Chronique n° 107 – Une ville animée

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Du nouveau ! Dans ces années charnières, à cheval sur le XIXe et sur le XXe siècle, l’évolution d’Arcachon suit la courbe des différents progrès qui modifient profondément le tourisme. Par exemple, raconte Jacques Clémens, suite au développement de l’ostréiculture, la gravette, l’huître du Bassin, prend une place remarquée dans l’Exposition universelle de Bordeaux, en 1895. Le palais de l’ostréiculture, construit dans le style du pays, montre la force de cette nouvelle activité, à laquelle est associée l’image d’Arcachon qui s’en trouve ainsi valorisée. Il est vrai que le Bassin, dit un article du 10 mars 1895, « est le plus important centre ostréicole de France où la superficie des parcs atteint cinq mille hectares, occupe vingt mille individus et produit quatre à cinq cents millions d’huîtres ».

Par contre, note Jacques Clémens, hormis la réception d’une dizaine de congrès importants durant cette exposition, Arcachon est absent dans l’action de propagande qui s’y déroule et se fait damer le pion par Royan et Soulac. Par Soulac ! La ville a-t-elle perdu le sens de la « Réclame » qui a fait pour beaucoup de son renom au moment de l’arrivée du chemin de fer ? Certes, la ville d’hiver reste toujours le centre le plus actif de “L’industrie de l’étranger” mais n’aurait-elle pas tendance à s’endormir sur ses lauriers médicaux ou à somnoler pour répondre aux exigences de calme, imposées par des médecins qui dominent encore la ville ? Cependant, Arcachon, à défaut de l’exprimer, devine bien qu’il lui faut revenir, en cette période de progrès, vers le fondamental : le bain de mer ludique. Donc, on multiplie les activités pour le plus grand nombre, on dirait aujourd’hui « Les animations ». Par exemple, en 1896, l’aquarium organise un combat, douteux, entre … une pieuvre et un homard !

Autre innovation : le premier Bordeaux-Arcachon cycliste se court en 1892 et le 8 juillet 1894, est inauguré un vélodrome doté d’une piste longue de 335 mètres et situé entre la rue Georges-Méran et le cours Desbiey. L’Union cycliste arcachonnaise naît en juillet 1900. Tous événements qui, par ailleurs, prouvent combien le vélocipède prend une large place dans la vie des gens du début du siècle dernier. Le vélo transforme leur manière de vivre, mettant le chef-lieu de canton, la gare et la ville à la portée des endroits les plus reculés. Même si l’on n’est pas riche, on peut venir, à vélo, pour profiter des charmes d’Arcachon.

Grand spectacle : en 1897, lors des grandes régates qui se perpétuent durant le mois d’août, de très nombreux curieux admirent le spectacle grandiose de deux torpilleurs ancrés en rade d’Arcachon. La même année, est organisée l’exposition internationale d’Arcachon à laquelle participent dix-huit pays européens. La population sédentaire de la ville passe à huit mille habitants si bien que le Football-club peut recruter des joueurs et s’inscrit désormais dans l’histoire de la ville, à partir du 12 avril 1903. Mais on joue à l’arcachonnaise, c’est à dire à huit ! C’est le moment que choisit “L’Avenir d’Arcachon”, le 15 mars 1903, pour rappeler aux élus « Qu’après la publicité, ce sont les sports qui assurent le succès d’une station hivernale et balnéaire ». Pour développer la publicité, ils semblent d’accord. Pour financer les sports nouveaux, c’est autre chose …

Cependant, depuis le 26 juin 1897, James Veyrier-Montagnères est maire. Il le restera jusqu’à sa démission, pour raisons de santé, en 1922. Dans une ville habituée à la valse des maires, ce long mandat va agir comme un stimulant. Il arrive dans ce fauteuil, si âprement disputé depuis quarante ans, avec trois idées fortes : moderniser la ville, rétablir ses finances grevées de lourds emprunts et y développer les moyens d’attirer les baigneurs et les curistes. Âgé alors de 45 ans, cet homme élégant, aux minces lèvres énergiques, arbore une élégante moustache retroussée et conquérante et il porte un fin lorgnon. Agent de change à Bordeaux depuis 1885, il est élu conseiller général du canton de La Teste jusqu’en 1904. On a raconté dans quelles circonstances mouvementées, il devient conseiller général du nouveau canton d’Arcachon en 1906. À cet exact moment-là, un nouveau siècle commence pour la ville. C’est une autre histoire.

À suivre…

Jean Dubroca

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