Andernos-les-Bains – 22 février 1915 – Sarah « monstre sacré »
Bernardt (Sarah, Rosine, Marie, Henriette Bernard), (1844-1923) est une enfant illégitime, non désirée. Sa mère, Judith Van Hard, est une jeune modiste et courtisane, qui ne s’occupe guère de sa fille. Son caractère fort et difficile fait d’elle une rebelle. Elle est d’ailleurs surnommée « Mademoiselle révolte ».
Le Duc de Morny finance son éducation. Après des débuts modestes au théâtre, elle devient « Madame Quand-Même » et entame de grandes tournées à travers le monde. C’est, à la fin du XIXe siècle, une actrice de renommée internationale, célèbre pour sa « voix d’or ». Elle s’essaie aussi à la peinture, au roman, à la sculpture et au cinéma. Elle doit surtout sa notoriété à son excentricité, à sa vie amoureuse mouvementée.
Il faut remonter à 1905 pour comprendre son séjour à Andernos-les-Bains ; cette année-là, pendant une tournée, elle se blesse au genou. C’est le début d’un long calvaire de dix ans. Pour sa santé, la Faculté lui conseille le bord de mer et le gouvernement de quitter Paris pour sa sécurité. Sarah Bernhardt s’installe à Andernos-les-Bains pendant près de deux ans. Il semble bien que cette décision ne soit pas le fait d’un choix délibéré mais plutôt celui du hasard, résultat d’un tirage au sort parmi les noms des localités de la Côte d’Argent, déjà visitées par Sarah en 1895.
Elle arrive donc à Andernos-les-Bains en septembre 1914, pour ne pas être l’objet d’une « prise de guerre » et s’installe dans la villa Euréka, maison aujourd’hui disparue (actuellement la résidence « Les Vacances ») où son fils Maurice la rejoint ; elle vit entourée de fleurs.
Elle se fait rapidement des amis. Même si elle déclare : « Quelque promenade qu’on fasse, on est entouré de beauté », mais son séjour n’est pas heureux. Souffrant le martyre, elle supplie son ami, le docteur Peynaud, de la faire amputer.
L’intervention est pratiquée par le professeur Denucé, le 22 février 1915, à la clinique Saint Augustin à Bordeaux et Sarah Bernhardt revient en convalescence à Andernos-les-Bains. C’est là, dans le petit théâtre Tauzin qu’elle remonte sur scène, sans jambe de bois, pour une représentation au profit de l’œuvre des Convalescents, le 15 août 1915.
Sous la pression de son fils Maurice, elle est contrainte de résilier son bail fin janvier 1916. Elle quitte « ce doux pays avec regret », reprend ses activités, se produit en Amérique et en Europe et monte sur scène pour la dernière fois à Turin le 30 novembre 1922.
Elle a encore des projets mais elle est de plus en plus malade. Elle meurt le 26 mars 1923 dans les bras de son fils. Des centaines de milliers de Parisiens suivent le cortège funèbre. Elle est enterrée à Paris au cimetière du Père-Lachaise.