Fontaine Saint-Jean de La Teste-de-Buch

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Cette promenade, qui consiste à aller visiter la fontaine miraculeuse de Saint-Jean, est jalonnée de panneaux indicateurs réalisés par le service Infographie de la commune de La Teste-de-Buch.

On rencontre toujours quelqu’un aux environs et dans le sud-ouest de La Teste pour indiquer la route du moulin de Braouet, petite chute d’eau, et en suivant la base des dunes de Branquecouraou, qui ont 47 mètres de haut, au milieu d’une région très pittoresque, offrant une vue étendue sur le Bassin, avec de profonds vallons ou lettes boisées, on arrive à la fontaine. Cette petite source qui se déverse dans de verdoyantes prairies, est entourée de statuettes insignifiantes, parce que cette eau a, dit-on, la propriété de guérir les maladies des yeux.

L’Avenir du bassin d’Arcachon du 15 novembre 1903

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6158120d/f1.item.r=%22moulin%20de%20Braouet%22teste-de-buch

Dune de Branquecouraou

Branquecouraou est un nom délicieusement gascon, et j’insisterai sur la prononciation du « aou » final comme une diphtongue : « àw » et surtout pas « ahou » !

Il est parfois écrit « Branque-couraou » et il faut comprendre ce que ces deux mots mis ensemble peuvent dire. On peut toujours imaginer un lieu nommé à partir du nom ou du surnom d’un homme, mais il me parait plus probable que ce nom ait décrit cet endroit, où il y a des dunes et un marais. « Branque » voulant dire « branche », on pourrait trouver que « couraou » dans le sens « cœur de chêne » irait bien avec : un endroit où on allait se couper des branches de chêne pour avoir cette sorte de bois ?

Si on part sur l’hypothèse de corrau (avec deux r = « espace de parcours »), on peut à la rigueur imaginer un embranchement de chemins de parcours.

Je viens de regarder : je ne vois en Gascogne aucun autre cas de toponyme composé avec « branque » et un autre mot. Je sens que nous allons garder ce nom comme un mystère délicieux !

https://www.gasconha.com/spip.php?loc28186

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Branquecouraou = Branche dure à cœur : le nom évoque une branche (branque) très dure comme le cœur (corau) des arbres. Certains  évoquent à ce propos le chêne de la Fontaine Saint Jean ; couraou = cœur du bois de chêne / brancut plein de nœuds se dit du bois bran chicot (nœud dans le bois)[1].

En partie sud de la Montagnette Ancienne, au nord de la Fontaine Saint-Jean, dernier bastion de vieilles dunes face à l’invasion des sables. En 1781, dans un acte de vente, il est écrit : « Branquecoureau, confrontant du midi à des sables mouvants et de l’autre confrontant à la lette du Baron Capet, couverte de sables mouvants. »

La partie centrale fut d’ailleurs submergée et donc ensemencée par l’État en 1819 ce qui créa une nouvelle forêt ; mais elle n’est plus usagère car, en 1833, la Justice la rendit à la famille Peyjehan qui avait pu apporter la preuve que la propriété ensevelie par les sables lui appartenait.

En début de notre randonnée, nous croisons un magnifique chêne liège planté sur le plateau qui sert à plusieurs postes d’observation installés par les chasseurs.

Le Trou de l’Enfer

Cette appellation est donnée à une très profonde vallée qui se trouve enclavée par les dunes de Branquecourau, de Ginestras et la Montagnette.

D’où diable pouvait bien venir cette dénomination bizarre et inusitée ? Vu du Ciel, le « Trou », à vrai dire, est terrifiant ! Nous n’y avons vu que du vert ; mais ne peut-on imaginer qu’elle put être la vision d’un daltonien qui n’y aurait vu que fournaise ? Phénomène géologique étonnant où la crête de Branquecouraou verse en abrupt sur les deux versants !

