Le latin casalem, casal/casau signifie « maison avec les terres attenantes », plus ou moins vastes, d’où l’acception de « métairie » parfois, ou « enclos » (donc le « potager »), ou encore « domaine ». En gascon « casau » est l’équivalent de « cazal », terme de l’ancien langage français : chaumière, cabane. Toutefois, à l’origine, « casau », désigne plus particulièrement une chaumière entourée d’un jardin clos. Il finit par ne plus désigner que le jardin lui-même, ou simplement le jardin potager.
Le pluriel de « casau » (prononcer casaou) est régulièrement en gascon, « Casaus ».
L’orthographe du nom de notre lieu-dit resta longtemps flottante, hésitant entre singulier et pluriel. Au hasard des textes, on lit : Casau, Caseau, puis Cazau, Cazeau, les scribes ayant cru bien faire en remplaçant la lettre « s » adoucie de l’alphabet gascon par la lettre « z », utilisée en gascon à peu près uniquement dans les mots d’origine étrangère ; au pluriel, on trouve : Cazeaux, et enfin Cazaux, l’orthographe officielle actuelle, compromis bâtard entre le gascon et le français : nom gascon avec une terminaison plurielle française, la lettre « x » ne figurant pas à l’alphabet gascon. Cazaux est donc la cité des jardins, comme les familles Casaux, patronyme très répandu dans le Sud-Ouest, correspondent aux familles Desjardins de la langue d’oïl.
On comprend de la sorte l’existence de lieux-dits et de toponymes tels que Cazaux (Gir.) ; Cazaux-d’Anglès (G) ; Cazaux-Debat (HP), c’est-à-dire « en aval, dessous », qui est le pendant de Cazaux-Dessus, « au-dessus » et de Cazaux-Fréchet, formé sur fraxinus, le « frêne » dans la même vallée bigourdane du Louron Cazaux-Layrisse (HG), Cazaux-Savès (G), Cazaux-Villecomtal (G). Avec le suffixe -itium, il y a Cazalis (Gir. et L), avec les diminutifs -et et -ot, Cazalet, Cazalot. Cazarilh (HP), Cazaril-Laspènes et Cazaril-Tambourès (HG) sont formés avec le suffixe -ile. En Bazadais Cazats (Gir.) paraît être un croisement entre casales (« les domaines ») et casets (< latin caselbos, »petites cabannes »).
Par ailleurs le casalar ou la casalèra signifient « l’enclos, le bien entourant la maison », d’où la possibilité de trouver des lieux nommés Cazala, Casalère.
D’autres fondations médiévales sont, elles, nanties d’un qualificatif ; par exemple Cazaubon (G), Cazaugitat (Gir.), de l’occitan getar, « jeter, abandonner », Cazaunous (HG), « nau(s) » voulant dire « nouveau(x) », Cazauvielh.
Simple construction ou maison avec des terres, le gascon casa a permis de former les dérivés Cazères (HG), Cazères-sur-Garonne (HG), Cazères-sur-l’Adour (L), et également Cazeneuve (G), Cazeneuve-Montaut (HG) et les nombreux lieux Cazenave ou Cazeneuve.
Gir : Gironde, G : Gers, HG : Haute-Garonne, HP : Hautes-Pyrénées, L : Landes, etc.
Cazaux avant les bangs, Jacques Ragot.
Toponymie Gasconne, Bénédicte et Jean-Jacques Fénié.
La rue du Puits-Descazeaux
Lu dans Sud Ouest du 29 juillet 2020 : Dans le quartier Saint-Éloi à Bordeaux, la rue du Puits-Descazeaux connue depuis 1400, témoigne de l’existence de jardins anciens. La rue tire son nom de « casau », qui désigne en gascon un jardin potager, un enclos ou un domaine, et de l’un des nombreux puits qui existaient jadis à Bordeaux. Situé à l’emplacement actuel d’une borne-fontaine, à l’angle des rues du Puits-Descazeaux et du Muguet, ce puits servait à arroser des jardins des maisons des grandes familles bourgeoises Lalande et Colom. D’après les témoignages recueillis par l’archéologue Léo Drouyn (1816-1899), ces jardins, qui avaient au Moyen Âge une vocation vivrière et assuraient une autonomie alimentaire, existaient encore à la fin du XVIIIe siècle, entre la rue Neuve et la rue de la Rousselle.
« Dictionnaire des rues de Bordeaux », Annie Descas, Éditions SudOuest . « Bordeaux, petits secrets et grandes histoires », Philippe Prévot et Richard Zéboulon, Éditions Sud Ouest.
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