Des motifs aussi « bassineyres » que géométriques

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Petite causerie vespérale à motifs aussi « bassineyres » que géométriques

Je m’en suis déjà ému sur cette même page, le bassin d’Arcachon ne saurait être un coin de paradis pour des raisons évidentes de géométrie euclidienne. Cependant pour beaucoup, principalement des villégiaturistes, celui-ci se résume à des plages, des ports « ostréicoles » et leurs « cabanes de dégustation », des villas et quelques sites remarquables que l’on visitera tels que la dune du Pilat, la Ville d’Hiver arcachonnaise, le phare du Cap Ferret, les cabanes tchanquées, Arguin, etc. C’est indubitablement un décor panoramique à préserver.
Pour d’autres, c’est le lieu de la résidence secondaire ou principale en appartement ou dans un lotissement aux terrains exigus, de la location Airbnb pour arrondir les fins de mois et de la vie de tous les jours. C’est donc aussi un territoire économique qui doit inexorablement poursuivre son développement urbanistique. (*)

On voit par là que pour la majorité le bassin d’Arcachon représente tout ce qu’il n’est pas. Qu’on en reste à ses contours. Néanmoins le bassin, petite mer intérieure, ne peut se réduire à son périmètre.

La présence de cette lagune n’est évidemment pas ignorée de tous ceux qui en parcourent bruyamment la surface à fond de train sur leurs « jet-skis » ou à bord de leurs vedettes. Ils s’y déplacent comme ils le feraient sur terre en automobile, la seule différence étant qu’ils profitent de routes aquatiques bien plus larges que les terrestres. Pour le dire encore en termes géométriques, cette catégorie qui va sur l’eau ne connait généralement que le plan et ignore la troisième dimension.

Seuls le pêcheur, le voileux (soucieux du tirant d’eau de son bateau), le chasseur sous-marin, le photographe aquatique, le biologiste et l’ostréiculteur s’intéressent à ce qui est vraiment important ici, ce qui se trouve sous la surface, c.-à-d. aux eaux marines recouvrant 174 km2 de terres (à marée haute). Dans celles-ci se trouve (ou plutôt se trouvait) un riche écosystème — accueillant les nurseries d’un grand nombre d’espèces aquatiques, mais aujourd’hui surtout peuplées de leurs cimetières — qui permit autrefois le développement des activités humaines grâce aux ressources naturelles qu’on en tirait.

Résumons-nous, le bassin d’Arcachon n’est ni le périmètre constitué par les communes le bordant, ni une surface parcourue par des esquifs nuisibles, pas plus qu’il n’est un coin (de paradis disent certains inconsidérément). C’est un volume plus ou moins empli d’une eau polluée, brassée, réchauffée et qui peine à se renouveler, sur lequel il conviendrait de se pencher.

(*) Afin de préserver la carte postale sans entraver l’activité économique (celle-ci étant tirée par essentiellement deux secteurs, le tourisme et la construction), il faut faire quelques efforts sans trop se préoccuper de leurs conséquences. C’est ainsi qu’on s’attache à offrir un décor aussi immuable que pittoresque en quelques lieux : on reconstruit une cabane tchanquée, on ripoline les cabanes « de pêcheurs », on drague à qui mieux-mieux, on couvre les plages arcachonnaises et testerines de sable sous-marin, on crible, on nivelle, bref le plaisir des yeux est sauf. Pour assurer un accueil des plus authentique et parce que la consommation de poissons et fruits de mer fait partie des plaisirs d’une villégiature arcachonnaise, on importe d’ailleurs ce qui a ici disparu : anguilles, crevettes, crabes, bigorneaux et même de plus en plus d’huîtres (elles ont du mal à survivre dans notre petite mer). La carte postale remplit tous les items et chacun s’écrie « Quine !

Thierry PERREAUD

Une étude intéressante est à télécharger ici :

https://www.gironde.gouv.fr/contenu/telechargement/19125/115369/file/tome+2.3_bassin_arcachon.pdf

 

 

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Aimé

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