Hommes, nature et environnement en Aquitaine de l’Antiquité à nos jours
77e Colloque de la Fédération Historique du Sud-Ouest (FHSO)
Accueilli par la Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch (SHAAPB)
18-19 octobre 2025 – Arcachon
Document original à télécharger ici : www.htba.fr/file/fhsoarcachon.pdf
La nature et l’environnement sont plus que jamais au cœur des enjeux socio-économiques et politiques du monde contemporain. La Fédération Historique du Sud-Ouest souhaite profiter de la tenue de son 77e colloque à Arcachon, pour en faire le thème de cette rencontre. Si la nature fait référence aux éléments naturels, aux milieux biophysiques, celui d’environnement correspond à la combinaison des éléments naturels et socio-économiques, qui constituent le cadre et les conditions de vie des populations. Dès lors, envisager de manière diachronique les interactions Hommes/nature et environnement en Aquitaine, présente un intérêt tout particulier lié à sa diversité paysagère et géomorphologique, allant des montagnes aux littoraux, des vallées aux plateaux calcaires ou forestiers. Ces liens peuvent être utilitaristes, économiques, intimes, fantasmés, esthétiques, politiques ou encore à visée protectrice ou patrimoniale. Ce colloque propose de les analyser dans toute leur diversité, de revenir sur les idées reçues pour contribuer à une histoire de la nature, des paysages et de l’environnement en plein renouvellement.
Plusieurs axes pourront être envisagés. Ils constituent des pistes indicatives et non exhaustives.
Diversité, aménités et contraintes de la nature en Aquitaine :
Une place privilégiée sera accordée à l’observation des milieux et des éléments naturels, qu’il s’agisse des sols, des reliefs, du réseau hydrographique ou encore du climat. Du piémont pyrénéen à la montagne ou la haute-montagne, des vallées alluviales aux collines, aux plateaux et aux espaces vallonnés, des bords de fleuves et de rivières en passant par la façade océanique, des zones humides aux massifs forestiers, les départements aquitains présentent de nombreuses aménités en termes de ressources, de diversité végétale et animale ou encore de paysages, exerçant un attrait pour les habitants, qu’ils soient permanents ou temporaires. Ces espaces présentent néanmoins un certain nombre de contraintes avec lesquelles les Hommes ont dû composer et sur lesquelles les communicants seront invités à réfléchir.
La proximité et la connaissance de la nature (pratique, innée, scientifique…), tout comme l’éloignement des Hommes de l’environnement “naturel” lié à l’essor de la civilisation urbaine et industrielle, ou encore le désir de repousser les espèces sauvages (loup, ours…) constitueront des angles d’approche originaux.
Nature et environnement au prisme des activités humaines et de l’aménagement :
La diversité des richesses naturelles offerte par les territoires aquitains a permis le développement, au fil des siècles, de nombreuses activités situées dans les plaines, les montagnes ou auprès des cours d’eau et de la façade océanique, qu’il s’agisse de l’agriculture, de l’industrie ou encore du tourisme. Il conviendra donc de questionner la manière dont les activités humaines se sont adaptées aux ressources, se les sont appropriées ou les ont façonnées au fil des siècles, modifiant ainsi les données environnementales et les paysages. Les pistes proposées ci-dessous ne sont évidemment pas limitatives :
– Modification des paysages liée aux activités humaines : La forêt landaise offre à ce titre un exemple significatif : la lande marécageuse qui a nourri un système agropastoral du Moyen Âge au XIXe siècle est devenue, en quelques décennies, le plus grand massif forestier cultivé d’Europe. On peut aussi penser à la poldérisation de certaines zones de l’estuaire, à l’assèchement des zones humides, à la modification des rives et des fonds du bassin d’Arcachon, liée à l’installation de l’activité ostréicole, à la plastification des terres agricoles en Lot-et-Garonne…
– Exploitation des ressources naturelles : On songera par exemple à la pêche (les Basques et leur relation ancienne à la mer), la chasse (palombe, ortolan…), la cueillette (champignons…), l’extraction des matières premières du sol et du sous-sol (bois, bruyère, tourbe, chaux, pétrole, carrières de calcaire…).
– Aménagement et appropriation des espaces naturels : À l’instar du canal latéral de la Garonne édifié au XVIIe siècle, de la “route thermale n°1” de Bagnères-de-Luchon aux Eaux-Bonnes, de la ligne Bordeaux-La-Teste-de-Buch des frères Pereire au milieu du XIXe siècle ou encore du tunnel du Somport, etc.
Nature et environnement entre fantasmes et représentations :
La nature inquiète, fascine, attire ou repousse. Aussi est-elle l’objet de représentations multiples qui n’ont cessé d’évoluer.
