Estivant et touriste, deux espèces assez proches

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Petite causerie vespérale consacrée à l’estivant et au touriste, deux espèces de mammifères assez proches mais aux mœurs cependant différentes.

Lorsque ma grand-mère andernosienne évoquait les bipèdes à station verticale venant passer leurs vacances dans une de nos petites stations balnéaires, elle les désignait par le terme très précis d’estivants. Car elle connaissait le sens de ce mot. Elle n’était évidemment pas la seule et tout un chacun utilisait alors et à bon escient le même vocable.

L’estivant ne doit pas être confondu avec son cousin proche le touriste. Ce dernier est souvent étranger au pays (un estrangèr) et peut pratiquer l’itinérance, un jour ici et le suivant ailleurs. Non, l’estivant est une chose différente. D’une part il est aussi possiblement bordelais que cousin germain (de Germanie) et, d’autre part et surtout, il ne possède pas le dynamisme géographique, la bougeotte, bref le désir impétueux de voyager toujours un peu plus loin qui anime le touriste — au contraire l’estivant devient statique dès qu’il pose le pied ici… et on comprend aisément, au vu des vertus du Bassin, qu’il ne souhaite pas en bouger.

L’estivant est celui qui estive, c’est-à-dire celui qui pratique l’estivage. C’est ainsi que l’on faisait autrefois avec les troupeaux de moutons qu’on amenait l’été venu (l’estiu), à la saison estivale (l’estiuade), pâturer dans les montagnes Pyrénées… et pas dans les alpages, car la chose est définitivement gasconne.

Le Général prétendit que « les Français sont des veaux » — c’était après l’armistice de 1940 et son fils Philippe de Gaulle le rapporta, ce qui tendrait à réfuter le caractère apocryphe de cette citation autant qu’à prouver qu’il était alors de mauvaise humeur. L’Arcachonnais, quant à lui, assimila les villégiaturistes proliférant ici, dès la belle saison venue, à des troupeaux d’ovins qu’on y amènerait passer agréablement les congés payés et la saison estivale.

Bien que cette appellation d’estivant, faisant allusion au caractère moutonnier de l’espèce, semble péjorative, elle l’est cependant bien moins que le sens maritime de l’estive : « compression de certaines marchandises pour qu’elles tiennent moins de place » (Dictionnaire de la mer de Jean Merrien).

Thierry PERREAUD

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Aimé

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