Petite causerie vespérale touristique.
L’Homme ne cesse de s’interroger sur lui-même et ses contemporains. Parmi ceux-ci l’Homo touristus n’échappe pas à cette introspection tant ses hordes sont présentes en quelques endroits du territoire national — 95 % de nos touristes vont sur seulement 5 % de celui-ci et la Gironde fait hélas partie de ces rares zones d’attractivité, c’est dire si le surtourisme n’est pas ici une vue de l’esprit.
Ainsi, aujourd’hui sur la France-Inter se demandait-on « Comment nomme-t-on les touristes dans certaines régions de France ? ». Le linguiste Mathieu Avanzi y répondait en citant quelques régionalismes : Monchû (monsieur) en Savoie, pinzutu (pointu) en Corse, horsain (de forain, étranger) en Normandie, baignassoute en Vendée (la signification en est évidente et rappellera le bassineyre dont on se prévaut ici par contre-pied).
On peut déplorer qu’il ne fût pas question des dénominations usitées en pays de Buch pour désigner les touristes. Pourtant il en eut et il y en a encore.
Au XIXe siècle, début de la station balnéaire et climatique d’Arcachon, on évoquait les villégiaturistes (riches oisifs venant donc en villégiature) et les curistes (tuberculeux ou autres pulmonaires recherchant pour leur santé le secours qu’offrait l’air iodé et balsamique de la ville d’hiver), mais tout comme en Savoie on parla ensuite aussi de monsieur, quand celui-ci s’offrit une pinasse qu’un marin local se chargea de piloter (la pinasse de monsieur).
Lorsque les touristes furent d’ascendance germanique et portèrent un costume vert de gris, on les appela doryphores en référence à l’insecte ravageur des patates, tubercules dont les troupes d’occupation privèrent les populations locales. Plus généralement c’était l’estivant ou encore l’estrangèr. Ma grand-mère andernosienne s’en plaignait autant qu’elle comptait sur les pépettes apportées par les locataires des deux appartements qu’elle louait dans sa villa Ric et Rac.
On voit par là que les estivants peuvent être ici tout à la fois redoutés et appréciés… pourvu qu’ils ne restent pas trop longtemps. C’est heureux, ils sont aujourd’hui (presque tous) partis.