Carte de France au 1/1 000 000e
réalisée avant sa mort en 1594 par François de la Guillotière. C’est un grand document gravé sur bois dont le premier tirage n’est effectué qu’en 1613.
Arcasson, La teste de buch, Casaux, La Motte, Mons, Belin, Barp, Comprian, Anderos, Tanto, Letge, Le porge, Ignac
La carte réalisée à partir de cartes de provinces contient 30 000 toponymes. La figuration des Pyrénées fait supposer que l’auteur connait certains itinéraires et qu’il tient à représenter des éléments caractéristiques du paysage, comme le Pic du Midi d’Ossau, presque réaliste.
La notoriété de certains cartographes est fragile, comme le montre la carrière de François de La Guillotière (né à Bordeaux, mort à Paris dans la misère en octobre 1594). Ce « cosmographe » a élaboré une importante carte de France, gravée sur bois et imprimée vingt ans après sa mort dans six éditions successives où le nom de l’auteur s’efface derrière celui de l’éditeur parisien « Jean IV Leclerc rue Sainct Iean de Latran à la Sallemandre Royale », éditeur de la « Charte de la France » en 1613, dans le Théâtre géographique du Royaume de France contenant les Cartes & Descriptions particulières des Provinces d’iceluy. Avec privilège du Roy. Le Clerc utilise les cuivres de Bouguereau. Ne comporte ni latitude ni longitude. L’Atlantique est nommé La Grande Mer Océane (et non plus mer Aquitanique, comme elle l’est encore dans la carte du Bourdelois).
La Guillotière a produit d’autres cartes, manuscrites et gravées, dont une seule, celle d’Île-de-France, a été reproduite dans un atlas et nous est ainsi parvenue. Loué par ses contemporains dans les années 1570-1580, le « cosmographe » est victime des conditions politiques et économiques de la fin du XVIe siècle. La date de sa mort l’empêche de tirer parti de ses connivences avec la maison de Navarre, alors que les mérites des auteurs des cartes de France demandent à être reconnus par le roi dont ces représentations symbolisent le pouvoir. Les dimensions de la Charte de la France – les neuf feuilles assemblées mesurent 104 x 147 cm – en ont fait un document fragile, difficile à conserver et à copier dans les atlas flamands et français des années 1590. Auparavant, les premiers ont assuré la notoriété de Jean Jolivet, auteur d’une carte de France de moindre qualité, mais agrandie pour être peinte sur le mur d’une des galeries vaticanes. Le jugement porté sur la qualité de la carte de La Guillotière, élaborée à l’échelle 1:926125, souligne sa supériorité en matière de calcul de la longitude et relativise son apport, parfois réel cependant (en particulier dans le Sud-Ouest cher à Henri IV), en matière de latitudes. Appuyés sur le réseau hydrographique (comme chez Charles Estienne), ici particulièrement mis en valeur, et servis par les ressources des caractères d’imprimerie, la distribution et le choix du nombre considérable de toponymes retenus sont délicats à interpréter en l’absence de documentation. Leur profusion apparaît au premier coup d’œil, il est dommage que le niveau de compression électronique des images empêche d’aller très loin dans l’examen des détails.
Source Monique Pelletier 2012
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b77101963/f3.item.zoom
De Ptolémée à La Guillotière (XVe-XVIe siècle). Des cartes pour la France, pourquoi, comment ?, Monique Pelletier, 2009
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2010_num_168_1_464028_t17_0265_0000_1