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L’archiprêtré de Buch

 

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Le pays de Buch n’est autre que la partie portant ce nom de l’ancien archiprêtré de Buch et Born moins dans sa partie nord, une petite fraction plus tard généralement attribuée au Médoc. Cet archiprêtré correspondait à l’ancienne Civitas Boiorum, appelée ainsi par les Romains et qui avait été envahie et peuplée au VIIe siècle avant Jésus-Christ par la tribu celtique des Boïens.

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Il confinait au nord le Médoc, à l’est les landes de Bordeaux, au sud le Born et à l’ouest l’océan.

Au IVe siècle, dans les frontières du diocèse actuel de Bordeaux, on compte trois évêchés : Bordeaux, Bazas et le pays de Buch. Le clergé du grand diocèse de Delphin (l’évêque Delphin, second pasteur connu du diocèse de Bordeaux entre 380 et 401-404) est réputé. On retrouve probablement Exupère, prêtre de Langon, sur le siège épiscopal des Boïens : c’est le nom qui figure sur le pied d’un vase d’argent, découvert fortuitement en Angleterre au XVIIIe siècle puis perdu. Un autre évêque du pays de Buch, dont le nom est incomplet, est cité sur une inscription d’Andernos[1] [3].

In archipresbyteratu de Bogio (Buch), Sanctus Petrus de Casalibus (Casaux), Julianus de La Mota, Vincentius de La Testa, Exuperius de Gujan, Andreas du Theys (Le Teich), Martinus de Mios, Petrus de Salles, Gervasius de Biganos, Paulus de Audengia, Sancta Maria de Lenton, Sanclus Eligius d’Endernos, Severinus de Bogio (Buch).

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Le haut Moyen Âge voit vraisemblablement la disparition de l’hypothétique évêché des Boïates,

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qui est démembré au profit des diocèses de Dax, Bazas et Bordeaux : le Pays de Buch est rattaché au diocèse de Bordeaux. Au XIe siècle, les diocèses sont divisés en archiprêtrés. En 1150, la juridiction ecclésiastique de Bordeaux réunit en un seul les deux archiprêtrés de Buch & Born avec Parentis-en-Born pour chef-lieu ; on dénombre 3 prieurés (le prieuré cistercien de Notre-Dame des Monts[2] [6] à La Teste dépendant de l’abbaye de Bonlieu à Carbon-Blanc, ordre des cisterciens, le prieuré de Comprian placé sous la dépendance du chapitre de Saint-Seurin de Bordeaux, prieuré de Mimizan, dépendant de l’abbaye de Saint-Sever) et 28 paroisses :

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Dans « l’archiprêtré de Buch et Born » les fêtes religieuses sont toujours accompagnées d’une foire, et les marchands forains transportent leurs étals d’un village à l’autre. Dès le lever du jour, les pèlerins des paroisses voisines se mettent en route, en procession derrière les bannières de pieuses confréries, mais très vite la fête religieuse prend un caractère beaucoup plus païen et dégénère souvent en beuveries, et bagarres entre jeunes des villages voisins, qui trouvent ici l’occasion régler les querelles ancestrales dont, à vrai dire, plus personne ne connaît la raison.

Voici quelles étaient les paroisses formant primitivement l’archiprêtré de Buch[8] [14] : au nord de la Leyre, Saumos, Le Porge, Le Temple, Lège, Andernos, Lanton, Audenge, Biganos, Mios, La Mothe, Salles ; au sud, Gujan, la Teste, le Teich, Cazaux. Si on consulte les comptes de l’archevêché pour 1339 à 1340, les recettes des quartières du diocèse sont comptées par escarte dans l’Entre-deux-Mers et les archiprêtrés de Lesparre, Moulis et Cernès, par conque et grande conque dans celui de Buch et Born, par pierre (petra, petrata) dans la partie de l’Entre-deux-Mers située au-delà du ruisseau de Lubert (ultra Lubertum), par setier dans celui de Fronsac, par carton dans celui de Bourg, par linrail (?) (linrallos) et muids dans celui de Blaye.

