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Village du Barp

Des vestiges antiques sont repérés, par exemple par Camille Jullian.

Le prieuré est vraisemblablement à l’origine du Barp. Construit le long d’une ancienne voie romaine menant de Bordeaux à Dax qui porte le nom local de Lébade ou Camin Rouman, certainement là où se trouve l’église actuelle, en un endroit où la voie coupe le chemin menant de la Teste à Barsac, les moines ont dû élever église et bâtiments conventuels, puis défricher la lande, labourer, semer, planter.

Autour du prieuré, des paysans appelés pour aider à la culture de la terre s’installent ; des maisons se construisent : le village naît autour de l’hôpital qui existait dès le XIIIe siècle à la place de l’église actuelle et qui n’a pas survécu à l’abandon du pèlerinage car, comme le remarque irrévérencieusement Baurein, « Qui peregrinantur, raro santificantur ».

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Important relais de poste sur la route d’Espagne qui traverse la paroisse du nord au midi : c’est la quatrième station de la poste à chevaux après Gradignan, Les Taules et Le Puch de Lagubath.

Les bouviers de la Lande transportant des denrées à vendre y font halte avant d’arriver à Bordeaux. Par extrapolation, l’abbé Baurein, faute de renseignements directs, suggère qu’on y élève des pins et bois-taillis, qu’on s’y occupe de terres labourables et de la garde des troupeaux, et de faire du charbon pour le vendre à Bordeaux. D’après Baurein, il existe à l’époque un lieu très apprécié des pasteurs qui y mènent leurs troupeaux, Les Sotiates qui doit peut-être son nom à la tribu mentionnée par Jules César.

À la Révolution, la paroisse Saint-Jacques du Barp forme la commune du Barp.

La commune dispose d’éléments de patrimoine intéressants et typiques de la Haute Lande Girondine tels que granges – la grange landaise située dans le bourg à Peilhe, parc à moutons à Barat-Neou, tradition de céramique avec les Grés de Gascogne et ancienne activité de briqueterie à Labroque, forêt et relais des pèlerins de Compostelle, dernier métier de charronnage…

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« Mon beau-père, nous dit Pascal, tenait la carrosserie à Le Barp, sur le bord de la RN 10. L’atelier de charronnage a été ouvert en 1901 par son grand-père, puis son père y a travaillé, et enfin mon beau-père qui a tenu à prendre sa retraite en 2001. Il ne faisait pas les très gros travaux, ceux-ci étaient envoyés chez un carrossier plus équipé à quelques kilomètres de là.

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Voici une DS bien mal en point. Part-elle à la casse ? Chez le carrossier voisin pour gros travaux ? Ou simplement arrive-t-elle chez mon beau-père ? Dieu seul le sait. Et encore, ce n’est pas sûr. »

Après des années de fermeture, Patrick Bordessoules et sa sœur, Corinne Dos Santos rouvrent les portes de la boulangerie familiale d’Haureuil, rebaptisée « Le fournil d’Albert » en souvenir de leur grand-père ; le four à pain d’Haureuil reprend du service le 15 février 2020 : c’est l’inauguration officielle !

Si Patrick et Corinne ont pressenti que la fréquentation serait au rendez-vous, ils n’ont pas prévu que la production de la journée partirait « comme des petits pains ! » : au total plus de 300 pièces vendues en un temps record ! Les invités font masse sous le barnum, autour d’une table recouverte de petits fours, de pains, de charcuterie, de pâté et de vin. Il faut presque jouer des coudes pour s’approcher du four de Patrick tout occupé à la cuisson de ses dernières préparations. Les conversations animées vont bon train, les croûtes croquent sous les dents, et en tendant l’oreille, on peut entendre les enfants de l’époque devenus adultes, se rappeler les bonnes odeurs de pains chauds de leurs vertes années, lorsqu’ils passaient le seuil de la boulangerie. Nul doute que le « Fournil d’Albert » verra d’autres têtes blondes en culottes courtes qui, un jour à la lueur de cette inauguration réussie, se souviendront à leur tour.

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Témoin d’une autre époque, le four à bois datant de 1922, a repris du service fin décembre 2019, après 40 ans de sommeil, « il a fallu plusieurs tours de chauffe pour assécher complètement le sable qui recouvre les parois du four, mais il est maintenant opérationnel » confie Patrick, en maniant la pelle de 4 m de long devant les clients.

Patrick apprend le métier de boulanger dans une école à Paris, et aux côtés de ses aînés en participant à l’entreprise familiale jusqu’en 1995, une année noire durant laquelle il perd son père et son frère. Il décide alors de s’exiler en Corrèze, mais le temps et les souvenirs finissent par le rattraper. En 2018, Patrick ressent le besoin de revenir sur ses terres, avec une idée en tête : relancer une dernière fois l’activité familiale. « Je suis parti à 32 ans, avec un sentiment d’inachevé. Aujourd’hui je peux dire que la boucle est bouclée. » Sa sœur Corinne, le rejoint dans l’aventure, trop heureuse de voir se ranimer le fournil de son grand-père.

