Les Landes sont en elles-mêmes un pays, pourtant elles courent sur deux départements, la Gironde et les Landes et deux anciennes provinces de l’Ancien Régime, la Guyenne et la Gascogne. Ce pays des Landes, ancienne province des Lannes, aurait dû, en fait, constituer le département des Landes, mais les partages administratifs de 1790 en ont décidé autrement et ont réuni sous ce vocable de Landes une étonnante mosaïque de 14 petits pays forts différents de paysages, d’habitation, berceau de notre vieille Gascogne : une diversité qui ne suit en rien à l’unité landaise.
Au centre, les grandes Landes offrent, de la Gironde aux portes de Dax, une vaste zone boisée où la forêt de pins, méthodiquement exploitée depuis le milieu du XIXe siècle, alimente les diverses industries du bois. L’activité, soutenue autour de Sore, Pissos, Sabres et Morcenx, est moindre dans les petits bourgs, blottis au milieu des clairières ou des pittoresques vallées de l’Eyre.
Soudées à l’est aux grandes Landes, les petites Landes présentent des vallonnements, et un quadrillage de prairies et de champs cultivés, aux abords de coquets villages.
Plus au sud, le Marsan, arrosé par la Midouze et ses affluents, est caractérisé par des vallées encaissées, et leur suite de prairies artificielles et de terres cultivées (céréales, vigne), domaine des grosses métairies qui s’adonnent à l’élevage.
Àl’est du Département, s’inscrit le Bas-Armagnac, pays de collines pratiquant la polyculture (vignes réputées), au voisinage de Villeneuve-de-Marsan et Labastide-d’Armagnac. Aux confins du Bas-Armagnac, s’étend au nord le Gabardan, terre de landes et de forêts de feuillus qui présente, d’Estigarde à Losse et Lubbon, une zone d’étangs et de marécages asséchés, et au sud le Tursan, terroir des vignes du même nom, siège de l’évêché d’Aire-sur-l’Adour avec le Mas d’Aire et la basilique Sainte Quitterie dont la crypte date du IVesiècle.
Enclavé à l’est dans les grandes et petites Landes, l’Albret doit aux seigneurs d’Albret, dont Labrit constitua le fief, l’extension de ses frontières jusqu’à l’océan, au XIIIe siècle. La forêt, entrecoupée de champs et de prairies, couvre une grande part du territoire primitif.
Pays de Born, Marensin et Maremne délimitent l’actuelle « Côte d’Argent » au bord de l’océan Atlantique. Le Born, de Biscarrosse au sud de Mimizan, présente un littoral attrayant et de vastes étangs, grossis des courants venus de l’intérieur. À l’arrière des lacs, se développe la forêt somptueuse, aux sous-bois parés, suivant la saison, de genêts, d’ajoncs ou de bruyères. Gros bourgs et villages côtoient les vergers et les champs de maïs. Le Marensin, qui prend fin au nord de Soustons, offre à peu près les mêmes aspects que le Born, avec ses plages et ses lacs, et la fraîcheur de ses courants. Mais les paysages y sont plus variés, grâce aux peuplements de chênes-lièges et aux riches terres de l’arrière-pays, vouées aux cultures de céréales et à l’élevage du bétail, autour d’importantes métairies.
Le Maremne, incluant, entre Vieux-Boucau et Labenne, les jolies stations d’Hossegor et Capbreton et de beaux lacs dans un décor sylvestre, est envahie de chênes-lièges et d’une riche végétation de lauriers et de mimosas, due au climat très doux. Les terres fertiles conviennent au maïs.
Les rives de l’Adour, autour desquelles gravitent les stations thermales de Dax, Préchacq et Tercis, soulignent l’assise méridionale de la forêt landaise et le début de la Chalosse.
Pays encore ignoré des foules, la Chalosse insère ses collines dans le grand arc de l’Adour. Malgré l’humble apparence des métairies et des villages, d’aspect encore landais, ce pays où apparaissent des placages de « sables fauves » fertiles – on les reconnaît dans les tranchées – jouit d’un développement agricole équilibré. C’est un très vieux terroir où l’homme du paléolithique a ébauché des chefs-d’œuvre, comme la » Dame de Brassempouy « , et où passèrent les pèlerins de Compostelle.