Cette carte montre le circuit passant par le fond du trou ainsi que la clôture de la propriété de 56 hectares

Malgré notre première impression, notre curiosité nous a conduits à descendre au fond du gouffre, quitte à prendre le risque de ne plus pouvoir s’en extraire ! Lorsque l’on pense au succès dans cette vie, on imagine habituellement de grandes maisons, de beaux vêtements, de beaux bijoux, et des voitures dispendieuses ; la stabilité financière est perçue comme la clé d’une vie heureuse.  Pour la plupart des gens, le succès est inséparablement lié à l’argent, même si c’est très loin d’être la vérité.  Combien de fois avons-nous vu les gens les plus fortunés vivre des vies tellement exécrables qu’elles les mènent parfois jusqu’au suicide !  L’argent est une chose que les humains, par nature, désirent par-dessus tout, et dans la création de ce désir, il y a une grande sagesse.  Lorsque ce désir n’est pas assouvi, cela cause un certain degré d’insatisfaction et de détresse chez les gens. Rien de tout cela lorsque nous sommes arrivés au fond du fond du Trou : pas d’Enfer mais la sérénité, demeure de paix, de félicité et de joie. Et … nous en sommes revenus !

Nota : il existe un autre « Trou d’enfer » à Bazas, comme en de nombreux autres lieux…

La Montagnette

Nous atteignons « la Montagnette d’où nous apercevons la tour massive du clocher de La Teste et les vertes prairies sur lesquelles le soleil couchant a jeté des teintes orientales… »

L’Avenir d’Arcachon du 22 mars 1931

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5422218h/f1.item.r=%22moulin%20de%20Braouet%22

La végétation ayant pris le dessus, nous avons peine à distinguer le port de Rocher et, en arrière-plan, le fond du Bassin.

Le 9 septembre 1879, MM. Élomir Astruc, Jules Gommès, et Bernardbeig se rendent adjudicataires, entre autres, de lots dépendant des sociétés d’acquêts et succession Dehillotte-Ramondin comprenant des pièces de pins à Cabau, La Grave, Pilat Sud et Nord, Pilat et Pissens haut et bas, Montagnette nord et sud, et Ginestras.

Les 56 hectares de La Montagnette, qui appartiennent aux consorts Lamarque[2], méritent le détour ! En 1984, les Lamarque proposent :

– soit un lotissement de 600 lots avec un accès des automobiles au lotissement via le garde-feu du Centre, et un accès piétonnier depuis le Bassin via le lotissement de Super-Pyla et l’Éden de la Côte d’Argent ;

– soit la création d’un parc résidentiel de loisirs (solution, au parfum social marqué, ayant reçu la bénédiction de l’Administration en 1983) comportant 400 pavillons légers, un golf 18 trous ;

– soit une petite unité résidentielle d’une quarantaine de maisons pour clientèle aisée, cédant alors 90% des terrains à la commune contre le droit de construire une cinquantaine de villas.

C’est cette dernière proposition qui reçoit l’agrément du Conseil municipal de La Teste tel qu’en témoigne le courrier adressé à M. Pierre Lamarque, le 26 septembre 1984.

Suite à une verbalisation intempestive pour chasse en dehors des périodes d’ouverture, en 1992, les nouveaux acquéreurs souhaitent édifier une clôture, grillage sur poteaux bois, en vue de protéger des daims parqués à l’intérieur, en préservant une bande de 5 mètres en bordure de la propriété pour permettre la circulation des piétons. Il semble qu’il n’y ait eu aucune objection de la part de la municipalité de l’époque alors que l’emprise du chemin rural n° 14[3] est concernée par cette clôture qui, désormais, entrave son libre usage…

Pin bouteille

En chemin, nous croisons un pin bouteille aux airs penchés…

Les pins bouteilles sont des vestiges d’une activité multiséculaire, le gemmage (du latin « gemma ». pierre précieuse que rappelle la couleur ambrée de la gemme) : c’est l’opération qui consiste à pratiquer une incision dans l’aubier du pin afin de provoquer l’écoulement de la résine ou gemme destinée à assurer sa cicatrisation. Cette blessure, la care, est pratiquée par le résinier (l’arrousiney) à l’aide d’un hapchot ou d’un bridon. Aux pins bouteilles s’opposent aux pins-bornes, non gemmés, qui délimitent les parcelles.

