Petite causerie vespérale relative à notre semaine thématique sportive et HTBoïate.
On le sait assez, le Basque est volontiers bondissant. Je dirai même qu’il l’est par essence. Autrefois, ce trait de caractère, ainsi que son goût immodéré pour le grandiose, l’amenaient fréquemment à bondir de son logis pour retomber dans sa barque afin d’aller chasser la baleine de Biscaye sur l’océan. À cette occasion, emporté par son élan, ses bonds le firent parfois franchir l’Atlantique — il y créa d’ailleurs d’importantes communautés euskariennes aux Amériques. Lorsque l’activité baleinière périclita, faute de combattants cétaciques, le Basque ne se priva pas de rebondir vers d’autres carrières et se fit notamment excursionniste bondissant. Bref, le caractère bondissant du Basque est définitivement établi et fort logiquement il lui fallut inventer des objets et des jeux tout également bondissants.
C’est ainsi qu’en 1938 le Bayonnais Louis Joseph Miremont créa l’Eskual Jokari, fabriqué uniquement par les Manufactures Réunies de Bayonne jusqu’en 1958 : la pelote sans fronton.
Le lecteur aussi HTBoïate que numérique, qui cherchera à me contredire sur la pertinence de cette chronique, en mettant en doute le caractère thématiquement sportif de celle-ci, révèlera ainsi qu’il n’a jamais couru au-devant de la balle qui vous revient « comme un boomerang ». Songeons à cette occasion au génie du dessinateur belge André Franquin qui permit à Gaston Lagaffe de greffer au Jokari une « super-balle », cette balle « super-rebondissante » qui fit notre bonheur d’enfant des années 70 — ainsi équipé, le Jokari pourrait aisément constituer une discipline olympique.
Le même lecteur pourra aussi probablement me dire que la chose n’est pas d’ici. Il n’empêche que ce jeu sportif fut pourtant bien pratiqué en Buch assidument et par beaucoup, dont l’auteur de cette chronique. Il nécessitait de l’espace. Un parking pouvait faire l’affaire, mais une plage constituait l’idéal, car il fallait compter avec la rupture de l’élastique qui pouvait occasionner quelques dégâts. Jean Dujardin, himself, en fit la promotion dans OSS 117 : Le Caire, nid d’espions dans un flash-back émouvant avec son ami Jack, une séquence tournée sur une de nos plages aquitaines.
Et puis, il faut bien noter qu’au Canon, une discrète villa se nomme Jokary, avec cet i grec qui distingue le citoyen du plébéien (comme dans Pyla), celui qui a « des lettres » et pratique le sport comme au temps des anciens Grecs et de Coubertin, en amateur parce qu’il bénéficie d’une fortune. Le Jokari était pourtant le sport des sans-le-sou.
Lien vers la séquence Jokari de OSS 117 : Le Caire, nid d’espions