Montfort-en-Chalosse, Mugron, Montaut et Saint-Sever dominent les Landes, offrant d’extraordinaires panoramas, au nord sur l’océan infini des pins de la forêt landaise, au sud la vallée sinueuse de l’Adour, les coteaux ondoyants de la Chalosse, du Tursan et du Pays d’Orthe jusqu’aux premiers contreforts des Pyrénées.
Autres pays pleins de charme, riches de leur passé et fortement marqués par le caractère aventurier de l’Adour, ce fleuve qui changea plus d’une fois de lit, de son propre chef, mais aussi par convoitise des hommes. Il se jeta successivement à Capbreton, à Vieux-Boucau et à Bayonne. Le Seignanx entre Capbreton et la rive droite de l’Adour où domine Tarnos citadelle ouvrière et siège des Forges de l’Adour, et le Gosse, les plus petits pays du département des Landes. Enfin, l’Orthe, au sud de la Chalosse, véritable gardien du patrimoine landais avec notamment Sorde-l’Abbaye, et Hastingues.
Au Moyen Âge, la Voie des Anglais traverse ce qui est alors la baronnie du Marensin. Ce territoire est compris entre le Courant de Contis et celui de Soustons. La forêt du Marensin est une forêt primaire comme le sont certains massifs aquitains : Lacanau, Arcachon, La Teste de Buch, Seignosse et Biscarrosse. Cette unité féodale inclue les paroisses d’Azur, Castets, Saint-Michel et Escalus, le Boucau-Vieux, Léon, Linxe, Lit, Maâ, Messanges, Mixe, Moliets, Saint Girons du Camps, Saint Girons de l’Est, Taler et Vielle. Pendant près de six siècles, le Marensin est tributaire du système féodo-vassalique : il est acheté, échangé, confisqué, objet de convoitise, de récompense, source de conflit. Sous influence anglaise après le mariage d’Aliénor d’Aquitaine, il passe sous domination de la maison d’Albret jusqu’en 1584, date à laquelle son héritier Henri, futur Henri IV de France, vend la baronnie. Le baron de Tingon, les seigneurs de la Barre, de la Ferrade en sont les acquéreurs successifs. Au XVIIIe siècle, les comtes de Marcellus en sont les derniers barons. Durant le XIXe siècle, de nombreux habitants du Marensin et du pays de Born (appelés indifféremment « marensins » par les autochtones) viennent peupler les cantons « landais » de l’est (Landes, Lot-et-Garonne, Gironde), nouvellement plantés en pins maritimes afin d’y exploiter la résine, activité pratiquée depuis plus longtemps sur la côte.
Contis en Marensin
Concernant la Commanderie de Contis en Marensin, M. Antoine Du Bourg la mentionne dans son ouvrage, Histoire du grand Prieuré de Toulouse. « Une discussion, dit-il, se produisit dans le XVe siècle. Le Grand Prieur de Toulouse, P. de Raffin, ayant prononcé la réunion à la Commanderie de Cazalis des membres de Cunctis (Contis) et de Parentis, Saint Geniez et Billos, qui dépendaient jusqu’alors de celle de Bordeaux, le Commandeur de cette dernière, Guyot de Montarnal, réclama énergiquement la restitution de cette partie de ses domaines. Le Grand Prieur Pons de Malleville transigea avec lui et, pour calmer son mécontentement, consentit à lui rendre les membres enlevés à sa Commanderie, etc. (4 Juin 1485). Archives de Cazalis, L. I. Le même auteur dit encore : « Ce membre de la Commanderie de Bordeaux (Cunctis et Parentis) était situé dans le pays de Born, la plus misérable partie des Landes, tout à fait sur la côte de l’Océan. Il se composait de fiefs et des dîmes de quelques pauvres paroisses. Ainsi les Hospitaliers possédaient, dans la paroisse de Lit, la seigneurie de Cunctis, etc. Puis il nous présente Guillaume Ferrand comme commandeur de Cunctis et Parentis en 1328.