Le pin bouteille porte parfois d’autres stigmates du gemmage pratiqué avec la technique dite du pot ascensionnel (suivant chaque année la montée de la care), pot en terre cuite, souvent vernissé, qui porte le nom de celui qui l’a mis au point au milieu du XIXe siècle, Pierre Hugues : la pointe soutenant le pot ou la bire, le crampon, lamelle de zinc canalisant la résine dans l’axe de la care. À ses pieds on peut encore retrouver quelques pots enfouis, beaucoup plus rarement les galipes (gemelles), copeaux résultant de l’incision.

Le procédé, qui consiste à piquer le pin avec la « rainette » puis à pulvériser d’acide sulfurique, apparu dans les années d’après-guerre (1946-1949), s’est développé dans la forêt landaise surtout dans les années 1960 car il demande moins de main d’œuvre et augmente la productivité d’environ 20%. L’acide retarde la fermeture des canaux résinifères et augmente la quantité de résine produite. Après récolte, la résine est distillée pour obtenir de l’ordre de 20% d’essence de térébenthine et 80% de colophane utilisés notamment pour les peintures, vernis, encres, en pharmacie et parfumerie… Avant la maîtrise de cette technique vers le début du XVIIIe siècle, la résine était cuite dans une chaudière de charbon pour donner du goudron, produit hautement stratégique au XVIIsiècle, où la puissance d’un État se mesure à l’importance de sa marine, car utilisé pour le calfatage des bateaux (étanchéisation de la coque) et l’imputrescibilité des cordages.

Un peu d’histoire

Le gemmage est l’une des actives les plus anciennes, les plus rémunératrices, avec la pêche et l’élevage, jusqu’au milieu du XXe siècle. Cette ancienneté résulte de l’existence d’une forêt primitive, naturelle, sur des dunes anciennes. La Grande montagne, où le pin maritime, « arbre d’or », se mêle au chêne pédonculé vert ou liège, contrairement à la forêt landaise plantée massivement à partir du milieu du XIXe siècle. Ce massif constitue la forêt usagère régie par des transactions dont la plus ancienne remonte à 1468. Après un âge d’or au début du siècle, elle décline à partir des années 1930 du fait de la concurrence étrangère (Espagne, Portugal, Grèce) et des dérivés pétroliers (ex. du white spirit se substituant à l’essence de térébenthine). Dès les années 1990, existent des tentatives de relance de l’activité, qui se précisent depuis les années 2010, dans un contexte plus favorable (mise au point d’un procédé en vase clos assurant un produit de haute qualité. nouveaux débouchés dans les industries chimiques et pharmaceutiques…)

Moulin du Braouet

Nous marchons vers « le moulin de Braouët où un chien landais nous accueille en aboyant »

L’Avenir d’Arcachon du 22 mars 1931

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5422218h/f1.item.r=%22moulin%20de%20Braouet%22

Braou = Brau = endroit marécageux (celte braccu= bourbier, d’où brau dérivé en bran ; petit marais) ; un braou est un marais, un braouet, un petit marais. Ces formations sont fréquentes dans les vallées au milieu des dunes paraboliques.

Le Moulin du Braouet, sur la craste Douce en aval de la fontaine Saint-Jean apparaît sur vieux livres cadastraux Section B 6° feuille. Ruine moulin sur Atlas Départemental 1885. Le ruisseau du Braouët se jette à la pointe de l’Aiguillon sur l’Atlas Départemental, les « prés salés est » allant jusque-là.       

