couronnement lors de la bataille de Cassel du 23 août 1328 par les Flamands lesquels, avant la bataille, s’étaient moqué du roi de France en peignant un coq sur leur étendard avec cette inscription : Quand ce cocq icy chantera, le Roy trouvé cy entrera.
Édouard III vient rendre hommage au « roi trouvé », espérant lui aussi quelques compensations territoriales. Philippe VI de Valois ne comprit pas le danger qui le menaçait et ne fit rien pour s’en prémunir…
En 1337, Édouard III refuse de rendre l’hommage qu’il doit au roi de France pour son fief de Guyenne, il prend le titre de roi d’Angleterre et de France.
Les victoires anglaises de Crécy et de Calais,
celle de Poitiers (où le roi de France est fait prisonnier) et l’avancée anglaise en 1360 (traité de Brétigny)
leur accorde la région du Sud-Ouest en échange du renoncement au trône.
En 1380, après les victoires de Du Guesclin, les Anglais reculent.
De 1380 à 1429, la minorité puis la folie de Charles VI permettent aux « grands », les membres de la haute noblesse française, de prendre le contrôle du royaume. Il en résulte une rivalité entre les ducs de Bourgogne et d’Orléans qui dégénère en guerre civile. Henri V en joue et reprend du terrain sur le continent.
Il en résulte le désastre français de la bataille d’Azincourt. En 1419, l’assassinat de Jean sans Peur entraîne une alliance anglo-bourguignonne et l’effondrement du parti d’armagnac. En vertu du traité de Troyes de 1420, Henri V épouse la fille de Charles VI, devient l’héritier de ce dernier et cumule les titres de roi d’Angleterre et de régent de France. Le dauphin Charles est déshérité. Cependant, à la suite de la mort prématurée d’Henri V, son fils Henri VI, âgé de quelques mois, prend le titre de roi de France et d’Angleterre.
Le tournant de la guerre est lié à l’action de Jeanne d’Arc en 1429 :
les possessions anglaises sont reprises, et la guerre s’achève avec la victoire française de Castillon (1453).
Les Anglais ne conservent plus que la ville de Calais. La paix n’est finalement signée qu’en 1475, sous les règnes de Louis XI et d’Édouard IV.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Succession_de_Charles_IV_le_Bel
[1] – Le 12 avril 1229 le duché d’Aquitaine prend le nom de duché de Guyenne, lors du traité de Paris. Ensemble des possessions françaises du roi d’Angleterre, après le traité de Paris (1259), elle comprend le Limousin, le Périgord, le Quercy, l’Agenais, une partie de la Saintonge et la Gascogne. Définitivement reprise par la France en 1453 (bataille de Castillon), elle est donnée en apanage par Louis XI à son frère Charles (1469), puis revient à la Couronne. Elle forme avec la Gascogne, la Saintonge, le Limousin et le Béarn, un grand gouvernement qui a Bordeaux pour capitale. » (Le petit Robert des noms propres, 2002)
http://profshistoirelcl.canalblog.com/archives/2015/07/04/32377596.html
[2] – On disait alors que « les lys ne filent pas la laine », ou encore : « la couronne de France ne saurait tomber en quenouille ».
[3] – La fameuse loi salique ne sera évoquée qu’en 1358, pour défendre les droits des Valois face aux prétentions du roi d’Angleterre.