La Seigneurie de Contis avait dû être anciennement une paroisse comprenant deux chapelles et aussi deux commanderies, celle de Sainte Madeleine et celle de Saint Jean. Les terres et les habitants de cette paroisse furent, dans la suite, partagés entre Saint-Julien et Lit. « Le commandeur prétendait, nous dit M. Du Bourg, que sur ce territoire (Lit), l’hôpital possédait la chapelle de Chiquemine et que le curé devait venir y dire tous les ans la messe le jour de Sainte Madeleine. Le lieu où elle était placée doit être celui qu’on appelle aujourd’hui « Letot de Saint Jean » et qui se trouve assez près de la mer, au sud et sur la rive gauche du courant de Contis, donc dans le Marensin. L’enquête prouve que la chapelle dont parlait le commandeur n’était plus qu’une ruine où il était impossible de célébrer les offices ; les vassaux consentirent à ne pas obliger le Commandeur à la reconstruction de cette chapelle et à se rendre pour le service divin à l’église paroissiale de Lit devant l’autel où est l’image de Sainte Madeleine (1589). »
La Seigneurie de Contis avait dû être anciennement une paroisse comprenant deux chapelles et aussi deux commanderies, celle de Sainte Madeleine et celle de Saint Jean. Les terres et les habitants de cette paroisse furent, dans la suite, partagés entre Saint-Julien et Lit. « Le commandeur prétendait, nous dit M. Du Bourg, que sur ce territoire (Lit), l’hôpital possédait la chapelle de Chiquemine et que le curé devait venir y dire tous les ans la messe le jour de Sainte Madeleine. Le lieu où elle était placée doit être celui qu’on appelle aujourd’hui « Letot de Saint Jean » et qui se trouve assez près de la mer, au sud et sur la rive gauche du courant de Contis, donc dans le Marensin. L’enquête prouve que la chapelle dont parlait le commandeur n’était plus qu’une ruine où il était impossible de célébrer les offices ; les vassaux consentirent à ne pas obliger le Commandeur à la reconstruction de cette chapelle et à se rendre pour le service divin à l’église paroissiale de Lit devant l’autel où est l’image de Sainte Madeleine (1589). »
Cette commanderie, comme la plupart, dut avoir son hôpital. « Les habitants de ce quartier, dit M. l’abbé Légé, avaient dû abandonner leurs métairies, la chapelle Saint-Jean-de-Contis, près de la mer, et demander un refuge aux autres habitants de Lit, paroisse dont ils faisaient partie. En se mêlant à eux, ils firent don à la Communauté de Lit, des terres qu’ils avaient cultivées, à la condition qu’elle payerai les tailles et autres charges ordinaires et extraordinaires, de plus une rente annuelle de huit livres dont le quartier de Saint-Jean-de-Contis était redevable au Commandeur du Temple de Bordeaux. Le reste de la paroisse payait au même vingt livres, et depuis la conversion du quartier de Contis en terre commune, Lit paya au Commandeur une somme annuelle de vingt-huit livres ». La Commanderie de Contis (sans doute Saint-Jean) avait en 1733 onze tenanciers dont les noms suivent. Nous les citons, ainsi qu’une partie de la reconnaissance féodale à cause de l’intérêt rétrospectif qu’ils peuvent offrir aux habitants de la contrée. Ce sont : Maître Pierre Delest, procureur d’office du Maransin, Maitre Jean Duvignacq, notaire royal et sindique des habitants dudit Lit, Jeanton de Contis, dit du Micq, François de Sivrac à Lassalle, Estienne Lhospital, dit Pelocq, Jean Dupuy, dit Loustaunau, Jean de Badie, Arnaud de Contis, dit Piroy, Dominique de Matieau, Pierricq de Gadou, dit Chicoy Pierre, Dominique de Lalagüe, dit Pelon, laboureurs et habitants de la paroisse de Lit faisant, tant pour eux que pour les autres habitants d’icelle. De leurs bons grés et volontés, pour eux leurs oirs et successeurs à l’advenir et qui d’eux auront droit et cause, ils ont reconnu avoir et tenir en fief et féodalement suivant la coutume de Bordeaux, aux droits et devoirs seigneuriaux si après expécifiés et déclarés de messire Joseph François de Piolenc, chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, seigneur Commandeur du Temple de Bordeaux, Arbeyres, Cadarsacq, Poumeirol, La Lande, Poms, Le Bourgau, Leis, Jessis, Contis et autres lieux et mambres depandans des dites Commanderies absant ; mais M. Henry François de Saint-Martin, juge des juridictions de Biscarrosse-en-Born et Uza, habitant de la paroisse de Mimisan en Born et ledit Commandeur habitant de la ville Daix en Provance, ici présent, stipulant et pour ledit Commandeur acceptant, sçavoir est tout