Un acte de vente par Nicolas Taffart à Jean Fleury, du 5 août 1781, fait état de deux « pièces en nature de bois » de pins en partie et l’autre en sables mouvants, situées dans la présente paroisse : l’une appelée Branquecouraou…, confrontant du levant à un marais qui fournit ses eaux au moulin de Braouet, du couchant au chemin commun qui conduit plus loin dans la montagne et forêt de ce lieu ; du midi à des sables mouvants et du nord aux pins de M. de Chassaing… »

Mémoire sur la propriété des dunes de la Teste, André Ferradou (1872-1945), 1930.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9763548n/f442.item.r=Branquecouraou

Les activités traditionnelles du pays, la résine, la pêche et l’ostréiculture, principales sources de revenus, coexistent avec une agriculture de subsistance jusqu’au début du XXe siècle. Malgré un actif commerce de grains, notamment avec la Bretagne, et un sol peu propice, une production céréalière modeste permet de subvenir aux besoins locaux.

Chaque ferme possède un four pour cuire son pain, comme celui dont on voit ici les vestiges, et comme le signale un poète local, Gilbert Sore, dans son livre « Entre dune et Bassin » sur La Teste en 1900 : « Nous sortons à peine d’un temps où l’on vivait en circuit fermé, où chaque ferme avait son four ». Une industrie meunière existe donc sur le plan local jusqu’à la fin du XIXe siècle avant son remplacement par les minoteries. Les moulins à vent, localisés principalement sur le littoral, prédominent. Le moulin de Bordes, en bordure des « prés salés est », en est le dernier représentant. Mais des moulins à eau sont implantés sur des ruisseaux et des crastes qui forment un réseau dense pour le drainage du plateau landais rendu nécessaire par la faible pente et la couche imperméable d’alios (le cadastre de 1848 mentionne 7 moulins à vent pour 3 moulins à eau). Le moulin de Braouet, dont les dernières traces ont sans doute disparu vers 1980 mais que la carte du Conseil général de 1875 signale déjà comme ruines, était implanté sur la Craste douce, à l’ouest du lieu-dit La Séoube, dans un quartier excentré à l’ouest du bourg mais un chemin de même nom y conduisait directement avant la création de la voie directe. Cette craste dénommée « ruisseau de Braouet », sur cette même carte, débouche sur les Prés Salés ouest. Certains projets en amont, n’ont pu se réaliser du fait de l’opposition des propriétaires riverains craignant que le rehaussement des eaux nécessaires n’ennuient une inondation de leurs parcelles, parfois récemment conquises sur les marécages, exemple parfait d’un conflit d’usages. Ces moulins font partie du patrimoine de familles de notables, seules susceptibles de réaliser les immobilisations nécessaires, la famille Peyjehan, pour te moulin de Braouet [François Honoré de Peyjehan selon le cadastre de 1868). Ils sont loués à des meuniers (bail à ferme), qui se rémunèrent notamment par une partie de la mouture, traditionnellement 1/16e. Le faible débit de ces cours d’eau ne permet souvent qu’un fonctionnement intermittent.

Le moulin lui-même, reçoit des appellations diverses « Moulinot » (carte de Cassini). « Braouette » (Clavaux). « Brauvet » (Belleyme). « Moulin de la Mole» (G. Sore), la « mole » signifiant moulin à eau en gascon.

        La fontaine Saint-Jean

La fontaine existait déjà en 1810… Elle est réputée pour soigner les maladies des yeux (Guide d’Arcachon, Gabory, 1896).

Le vieux chêne de la fontaine avait trois troncs qui partaient de sa base, chaque tronc ayant une circonférence d’environ 2,60 mètres, le plus haut culminant à une vingtaine de mètres ; l’un de ces trois troncs a été cassé le 4 octobre 1984, lors de la tempête Hortense, à 1,50 mètre de sa base.

Cette fontaine, située au pied d’un chêne séculaire en bas de la Montagnette, à l’extrémité des prés de Branquecouraou, source de la craste douce, a été de mémoire testerine le lieu de pèlerinage où la population partait en procession le jour de la Saint-Jean (Baptiste), le 24 juin. Le clergé emmenait, ce jour-là, une statue de Saint-Jean bariolée (déjà disparue en 1972) quelle déposait pour la journée sur un socle en pierre. Interrompue pendant la durée de la Première Guerre mondiale, elle reprend par la suite, mais donne lieu à des débordements païens et attire l’hostilité des autorités religieuses.

