Le péage de Lamothe 4

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Et voici qu’arrive la Révolution !
Depuis la rivière communément appelée Leyre de Lamothe, jusques sur la hauteur de Ponneau, c’est-à-dire dans l’espace d’un quart de lieue, il y a trois ponts de bois construits sur différents bras de cette rivière pour la continuation du chemin vers Bordeaux ; ces ponts sont entièrement brisés de vétusté et procurent par ce délabrement des débordements qui rendent le passage impraticable, il le devient encore plus lorsque le restant de Leyre qui avoisine cet endroit se trouve être submergé de son côté et augmenter par là l’inondation résultée du défaut des ponts (1).
Il est donc de l’intérêt de cette capitale (Bordeaux) … de rendre ces chemins praticables et d’une communication facile, en conséquence nos concitoyens nous ont chargés d’inviter la ville de Bordeaux de se joindre à nous pour demander à la nation la permission de recourir à des fonds qu’il y a dans les bureaux de l’intendance particulièrement dans ceux des ponts et chaussées destinés à cet usage, prélever une somme de douze mille livres pour y construire les ponts en pierre et y former une levée avec un fossé de chaque côté à partir du passage du bac jusques après le dernier pont et sur la hauteur de pontnaut…
Les cahiers de doléances
Depuis les États Généraux de 1484, la réunion des États est accompagnée de la rédaction de cahiers où la population exprime ses plaintes, et demande des réformes. Composés au niveau des paroisses et des corporations, les cahiers sont synthétisés au niveau du bailliage ou de la sénéchaussée en un aide-mémoire qui constitue presque un mandat impératif pour le député élu.
À partir du 21 mars 1789, le Tiers État de la sénéchaussée de Guyenne tient son assemblée dans la chapelle du Collège de Guyenne (2), d’abord pour travailler à la rédaction du cahier général de doléances, ensuite pour désigner les 200 électeurs. Mal engagée le 23 mars, la désignation des commissaires pour la rédaction du cahier général aboutit le lendemain en début de séance. Trente-six commissaires sont agréés dont trois pour le district des Landes qui inclut le Pays de Buch : il s’agit de Deleyre, homme de lettres de Portets, du notaire Soulié, de La Brède, et du notaire Gazaillan, de Parentis.
La quasi-totalité des cahiers des paroisses du Pays de Buch ont disparu. Fort heureusement, le cahier général des demandes du Tiers-État de la Sénéchaussée de Guienne (3), clos le 6 avril 1789, permet d’entrevoir quelques-unes des doléances majeures des habitants du Pays de Buch : ainsi, la communauté de La-Teste demande la réparation du chemin de Lamothe qui est la voye ordinaire des poissonniers qui approvisionnent la ville de Bordeaux et la reconstruction des trois ponts de bois sur la rivière de Leyre ; elle se plaint encore que les chemins de traverse des landes soient des cloaques pestilentiels. Elle indique pour ces réparations la caisse des ponts et chaussées. Elle croit que le marquis de Civrac propriétaire du bac de Lamothe doit suppléer et que les chemins de traverse doivent être réparés aux frais des propriétaires voisins dans une juste proportion (4).
Appuyé par le duc d’Aiguillon appartenant au club breton, futur club des Jacobins, le vicomte de Noailles, seigneur désargenté dont la famille est originaire du Limousin, réclame et obtient la suppression des corvées le 4 août 1789, avant la nuit : la corvée royale fut abolie malgré la demande de son maintien en nature par quelques paroisses où elle est jugée plus facile à fournir par les pauvres.

1839

Ordonnance du 29 avril 1839, qui fixe les droits de percevoir au passage du pont de Mios, sur la Leyre.
Art. 1er. Les droits à percevoir au passage du pont de Mios, sur la Leyre, département de la Gironde, sont fixés ainsi qu’il suit :
Pour le passage,
1° D’une personne chargée ou non chargée 02c1 /2
2° D’un cheval monté 05
3° D’un cheval ou mulet tenu en laisse ou d’un âne 02 1/2
4° D’une paire de bœufs attelés 15
5° D’une charrette attelée d’un ou de plusieurs chevaux 15
6° De chaque bœuf ou vache. 02 1/2
7° De chaque veau, mouton ou porc 01
Les bestiaux allant au pâturage ou en venant payeront la moitié du droit.
2. Sont affranchis de toute taxe les enfants qui se rendent aux écoles communales ou qui en viennent, ainsi que tous les fonctionnaires publics, agents de l’administration et autres personnes qui, d’après les dispositions du nouveau modèle du cahier de charges pour l’affermage des bacs, sont appelés à jouir de la franchise du péage.
Code des ponts et chaussées et des mines, ou collection complète des lois concernant le service des ponts, Volume 8, Théodore Ravinet, 1840
 
Sur la carte du Royaume de France signée par l’ingénieur Chemot, dressée suivant le traité signé le 31 mai 1814, vous remarquerez le court trajet de l’Eyre !
 
1 – Cahier de doléances des habitants de La-Teste de Buch, Robert Aufan, 1988.
2 – Fondé en 1533 ; prend la suite du Collège des Arts ou Grand Collège de Grammaire fondé par les jurats en 1441. Concurrent du collège de la Magdeleine créé par les Jésuites. Suite à l’expulsion des Jésuites en 1764, le collège de La Madeleine est fermé en 1772 et réuni au Collège de Guyenne qui prend alors le nom de Collège royal de Guyenne.
3 – AM Bordeaux AA 26 & Le Captalat de Buch pendant la Révolution française (1789-1804), Daniel Petit, vicaire à N.D. D’Arcachon, 1909.
4 – Le Captalat de Buch pendant la Révolution française (1789-1804), Daniel Petit, vicaire de N.D. d’Arcachon, 1909.

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Aimé

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