Sont entrés dans les noms de lieux des mots qui évoquent des ensembles territoriaux. Le « pays » a plusieurs sens. À l’origine, c’est une contrée rurale, division gallo-romaine du territoire ; le nom vient du pagus latin, qui a donné aussi le paysan, dit pagès en langue d’oc. Pagus vient d’un indo-européen pak, quelque chose de ferme, solide, éventuellement délimité par des bornes. Le pagus porte le nom de sa principale cité, d’un clan, d’une seigneurie comme le Laonnois, le Couserans, l’Astarac, le Bazois, le Chinonais, le Pays de Retz ; plus rarement d’une caractéristique : le pays de Sault (de salais), le Terrefort et la Forterre, la Gâtine, la Pévèle (pays des prés), le Trièves (trois voies). En ce sens, des centaines de pays sont encore vivants, que l’on affuble parfois, mais à tort, du qualificatif de « régions naturelles », ce que la plupart ne sont nullement.
Pays a donné paysage, mais la seule mention accessible de ce terme en toponymie se limite à Paysage d’Hyoche, point de vue sur une courbe de vallon sec dans la forêt de Levier à Villeneuve-d’Amont.
Il a aussi donné paysan, très présent en revanche parmi les lieux-dits, par dizaines de Paysan, le Paysan, voire les Quatre Paysans au Teich ou
le Paysan Rouge à Saint-Magne, et même Paysan Fou à Sore pour un lieu écarté (où Fou est probablement le hêtre).
Trésor du terroir. Les noms de lieux de la France, Roger Brunet, 2016