Sa pratique cesse au milieu des années 1920. Les tentatives postérieures pour la relancer échouent.

On ne peut dater avec précision l’origine de cette procession religieuse, peut-être pratique païenne à l’origine, mais elle figure sur le cadastre napoléonien de 1810 comme fontaine de la dévotion.

Le site a été défiguré après la Grande guerre par un maçon qui prit l’initiative de construire autour du bassin une sorte de grotte en ciment, en lui adjoignant un tronc pour recevoir les offrandes qui devaient payer sa peine. Cette grotte s’est écroulée en bouchant le bassin. En juillet 1972, le bassin est dégagé par Mme Grenier et ses jeunes. Le vieux chêne de la fontaine avait trois troncs qui partaient de sa base, chaque tronc ayant une circonférence d’environ 2.60 mètres, le plus haut culminant à une vingtaine de mètres ; l’un de ces trois troncs a été cassé le 4 octobre 1984, lors de la tempête Hortense à 1,50 mètre de sa base.

Sources : «Sites et pierres du pays de Buch », Michel Boyé, bulletin SHA De Baquemorte à Mapouchet – Entre Dune et Océan -, Gilbert Sore.

André Rebsomen, dans Arcachon et le pays de Buch, Guide touristique la décrit en ces termes : « L’agréable promenade de la fontaine Saint-Jean. On peut s’y rendre facilement en allant d’abord au nouveau cimetière et en se dirigeant ensuite vers l’ouest, tout en demeurant au pied de la dune de la Montagnette (forêt ancienne avec fougères). Cette source est ombragée par un superbe chêne, son eau est ferrugineuse et légèrement sulfureuse ; elle a, dit-on, des propriétés miraculeuses spécialement pour la cure des maladies des yeux. »

Le poète testerin Gilbert Sore a été inspiré par le site, dans son ouvrage : De Baquemorte à Mapouchet- entre dune et océan – ; il la décrit dans ce poème :

Un vieux chêne évoque les druides,

D’un autre monde éphémérides,

Robes blanches, faucille d’or ;

Et la source miraculeuse

Perle sous lui son eau rouilleuse :

Trône Saint-Jean dans ce décor.

Il décrit également la procession du 24 juin en ces termes.

« La fête à la source Saint-Jean, dans la forêt, marque un grand moment de l’année. Surtout pour la jeunesse… Il faut traverser prés et champs, suivre la carreyre de la Migrèque, aborder les pins de la Séougue, traverser les prés de Branquecouraou. Et toujours devant nous, la couronne des pins de la dune Saint-Jean domine de sa pointe le moutonnement de la forêt. C’est un appel qu’elle lance vers nous… Après Branquecouraou, quelques pas sous les frondaisons et nous débouchons sur la fête. Devant nous le grand chêne, le chêne séculaire aux branches extraordinaires, sur lequel courent tant de fables. Pourquoi ai-je appris depuis que ces fables sont communes à beaucoup de villages ? La source miraculeuse se niche à son pied, dans l’ombre profonde du feuillage. Pour la circonstance, des mains pieuses l’ont nettoyée de ses feuilles et de tous les déchets accumulés une année durant… À l’abri du chêne et pour la circonstance, un petit Saint-Jean éclate de peinture fraîche. Des femmes trempent un mouchoir dans la source et le portent à leurs yeux ou aux yeux de jeunes enfants, espérant l’action bienfaisante de cette eau miraculeuse… Plantées au hasard, à la hâte pour ce jour de fête, des tentes vertes abritent des tables de bois où l’on mange et l’on boit. Partout, des interpellations, des chants, des cris ; la forêt vibre. Un modeste étalage, le plus couru peut-être, présente les premières cerises de l’année. Mais, tout à côté, une large coulée de sable clair dessine l’essor de la dune et, vers le sommet, semble s’accrocher au nuage. C’est là notre champ clos. Tous les enfants y sont rassemblés, les uns grimpent, les autres dévalent ou roulent dans toutes positions, se poursuivent, se bagarrent, chutent les uns sur les autres. Les robes colorées des filles se soulèvent dans le vent. On joue à cache-cache dans les sous-bois. C’est l’attente angoissée de la découverte pendant que les cœurs cognent d’émoi ! »

https://www.wikizero.com/fr/La_Teste-de-Buch

Sur la colline de Saint-Jean

Colline de Saint-Jean ! Forêt ! Branquecouraou !