icelluy quartier de Contis scis et scittué en ladite paroisse de Lit, consistant en pignadars, chesres, tauzins, coursiers, marés, brau, herbage, eaux, rivières, estangs, pacages, et quant aux bâtiments, même la chapelle, terres labourables et à labourer, jardins, vergers et autres pocessions dont est fait mention dans les précédentes exporles, sont à présent couvertes par les sables de la mer et qui continue de couvrir le reste dudit lieu et quartier de Contis : confrontant à la craste du Ponticq à présent couverte des dits sables, qui divisait le Bédat dudit sieur Commandeur d’une part et le padouent d’autre, ainsy qu’il va aux arriestas, autrement aux haignas de l’hospitau et par la rive de la gran vigne couverte aussy de sable qui était anciennement de Jeannette de la Vignotte, et passe tout droit aux communs et le long des communs entre la puyade de patangeleyre, d’autre part vers la mer et de ladite puyade de patangeleyre qui va au travers des montagnes et sables jusques au Ponticq et Surgent de la Barthe, le chemin du puy d’autre part, et dudit Ponticq et Surgen va tout droit au travers du Brau vers soleil levant jusques à l’estang de Lit, et va dudit estang tout au long vers le nort droit à la mer par le courant qui passe devant la chapelle de la Magdelaine, jusques à la craste du Ponticq qui sépare ledit Bédat et le padouent. Les a reçus et reçoit pour tenanciers et affebats et iceux vêteux comme d’un nouveau fief et d’une nouvelle baillette, et ce au devoir d’un morlan d’exporle à chaque muance de seigneur ou de tenancier et pour huit livres morlanes valant vingt-quatre livres, de cens et rente foncière et directe, annuelle et perpétuelle payable par lesdits, affebats et les leurs à l’advenir audit seigneur commandeur, ses successeurs, procureurs, fermiers et comis au jour et feste de Saint Martin de chaque année, portée, rendue au dit lieu de Contis ou en ladite paroisse de Lit, au choix du dit seigneur Commandeur ensemble la dîme des fruits qui croîtront et naîtront chacun an es susdits lieux et ce suivant la coutume et antiennes, exporles et recognoissances sy devant faites. » Etc.
Source : L’Abbé A. Départ, Société de Bordas Dax (Landes), 1894.
La Fontaine Saint-Jean (rive gauche du courant, située 500 mètres en aval de la Fontaine Sainte Marie-Madeleine qui est sur la rive droite) est abandonnée, mais relativement facile à retrouver. Pour cela, deux solutions : la plus simple est de descendre le courant en canoë, et, lorsque vous arrivez dans le grand virage de Contis, ouvrez l’œil, elle se situe quelques mètres en amont, une large veine dans la pente abrupte du courant en indique encore l’emplacement. Elle coule seulement de manière épisodique durant les fortes pluies. De plus, elle est entièrement recouverte lors des fortes marées, il faudra donc l’approcher à marée basse. Sinon, vous pouvez l’atteindre aussi par un chemin : traverser le pont rose, prendre la direction de Lit et tourner juste au ras de la dernière maison ; un petit panneau rouge en indique l’entrée. Le chemin est un peu abandonné, mais toujours carrossable. Suivez-le sur environ 500 mètres, puis coupez à pied en direction du nord. Attention toutefois, les rives du courant en ces lieux sont assez abruptes. La fontaine Saint-Jean était jadis utilisée de la même manière que bon nombre de sources soignant les maladies de peau dans la région. On trempait un linge dans son eau, puis, on le passait sur la partie du corps malade. On y laissait parfois le linge à sécher, et, la tradition veut que, lorsque le linge est sec, la maladie ait disparue. De plus, nombre de personnes emportaient avec elles quelques litres de son eau, afin de continuer le traitement à la maison.
À Contis, la fontaine Saint Pierre a disparu.
Lit-et-Mixe
L’église Notre-Dame-du-Port de Lit date certainement du XIVe siècle. Elle conserve quelques éléments gothiques et des traces de son statut d’édifice fortifié, lieu de refuge dans les périodes troublées. Bordé par des marais au sud et à l’ouest, son système défensif était complété d’une enceinte. Agrandie et restaurée de 1876 à 1896, son clocher est alors exhaussé d’un étage abritant les cloches, don de la famille Crouzet. En 1904, la construction d’une flèche donne à l’église la silhouette que nous lui connaissons maintenant. À noter à Lit des objets classés ou inscrits dont une Pieta en pierre, des panneaux de tribune du XVe siècle, un Christ en croix du XVIe siècle et deux toiles de Roganeau.
L’église St-Vincent de Mixe fut érigée au cours du XVIIe siècle, au sud-sud-est de l’ancienne église envahie par les sables. Son patronyme témoigne de la présence de la vigne aux alentours. Le bâtiment se compose d’un clocher porche, d’une nef à l’origine lambrissée et d’un chevet à hémicycle. Pauvre d’ornementation, il a adopté la forme classique des petites églises de village comme celle de Vielle. En 1861, des fenêtres plus larges ont remplacé les petites ouvertures. Une sacristie a été adossée à la nef côté sud. Un pin sylvestre tente désespérément de pousser sur son clocher à qui il offre une curiosité inattendue.
À 5 km à l’ouest de Mixe, route du hameau de Muquéou, en contrebas de la maison forestière de Yons dans la lette de Talabot s’écoule la source dédiée à Notre-Dame-de-Yons, célébrée le 8 septembre par une messe rituelle en gascon. Les Pèlerins empruntant la voie littorale de Saint-Jacques apprécient ce lieu magique, idéal pour reprendre des forces au cours de leur périple. Dès 1810, le botaniste Jean Thore reconnait que « cette eau a la propriété de toutes les eaux ferrugineuses, elle est très bien indiquée pour rétablir les estomacs délabrés, et dissiper les engorgements des viscères abdominaux qui ne sont pas peu communs parmi les habitants des Landes ». Ce qui en langage plus clair veut dire que nos ancêtres savent se « tenir à table »… Au début du XXesiècle, l’abbé Foix (ma foi, pour une fois, cela ne s’invente pas) renchérit et affirme qu’elle est « aussi riche en propriétés médicales que tant d’autres si respectées dont les noms seuls attirent le monde le plus souvent. Mais perdue dans les sables où elle se trouve encaissée par trois dunes d’une hauteur prodigieuse, la fontaine de Yons n’est guère fréquentée ». Ses visiteurs évoquent « une grande quantité d’eau qui sort des sables, à deux kilomètres à peine de l’océan ». Ànoter que cette source est aussi un lieu de rassemblement pour une foire aux fusils attestée dès le XIXe siècle ; afin de perpétuer la tradition en ce lieu insolite, les habitants ont, au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, créé une fête très prisée, le premier week-end de septembre : c’est à un repas en plein-air que sont conviés les habitants qui peuvent alors profiter de la source pour, si besoin, « rétablir leur estomac et dissiper les engorgements des viscères abdominaux ».
Une source aux vertus insoupçonnées, Didier de la Lette, Lande terre des possibles, 2015.
Vielle-Saint-Girons
Dans le bourg de Saint-Girons, une colonne de pierre représente le monument le plus ancien de notre région, si riche en sites naturels, mais si pauvre en vestiges du passé, la pierre étant un objet de luxe dans une contrée où règnent les sables. Élevée certainement au XIe siècle, elle est une des quatre bornes qui délimitent un espace sacré appelé « sauveté » ou « sauvetat ». D’après des documents historiques, on sait que la sauveté de Saint-Girons est édifiée aux XIe et XIIe siècles ; les sauvetés ont probablement favorisé le développement de terres encore vierges et également vu apparaitre les étapes sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. La présence d’une commanderie est attestée à Saint-Girons. Les églises romanes sont du XIIIe siècle : Saint-Eutrope de Vielle et Notre-Dame de Saint-Girons ; à Saint-Girons on trouve des témoignages du culte de StMichel.
Au mois de février 2013, les employés communaux ont eu l’heureuse surprise de faire apparaître les restes d’un puits fort bien bâti. Ce puits, qui a donné une eau potable de bonne qualité pendant presqu’un siècle a une histoire singulière : c’est le premier « puits filtrant » construit en 1856 selon la technique inventée par Henri Crouzet, ingénieur des Ponts et Chaussées. Cette technique, qui consiste en une maçonnerie de briques parfaitement imperméabilisée grâce à une couche d’enduit spécial, fut très largement utilisée par la suite, dans le département des Landes et en Gironde – à Arcachon en particulier – pour fournir à la population l’eau potable qui lui faisait dramatiquement défaut jusque-là.
Saint-Michel-Escalus
Au XIVe siècle, un phénomène naturel concerne tout le Marensin, dont la commune de Vielle : les sables, poussés par des vents d’ouest, envahissent toutes les zones habitées et bouchent les cours d’eau. En conséquence, le lac de Léon triple de taille et les églises Saint-Michel de Gieure et Saint-Pierre d’Escalus seront déplacées (la commune actuelle résulte du rapprochement des anciennes paroisses).
La découverte en 1736 d’urnes funéraires, vases, armes, pièces de monnaies à Saint-Michel de Gieure prouve l’occupation du site depuis l’antiquité. Au Moyen-âge Saint-Michel de Gieure, fait partie de la baronnie du Marensin dirigée par les Albret (1355). La fin de la guerre de 100 ans, en 1453, se traduit par une période de prospérité pour le village qui devient le chef-lieu de la baronnie et compte bientôt 1000 habitants. Philibert- Archambaud du Sault la cède en 1664 à Bernard de la Lande. L’église romane Saint-Michel est positionnée au sommet d’un Tuc. L’architecture défensive est soulignée par des meurtrières et des contreforts massifs. Le cimetière en contrebas jouxte l’église. Depuis des temps immémoriaux une grande foire aux domestiques se tient au Tuc pendant le week-end le plus proche de la Saint Michel (le 29 septembre) ; venez célébrer la fête à la bergerie du Tuc dans la tradition la plus pure et dégustez le poulet aux oignons : un vrai régal pour petits et grands !
Tout comme Saint Michel, Escalus est une baronnie au Moyen-âge. En 1756, l’église Saint-Pierre est menacée par les inondations de l’étang de Léon qui s’étendait à l’époque sur plus de 1000 hectares (plus de 3 fois la surface actuelle). L’église est démontée et reconstruite à l’endroit actuel. De l’ancien emplacement, en bordure de la route de Léon subsiste un puits qui se trouvait au milieu de l’église, le puits Saint Pierre. Aujourd’hui, la commune de Saint Michel Escalus, conserve toujours l’histoire de son patrimoine landais (églises, fontaine, maisons anciennes, moulin, airials…) dans une nature variée (forêt, champs, ruisseau…) et perpétue les traditions des fêtes patronales, début juillet à Escalus.
« Comme d’autres fontaines des Landes, celle de Saint-Antoine (Saint Antoine de Padoue, fêté le 13 juin réputé pour guérir » le mal des ardents » ; celle-ci soigne les maladies de peau [des champignons au cuir chevelu par exemple] et l’eczéma. Le rite consiste à déposer une fleur et y faire ses ablutions) aurait déserté un jour son premier lieu d’implantation. D’après la légende locale, c’est un certain Bernard, berger de mauvais caractère porté sur la bouteille et le jeu, qui aurait provoqué la colère de la source. Les faits se sont déroulés le jour de la Saint Roch, où il était de tradition de faire bénir les troupeaux. Il en venait à Saint- Michel de Vielle, de Saint Girons, de Castets et même de Magescq ; les bergers en profitaient pour boire, jouer et parier. Le fameux Bertrand perdit une forte somme cette année-là et il en rendit responsable Saint Antoine, qu’il injuriât copieusement. Peu de temps après, une de ses bêtes mourut de maladie et l’homme, plus emporté que jamais contre le saint, alla à sa source, où il jeta le cadavre de la brebis crevée. Un autre berger l’ayant suivi fut témoin de la colère de la source : celle-ci se mit à gronder avec un bruit de tonnerre, la terre trembla et le point d’eau disparut dans le sol. Affolé, Bertrand alla chercher le curé, tandis que l’autre berger réussit à retrouver la source là où elle se tient à présent, calmée et ruisselante à nouveau, mais éloignée du village depuis cet incident. » (Olivier de Marliave-Guide des sources guérisseuses des Landes de Gascogne- Edition Sud Ouest). À Saint Michel Escalus, sur la route allant vers Linxe pénétrer dans le camping « Saint Antoine » (450 route Léon), prendre un chemin à l’intérieur du camping à gauche ; le point d’eau est repérable par une grande croix de bois qui jouxte à la limite des zones marécageuses.