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Le delta de l’Eyre

L’ensemble formé par les vallées de l’Eyre et des deux Leyre semble au premier regard homogène alors qu’il comprend des milieux très variés.

On distingue deux grandes unités paysagères, la vallée de l’Eyre et son delta.

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En aval de Mios, à sa confluence avec le Lacanau, s’opère une défluviation importante. En effet, elle suit alors un axe perpendiculaire à son axe principal, qu’elle reprend peu après d’ailleurs (figure 2, p.9). Il est encore difficile de proposer une datation quant à la défluviation de l’Eyre.

Hugues Feniès propose de la dater du quaternaire récent. Cependant, cette datation ne nous apporte que peu de renseignements, la période couverte étant très vaste. Avant cette défluviation, le fleuve suivait un tracé plus linéaire, le long de la faille géologique qui délimite la bordure nord-est du Bassin d’Arcachon. Ce tracé aurait subsisté jusqu’au XVIIIe siècle, sous forme d’un ruisseau (ruisseau de l’Eygat). Précisons également que la faille géologique possède la même orientation que l’estuaire de la Gironde et le Seudre. Cela est dû au plissement du terrain lors de la mise en place de la chaîne pyrénéenne. Il serait intéressant de préciser l’histoire de cette modification du fleuve car cette zone connaît une densité importante de sites archéologiques. Dater cette défluviation permettrait de mieux comprendre l’occupation du sol à une époque donnée. Cela reste toutefois difficile à préciser.

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La marée ne remonte dans l’Eyre qu’à 10 000 mètres de l’embouchure, sûr indice que le fond s’élève rapidement. Le lit de l’Eyre et de ses affluents est établi sur un sable mobile ; devant Lugos et Salles, il est creusé au milieu de bancs calcaires, lardés d’huîtres, de dents et d’ossements de poisson. En approchant de l’embouchure, le fond devient argileux comme le sol environnant. Les riverains emploient les argiles du pays à la fabrication des briques et des tuiles, mais ils sont obligés de purger ces terres d’une grande quantité de pyrites martiales qu’elles renferment. Ces pyrites ont reçu le nom local de clous, à cause de leur forme.

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Enfin, l’Eyre devient delta : une partie d’elle s’épanche vers Biganos, une autre s’enfonce dans les prés salés et la réserve ornithologique du Teich ; ses eaux douces se mêlent peu à peu aux eaux marines du bassin. La rencontre des deux milieux crée une profusion de vie. Hérons, courlis, aigrettes garzettes se régalent ici de vers marins et de petits crustacés pêchés à marée basse ; d’une mosaïque de roselières – prés salés et vasières – s’envolent ici une rousserolle effarvatte, là un bouscarle de Cetti. Finies les œillades émeraude lancées par l’osmonde royale. Au moment de partir vers les bancs d’huîtres, les navires de plaisance et le flux incessant des marées, l’Eyre s’évanouit dans un camaïeu de gris, de bruns et de bleus.

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Un autre monde commence, loin, bien loin de sa solitude landaise. Jadis aménagés pour la pisciculture, ces espaces endigués servent aujourd’hui de refuges à de nombreux oiseaux. Le delta couvre 3 000 ha et se déploie dans le bassin d’Arcachon. Cette vaste mosaïque de marais, de roselières et de prés salés accueille chaque année des centaines de milliers d’oiseaux migrateurs et sédentaires. Le parc ornithologique du Teich, inscrit dans le delta sur une superficie de 120 hectares, offre un habitat à 300 espèces.

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Le delta constitue une entité d’intérêt majeur, spécifique et dont l’équilibre est fragile. Ses paysages se caractérisent par une interface permanente entre la terre et l’eau. Le delta est composé de lieux multiples où se juxtaposent des parties stables occupées par des prés salés, des domaines endiguées, des roselières, des prairies pâturées et des secteurs soumis à la dynamique des marées, bancs sableux et vasières. Les eaux douces de la rivière et les eaux salées de l’océan se rejoignent et sont propices à l’implantation d’espèces spécifiques. Situé sur l’une des voies de migration les plus importantes d’Europe, il constitue véritablement le domaine des oiseaux. La réserve ornithologique du Teich et le domaine de Certes constituent des lieux privilégiés d’observation.