– D’Ausone à Mauriac en passant par Eugène Le Roy ou Félix Arnaudin, nature et environnement furent, depuis l’Antiquité, des sujets de représentations littéraires, picturales, photographiques ou encore cinématographiques. Les paysages de nature sont par exemple recherchés pour l’ornement pictural des intérieurs bourgeois du XIXe siècle : paysages végétaux et cours d’eau de Dordogne saisis par le peintre Louis-Alexandre Cabié ; paysages du Pyla, des bords de Garonne ou de la côte Basque immortalisés dans les représentations minimalistes du peintre d’Albert Marquet…
– L’attrait pour la nature et les paysages fut par ailleurs à l’origine d’imitations esthétisées, voire fantasmées. Parcs zoologiques, parcs et jardins publics et privés pourront ainsi être étudiés, à l’instar de la “Villa algérienne” de Léon Lesca au Cap Ferret aménagée dans les années 1860 et dotée de réservoirs à poissons, de parcs à huîtres, d’un vignoble et d’un jardin aux essences végétales exotiques…
Devenue un facteur d’attractivité touristique et résidentielle, la nature est progressivement commercialisée et stéréotypée. Guides de voyages et affiches publicitaires des compagnies de transport, à l’instar de celles du PLM, s’appuient sur les aménités paysagères offertes par certains lieux pour en accroître la valeur commerciale. Si ces représentations ont évolué, certaines, figées, sont désormais associées à l’imaginaire même de l’Aquitaine et de ses territoires : la dune du Pilat, la vague surfée de Biarritz ou encore la forêt de pins des Landes. On pensera à l’oeuvre foisonnante de Léo Drouyn dans la seconde moitié du XIXe siècle. Archéologue, peintre, dessinateur et graveur de l’Entre-deux-Mers, ses quelque 1500 gravures et 5000 dessins constituent autant de fidèles témoignages de la Gironde et du Sud-Ouest d’antan, de ses paysages, sa nature et ses monuments.
– La nature et les paysages remarquables présentent une forte valeur ajoutée économique. Cela conduit, dans certains cas, à une forme d’essentialisation des territoires réduits à une image paysagère, comme les “panneaux marron” bordant les autoroutes évoquant les gouffres et grottes associées à la vallée de la Dordogne.
Dégradation, sauvegarde et protection de la nature et de l’environnement :
Les activités humaines ont entraîné des modifications et des dégradations environnementales, dont la prise de conscience est bien plus ancienne que l’on ne le croit.
– Des questionnements relatifs à l’appauvrissement des ressources des sols et des sous-sols ou encore leur dégradation et leur pollution pourront être envisagés. On s’intéressera également aux perturbations liées à l’introduction de nouvelles espèces, devenues, pour certaines, invasives.
– Les risques naturels ou accidentels liés aux perturbations environnementales mais aussi aux actions anthropiques ainsi que les prises de conscience qui en découlent pourront être explorés. Les exemples sont nombreux dans la région : la centaine de crues de la Garonne depuis le début du XIIIe siècle, les deux grands incendies du massif forestier des Landes de 1949 et de 2022 ou encore les avalanches référencées dans les Pyrénées depuis la fin du XVIIIe siècle.
– Face à ces dégradations et aux risques que cela constitue pour l’équilibre environnemental et pour les sociétés, des mesures de sauvegarde et de protection de plus ou moins grande envergure ont été menées par une multiplicité d’acteurs (associations, pouvoirs publics…). Il s’agira d’interroger leur diversité et les contextes qui ont conduit, essentiellement depuis la fin du XIXe siècle, à prendre des mesures en faveur de la sauvegarde des ressources naturelles et des paysages aquitains. Parc naturel régional des Landes de Gascogne ou du Périgord-Limousin, Parc national des Pyrénées, Conservatoire des races d’Aquitaine, réserve naturelle nationale de la Frayère d’Alose ou encore réserve ornithologique du Teich forment autant d’exemples locaux de cette nature protégée et sauvegardée. – La fragilité des écosystèmes tout comme la richesse et la diversité des paysages et de la nature en Aquitaine ont par ailleurs conduit à une volonté marquée de patrimonialisation des richesses naturelles, par exemple sous la forme d’écomusées (Marquèze) ou d’espaces dédiés à leur observation (Musée Aquarium d’Arcachon, Maison de la nature du bassin d’Arcachon).
Les propositions de communication sont attendues pour le 30 mai 2025 au plus tard.
Elles prendront la forme d’un résumé d’une dizaine de lignes accompagné d’un titre et de mots-clés. À renvoyer conjointement à :
Corinne Marache (corinne.marache@gmail.com) – Eugénie Galasso (eugenie.galasso@u-bordeaux-montaigne.fr) – Armelle Bonin (armelle.bonin@hotmail.fr)
Formulaire à compléter :
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Université ou Société historique d’appartenance :
Titre de la communication proposé :
Mots-clés (3 à 5) :
Résumé (10 lignes environ) :