Une méthode à l’ancienne qui séduit. Ils avaient d’abord imaginé reprendre cette activité en dilettante, et n’attirer qu’une poignée de nostalgiques, amateurs comme eux de pain à l’ancienne. Mais à leur grande surprise, les clients affluent des quatre coins de la commune, alors qu’ils n’en sont qu’à la période de test et aux ultimes réglages.

Des pains de campagne et au seigle ; des viennoiseries, et une fougasse façon Sud-Ouest, le choix limité est assumé et gage de qualité. « J’ai fait le choix de pains traditionnels que je fabrique à l’ancienne en 6 heures, comme me l’ont appris mon père et mon grand-père. C’est deux fois plus long qu’en boulangerie classique mais cette méthode permet une conservation jusqu’à quatre jours après la cuisson. »

Quand les électeurs font la grève

D’accord avec les candidats, depuis trois ans une commune girondine n’a plus ni maire, ni conseil municipal ; quatre tentatives de scrutin n’ont pas réuni un seul votant !

Parmi les trente-six mille communes de France, il existe un monstre administratif qui vit depuis trois ans en marge de nos lois : Le Barp, petite localité de mille habitants endormie au soleil sur la route de Bordeaux à Bayonne, n’a plus ni maire, ni adjoint, ni conseil municipal.

L’événement qui devait donner naissance à une situation de fait aussi anormale remonte à plus de quinze ans. Le 6 mars 1922, un groupe d’habitants, sous la surveillance de deux préposés municipaux, MM. Jérôme et Maurice Barrière, brûlaient, aux confins du village, des pare-feux.

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Le vent ranima des cendres mal éteintes et le feu ravagea deux mille hectares de forêts jusqu’aux bourgs voisins de Saucats, Cabanac et Saint-Magne-de-Belin (voir https://www.retronews.fr/journal/la-gironde/07-mars-1922/2003/4235365/2 [6]).

Tandis que les préposés municipaux étaient traduits devant la correctionnelle sous l’inculpation d’incendie involontaire, la plupart des propriétaires des bois consumés intentèrent une action en dommages-intérêts contre la commune du Barp. Le 18 juin 1934, après douze années de procès, la commune du Barp est définitivement condamnée, par la cour d’appel de Bordeaux, à payer plus de 400 000 francs. Devant l’impossibilité de réunir, dans un si petit village, une pareille somme, le député de l’arrondissement, M. Dignac, ancien sous-secrétaire d’État au ministère de la marine marchande, parvient à obtenir du ministère de l’intérieur une subvention de 200 000 francs ; mais on est encore loin de compte ! Aussi, le maire, M. Arthur Bracq, son adjoint, M. Léopold Cazaux, et les dix conseillers municipaux démissionnèrent-ils. Les électeurs furent convoqués pour le 2 décembre suivant, mais il n’y eut ni votants ni candidats.

En février 1935, de guerre lasse, le Préfet charge de l’expédition des affaires courantes une délégation spéciale composée de l’instituteur, du receveur-buraliste et d’un épicier. Puis on attendit les élections générales du mois de mai suivant : toute la France vota, sauf le Barp. Nouvelle tentative infructueuse, le 7 juin 1936. Le dernier essai tenté, le dimanche 22 août 1937 n’eut pas plus de succès.

L’affaire en est là. M. Marcel Bodenan, préfet de la Gironde, que nous avions consulté, ne nous a pas caché que la situation était inextricable. Cette affaire est unique dans les annales administratives. Voilà une commune qui, par la carence concertée de ses électeurs, parvient à empêcher l’exécution, à ses dépens, d’une décision judiciaire. C’est très grave. Que faire ? Saisir ses biens communaux ? Ils sont insignifiants. Aussi ai-je consulté le ministère de l’intérieur : la section du contentieux du Conseil d’Etat a émis l’avis qu’il y avait un intérêt d’ordre public à ce que le montant des indemnités dues par la commune et qui doivent bien maintenant atteindre, avec les intérêts, quelque 600 000 francs soit inscrit d’office dans son budget, à charge par la délégation spéciale de créer les ressources correspondantes. Mais les habitants ne pourront pas, de toute évidence, payer les centimes additionnels. Alors, je vous le répète, la situation est inextricable. Et remarquez tout l’intérêt de la question qui, à côté de son aspect juridique original, pose le problème tout entier de la protection des forêts contre l’incendie : il faudrait débarrasser les municipalités de cette mission qui peut être disproportionnée avec leurs moyens.

De son côté, M. Pierre Dignac, député de la Gironde et maire de La Teste, où il passe ses vacances, nous a déclaré : « Voilà des années que je ne cesse d’intervenir au profit de cette malheureuse commune du Barp, écrasée sous le poids de charges démesurées. Je crois que M. Marx Dormoy s’honorerait en renouvelant le geste de M. Marcel Régnier, qui avait accordé la première subvention de 200 000 francs et qui n’était cependant pas suspect de gaspiller les deniers de l’État. »

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5857027/f3.item.r=%22le%20barp%22.zoom# [7]

Pour l’état de la commune au XVIIIe siècle, voir l’ouvrage de Jacques Baurein.

https://www.wikiwand.com/fr/Le_Barp [8]

http://www.nuancierds.fr/EPO74.htm

A.D, Dépêche du Bassin

https://www.ladepechedubassin.fr/app/uploads/2020/02/ddq_dba_20200219_048p.pdf [9]

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