Chêne antique filant du passé la quenouille !

Source miraculeuse au bruit lent de gargouille

Qui baigne l’aubépine odorante du « braou » !

O Saint-Jean d’autrefois ! de l’antique village !

Quand le cœur et les sens des rudes Testerins,

Des marchands, des bourgeois, résiniers et marins,

Venaient par les sentiers chatoyants de feuillage !

Une ombre de mystère, où palpitait la foi

Naïve de ces temps, inondait le grand chêne ;

Les femmes puisaient l’eau bénite à la fontaine,

Et des cierges brûlaient sur la mousse des bois.

Oh ! La fraîcheur de voûte où l’âme se recueille !

les flammes grésillaient et fumaient lentement ;

Au souffle des soupirs et des balbutiements,

Les oraisons montaient vers le frisson des feuilles.

Tout proche, sur la chair du sable étincelant,

Ou la dune croulante est une eau qui s’épanche,

Les jeune gens glissaient, bruyantes avalanches,

Chutes aux cris joyeux, envols de jupons blancs.

                                                 Gilbert Sore[4]

Le marais de Saint-Jean : une aulnaie marécageuse

La Fontaine Saint-Jean se trouve aux pieds des arrières-dunes recouvertes de forêts. La dune de Branquecouraou est une dune récente. Elle fait partie du système des dunes barkhanes qui ont menacé d’envahir la ville aux XVIIIe et XIXsiècles sous l’effet des vents très violents. Elle a débordé sur la Montagnette qui elle fait partie du système des dunes paraboliques, très anciennes, qui comprend, du nord au sud, la Petite Montagne d’Arcachon, la Montagnette et la Grande Montagne, recouvertes par la Forêt usagère.

Ces arrières-dunes se fragmentent en deux parties :

  • une partie boisée, avec des chênes, le chêne pédonculé étant le plus présent, des chèvrefeuilles des bois, des houx, des fougères aigles, des fragons ou encore des garances voyageuses.
  • une partie marécageuse (couche d’alios. imperméable). Ce marais d’eau douce est protégé car ce type de zones humides est en régression et présente un véritable réservoir de biodiversité. Sous la strate arbustive composée majoritairement d’aulnes (Alnus), toute une faune et une flore inféodée à ce milieu, telle l’osmonde royale (Osmunda regalis), le carex paniculé (Carex paniculata). la bruyère du Portugal (Erica lusitanica).

Parmi les coléoptères à présence certaine, on peut citer « Aegosome Megesoma scablicorne) que l’on trouve habituellement sur bois mort ou pourrissant.

[1] – Dictionnaire patois de La Teste, 1870

[2] – Georges Lamarque, 13, rue Vergniaud, 75013 Paris ; Pierre Lamarque, 69, Domaine du Landry, 35000 Rennes. AMLTDB 380W50 & 51.

[3] – En 1846, ce chemin est classé dans la catégorie des chemins ruraux « qui doivent être conservés soit comme voie de communication, ce qui était le cas, soit pour l’exploitation des terres, ce qui est aussi le cas : c’est le chemin naturel pour accéder aux semis. Le chemin est ainsi décrit :  » commence au chemin de Braouet à la Montagnette, va vers l’océan, traverse les semis du gouvernement, passe au gartiou, et débouche sur le rivage de la mer. » Longueur 4400 m ; largeur 4 m.

[4] – Gilbert SORE (1892-1977) Instituteur, écrivain et poète, qui s’est fait le chantre de son « cher pays », de sa « race d’écume et de poix ». Auteur d’un magistral portrait du La Teste de son enfance, celui du début du XXe siècle (De Baque morte à Mapouchet : Entre dune et bassin). Commandeur de la Légion d’honneur.

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Raphaël

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