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Les ports du delta apportent une spécificité par l’architecture en bois et l’implantation linéaire des cabanes ostréicoles.

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L’intervention publique sur le Delta est importante et des outils de protection et de gestion se mettent en place, ainsi que la recherche de cohérence entre les différentes pratiques dans le cadre de concertations entre partenaires (piscicultures extensives, élevage, chasse, activités de découverte, urbanisation,…).

Références

[Les sépultures du Premier Age du Fer autour du bassin d’Arcachon et de la basse vallée de la Leyre, Marie-Véronique Bilbao, 2004-2005]

http://archeolandes.celeonet.fr/documents/vol1_etude_et_synthese.pdf [8]

[« La France au fil de l’eau », Véronique Badets, Le Pèlerin, 18 juillet 2019]

https://www.lepelerin.com/histoire-patrimoine/patrimoine-en-region/la-france-au-fil-de-leau/la-leyre-une-rousse-aux-yeux-verts/

[« Statistique du département de la Gironde … », François Vatar Jouannet, Dupont, 1837]

https://books.google.fr/books?id=k5kOAAAAQAAJ&dq=sigman+leyre&hl=fr&source=gbs_navlinks_s [9]

 

https://www.canoesurlaleyre.com/Canoe-sur-la-Leyre/Un-milieu-d-exception/Les-visages-de-la-Leyre/2-Le-Delta-de-l-Eyre [10]

Sandre [11], « Fiche cours d’eau – la grande leyre (S2–0250) » [12] [archive [13]] (consulté le 22 mars 2013)

Jean-Jacques et Bénédicte Fénié [14], Dictionnaire des Landes, Bordeaux, Éditions Sud Ouest [15], 2009, 349 p. (ISBN [16] 978-2-87901-958-1 [17]), p. 150

Mauvaise analyse grammaticale par les anciens géographes.

Jacques Sargos [18], Histoire de la forêt landaise, Bordeaux, L’Horizon chimérique, 1997

Panneau de présentation du parc naturel régional des Landes de Gascogne [19] de Pissos [20], consulté en avril 2013

Panneau de présentation de la Leyre consulté sur le site du « Hourc d’Eyre » à Moustey, rédigé par le Parc naturel régional des Landes de Gascogne [19]

Panneau de présentation du parc naturel régional des Landes de Gascogne, consulté à Pissos en avril 2013

 

Dr Peyneau, « Du mot Eyre, radical de nom de rivière », Revue des études anciennes, vol. 30, no 2,‎ 1928, p. 115-118 (lire en ligne [21] [archive [22]]).

Fiche du site des lieux inscrits et classés [23] [archive [24]]

Décret no n°70-951 du 16 octobre 1970 [25] [archive [26]] instituant un parc régional des vallées de la Leyre et du val de l’Eyre

Fiche du site des lieux inscrits et classés [27] [archive [28]]

Inventaire ZNIEFF de la région Aquitaine [29] [archive [30]

Site FR7200721 [31] [archive [32]]

 

Le delta de l’Eyre est inscrit en 2011 sur la liste de la convention de Ramsar en tant que zone humide d’importance internationale.

http://www.zones-humides.eaufrance.fr/entre-terre-et-eau/ou-les-trouve-t-on/les-sites-reconnus/les-sites-ramsar-en-france/le-delta-de [33] [archive [34]]

https://fr.wikipedia.org/wiki/Eyre_(fleuve) [35]

Carte du Parc régional

https://tourisme-coeurdubassin.com/wp-content/uploads/2019/01/CARTE-DU-PARC-2018-2019.pdf [36]

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