Fumé aux algues du Bassin d’Arcachon

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Petite causerie vespérale fumée aux algues du bassin d’Arcachon.

Le génie de l’Homme ne cesse de se surpasser et d’étonner.
C’est, à peu de chose près, la pensée qui me vint à l’esprit alors que, cherchant à me réapprovisionner en tisane écossaise (adjuvant indispensable à la rédaction de mes chroniques), je tombais sur un nouvel avatar du breuvage originellement créé par nos amis écossais à la fin du XVe siècle — j’écris « nos amis », non pas par euphémisme ou bienveillance, mais parce que l’Ecosse est une alliée objective de la France contre la perfide Albion (l’ennemi héréditaire), et ceci depuis plus de sept cents ans, grâce à la signature du traité dit « Auld Alliance » (Vieille Alliance) en 1295. D’autres de mes amis, les Arcachonnais, apprécieront ce rappel historique et se souviendront d’un sympathique écossais, le vice-roi des Indes William Laird Mac Gregor, himself, qui donna à la perle du bassin deux splendeurs, les villas Glenstraë et Graigcrostan). Je m’égare un peu mais cette disgression me permet d’expliquer pourquoi on a bien raison ici de consommer le single malt gaélique.

Or, un distillateur bordelais bien connu propose désormais une variante « smoky » de son whisky, et pas n’importe laquelle puisque celui-ci est fumé… carrément aux algues du bassin d’Arcachon !

Je me perds en conjecture sur la nature de ces algues. S’agirait-il de grandes ou de petites zostères ? Ou bien du goémon noir, ces algues « qui pètent », équipées de leurs petits ballons ? j’ai beau goûter, re-goûter, m’en humecter papilles, glotte et gosier, je ne parviens pas à le déterminer… et refais le niveau de mon verre.

Et puis, je m’interroge : comment s’approvisionne cet établissement ? Fait-il appel aux municipalités dont les rivages bordent la petite mer de Buch et qui criblent le sable de leurs plages afin qu’elles paraissent immaculées ? Non, il y aurait trop de plastoc dans la récolte. Y-aurait-il désormais, parcourant l’estran arcachonnais, des récolteurs de varech dûment rétribués pour cette tâche destinée au fumage du whisky, comme — même si la chose est sujette à caution —, il y aurait eu autrefois des ramasseurs d’écume de mer approvisionnant la petite industrie locale du taillage de pipe (d’écume) ?

On ne sait pas.

Une déception cependant, que l’étiquette de la dive bouteille ne mentionne pas plutôt « fumé au varech du bassin d’Arcachon ». Je n’en vois plus trop et aurais aimé le voir imprimé sur l’étiquette en même temps que ses senteurs salines et organiques me seraient venues au nez.

Un des principes de base de la réclame consiste à vanter essentiellement les qualités que le produit ne possède pas. C’est d’ailleurs ainsi que le progrès ne connait pas de répit dans sa pleine et entière progression. La dernière mouture de la tisane écossaise de Bacalan n’en reste pas moins recommandable.

Thierry PERREAUD

Aimé

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