Croquis du Bassin – La tradition au cœur.

Imprimer cet article Imprimer cet article

Connaissez-vous le plageot ? C’est le moment d’en parler, puisque ce plageot qui n’existe plus, donne encore son nom à l’extrémité de la digue centrale du port de La Teste lequel frémit des fêtes qui l’ont tout dernièrement animé. Le plageot, comme son nom l’indique, c’était la plage du port où l’on se baignait encore couramment encore jusque dans les années 50. Parce qu’il ne s’agissait pas alors d’aller affronter en s’y plongeant les sauvages vagues océaniques. Elles entretenaient dans l’esprit testerin une terreur ancestrale, soit parce qu’elles avaient apporté pendant deux siècles l’ennemi héréditaire d’alors : l’Anglais. Soit parce qu’elles fracassaient les pinasses des pêcheurs qui s’y engloutissaient. Quant à se rendre sur les plages d’Arcachon … Gilbert Sore, dans son intéressant ouvrage sur la vie à La Teste en 1900, raconte que “les enfants testerins n’imaginaient même pas qu’on pût se baigner sur les rives arcachonnaises”. Et Gilbert Sore d’ajouter : “Les plaisirs de l’eau, c’est en nageant dans le port, d’une pinasse à l’autre, qu’on les trouvait”.

C’est dire combien le port est ancré dans la mémoire collective testerine. Pourtant il est assez récent puisqu’il ne fut creusé qu’en 1841. Mais depuis près de cent soixante-dix ans, il a assez peu changé, hormis les installations qui ont modernisé l’activité des ostréiculteurs et les pontons qui, à l’est, accueillent une flopée de bateaux de plaisance en matière “plastoque”. Mais pour l’essentiel, à l’ouest, on découvre toujours ces gros platanes, à l’ombre desquels s’alignent des cabanes de bois noires, couvertes de tuiles rouges. Contraste aveuglant : à leurs pieds, les mêmes tuiles mais d’un blanc éclatant, rangées en quinconces, attendent durant les semaines de juillet, d’être immergées au bord des chenaux pour récupérer le capricieux naissain. Et les rondelles de plastiques enfilées sur de longues perches de bois, sans doute commodes mais trop rationnelles, ne font pas oublier ces traditionnelles tuiles chaulées.

Souvent, règne autour de certaines cabanes un désordre pittoresque mais pas obligatoirement valorisant pour l’image de marque de l’huître. Bien qu’aujourd’hui, d’efficaces bassins en matière de salubrité alimentés de l’eau venue de la “maline” toute proche, entourent certaines cabanes mises “aux normes européennes”. Ces installations sont arrivées là passé 1995, après plusieurs années d’intenses bagarres politico-économiques, encore dans des archives. Toujours est-il que, parfois, des coquilles d’huîtres bouchent les trous du chemin, ou bien, qu’entassées elles bordent des collecteurs aplatis et que le vent soulève la poussière de la route par-dessus des épaves délavées.

 

 

 

Côté est, un chemin domine le “Canelot”, un petit canal vénitien sans palais, desservant des installations ostréicoles et alimenté par une écluse qu’il faudrait classer comme monument historique. La dépassant, après la grande maline, on arrive dans le monde étrange des prés salés est. Le vent se perd dans des tamaris rampants, dans des cotonniers brodés de neige végétale ou dans des roseaux qui chantent pour charmer les nombreuses mouettes et autres échassiers qui pataugent en bordure des vaguelettes. En face, se dressent les hauts immeubles arcachonnais. Là-bas, a grandi un tout autre univers. Mais celui de la tradition la plus vive, c’est bien sur ce port testerin qu’on la trouve et qu’on se la garde. Demain, nous parlerons encore de ce port où André Armandy croyait qu’il n’y avait pas d’eau …

Jean Dubroca

Ce champ est nécessaire.

Aimé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *