Une élégance de petit marquis, Monsieur hoplie. Quand il endosse son manteau iridescent façonné de minuscules écailles d’un bleu métallique, il peut parader, jouer avec le soleil, les reflets de l’eau des rivières et des étangs… L’hoplie bleu accroche immanquablement le regard. Sauf que ce n’est pas le nôtre, de regard, qu’il tente d’accrocher, mais celui de Madame, une brunâtre plutôt renfrognée qui se camoufle au bas des herbes pour tenter d’échapper à l’œil pourtant exercé des entomologistes et à la concupiscence virile de ces messieurs. Eux guettent, pattes à pattes, en conciliabule sur les plantes, ou se déplacent en étonnants petits essaims bleus. L’hoplie partage avec le morpho bleu d’Amérique du Sud, le canard colvert ou le paon une curieuse disposition qui intéresse aussi bien les disciples de Fabre[1] que les physiciens. Sa couleur, d’origine physique, ne vient pas d’un pigment mais de la diffraction de la lumière qui s’opère dans les micro-fentes de ses écailles. Si elle aime les cours d’eau, les marécages et les fossés, elle a une grande prédilection pour les vallées de l’Eyre et du Ciron, ce que ne dénieront pas les pique-niqueurs des zones humides de Salles, Belin, Origne, Préchac ou Villandraut. L’hoplie bleue parade du printemps à la fin de l’été. Elle s’affole à l’arrivée des touristes qu’elle adore étonner, d’autant qu’elle n’est ni cétoine, ni scarabée, ni hanneton, malgré son déguisement
« Le marquis bleu de la Leyre et du Ciron », Isabelle de Montvert-Chaussy, Sud Ouest du 21 août 2020
[1] – Sur l’entomologiste Jean-Henri Fabre voir, entre autres, https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Henri_Fabre