Petite causerie vespérale incendiaire à l’occasion d’un prochain anniversaire*
À la suite des incendies exceptionnels déclarés dans le massif des Landes de Gascogne durant l’été 2022, la préfecture de la Gironde n’est pas restée les deux pieds dans le même sabot. Bien au contraire, elle a diligenté une mission d’étude qui, quelques huit mois plus tard, a permis la rédaction d’un document de synthèse établissant un bilan et un « retour d’expérience ». Ce rapport vaut son pesant de cacahuètes — on produit d’ailleurs désormais ces légumineuses en Aquitaine (vendues salées à un tarif prohibitif par une marque un peu « perchée »), mais cela n’a rien à voir avec cette chronique.
Autant le dire tout de suite, le bilan des incendies est jugé « positif » par la préfecture, celle-ci n’ayant cependant pas osé (et on peut justement le déplorer) reprendre l’adverbe « globalement » qu’utilisa le regretté Georges Marchais pour quelque peu modérer le rôle positif de l’ancienne URSS et de ses satellites en terme de progrès et d’humanisme. Bilan positif donc, essentiellement parce que personne n’est mort et que, heureusement, toute la forêt girondine n’a pas brulé — bien moins de 10 % de celle-ci sont partis en fumée (tout de même 6,5% de la surface forestière du département, c’est-à-dire plus précisément 30 000 hectares, dont plus des deux tiers concernent le secteur autour de Landiras), bref quasiment un brimborion, une broutille. A peine compte-t-on une grosse vingtaine de maisons détruites par les flammes (2 à Landiras et 17 à Belin-Beliet pour le mégafeu de Landiras contre seulement 3 à La Teste-de-Buch), ce qui est peu lorsqu’on n’est pas concerné et représente pour leurs propriétaires une belle opportunité de refaire la déco — pourquoi vouloir toujours voir tout en noir ?
Le dispositif de gestion de crise est qualifié de « hors-norme ». Tu m’étonnes John, près de deux milliers de pompiers, trois ou quatre Canadairs et deux avions Dash ֫— ceux qui n’étaient pas en panne ou en entretien —, mobilisés (un peu tardivement). Même les Grecs et les Italiens sont venus à notre secours, c’est dire si on était dans le « hors-norme » le plus total, ou pour le dire plus trivialement dans une merde noire, le sauve-qui-peut et l’improvisation générale, toutes choses permettant au génie français de pleinement se révéler (comme en 40).
Résumons-nous, devant le bilan ainsi exposé par les services préfectoraux du traitement de ces incendies, on ne peut que saluer, d’une part la pertinence du propos et d’autre part la modestie avec laquelle celui-ci est exprimé.
Quant au « retour d’expérience » (les leçons qu’il faut en tirer afin d’éviter une récidive), je laisse au lecteur aussi HTBoïate que numérique le soin d’en prendre connaissance ci-dessous. Comme disent les jeunes, c’est du lourd !
- Adapter le cadre juridique des zones d’appui et envisager leur pérennisation.
- Renforcer la prise en compte du risque feux de forêt chez les élus, les professionnels et le grand public.
- Faire évoluer le règlement interdépartemental de protection de la forêt contre les incendies (RIPFCI).
- Améliorer la connaissance des incendies et de leurs conséquences.
- Poursuivre le travail d’anticipation et de préparation de gestion de crise.
- Améliorer la sécurité juridique des travaux d’urgence.
- Formaliser les procédures en matière d’évacuation et d’hébergement.
- Accompagner la professionnalisation et le renforcement des moyens de la DFCI.
Je suis bien certain que tout un chacun sera rassuré par l’ampleur du plan ainsi établi sous la houlette de la préfète Fabienne Buccio. Et que le même tout un chacun pourra conséquemment dormir tranquille… sauf à Hostens ou la lignite se consume encore à ce jour.
Thierry PERREAUD
(*) L’incendie de La Teste-de-Buch se déclare vers 15 h 00 le mardi 12 juillet ; le même jour et une heure plus tard un deuxième incendie est signalé près de Landiras. Le mercredi 28 septembre 2022, la préfète de la Gironde annonce par un communiqué de presse que l’ensemble des feux sont désormais éteints après deux mois et demi de lutte.