Au XIVe siècle, on y distingue plusieurs seigneuries dont les plus importantes sont « la Baronnerie du Pays de Buch et de Certes » appartenant au Captal Jean III de Grailly, le célèbre adversaire de Du Guesclin, et la Baronnie de Lège. D’autres terres sur le pourtour du Bassin d’Arcachon, de formation alors récente, et le long du littoral de l’océan, dépendent des seigneurs de Blanquefort et de Castelnau. En 1398, la paroisse de Gujan est répertoriée au diocèse sous le nom de “Sanctus Exuperius de Gujan de Bogio”. Beliet, Belin, sont aussi dédiées à Saint Exupère.

Bien des tractations et mutations modifient dans la suite cet état de choses. Les Captaux, notamment, perdent la seigneurie de Certes et acquièrent pour un temps celle de Lège. Il y eut des barons d’Andernos et d’Arès, des seigneurs d’Artiguemale, d’Ignac de Francon, de Palu, etc…, devenus à peu près indépendants dans leurs fiefs ou sous-fiefs.

En fin de compte, au XVIIIe siècle, il ne reste plus aux Captaux de Buch que les quatre paroisses de La Teste, Cazaux, Gujan et Le Teich.

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Aujourd’hui, la situation se présente ainsi : les anciennes paroisses de La Teste et de Gujan sont devenues, après la Révolution, des communes, celle de Cazaux supprimée, se confond avec celle de La Teste, dont le territoire est morcelé en 1857 pour, créer la nouvelle commune d’Arcachon. Une autre commune est également morcelée en 1851, celle d’Andernos, dont un décret sépare sa section d’Arès pour l’ériger en commune distincte.

https://www.shaapb.fr/la-seigneurie-et-baronnie-de-buch-et-certes/ [16]

https://shaapb.fr/wp-content/uploads/files/rhpbcap.pdf [17]

[1] [18]Le diocèse de Bordeaux, Bernard Guillemain, 1974 https://www.amazon.fr/Histoire-dioc%C3%A8ses-France-Bordeaux-Guillemain/dp/2701001587 [19] ou https://excerpts.numilog.com/books/9782701001586.pdf [20]

[2] [21] – Notre Dame des Monts abritait depuis le Moyen Age une belle statue de de la Vierge, sculptée, disait-on, dans un chêne de la forêt usagère. Cette statue avait une grande réputation dans tout le pays. On la disait capable de guérir les malades, de consoler les affligés, d’exaucer les vœux les plus secrets ; elle était toujours abondamment fleurie, et trônait en majesté, au milieu d’un buisson de cierges. Dès que la chapelle fut vendue à Pierre Cravey, quelques Testerins restés fidèles à leurs traditions ancestrales, se préoccupèrent de son sort, car ils craignaient que dans sa fureur iconoclaste, Cravey ne la débitât en bûches pour allumer son feu. Dans le plus grand secret une « opération commando » fut organisée, et la Vierge portant l’enfant dans ses bras, fut « exfiltrée » nuitamment, avant de disparaître dans quelque obscure soupente du vieux bourg. Elle fut si bien cachée, qu’elle s’effaça de la mémoire collective, jusqu’à sa réapparition miraculeuse 150 ans plus tard. Nettoyée, restaurée, repeinte et classée monument historique, elle trône depuis 1952 dans l’Église Saint Vincent de La Teste, dont elle est le plus bel ornement. Source : La Fin de Notre Dame des Monts, feue l’htboiate Françoise Cottin, 2008.

[3] [22] – En 1776, la paroisse de Lamothe est supprimée par suite de la disparition presque complète de ses habitants et partagée entre les communes voisines.

[4] [23] – Andernos figure dans la Chronique saintongeoise de Turpin sous le nom « d’En Dernos avec Saint Martin de Carcans et Sainte Hélène, parmi les Églises qui furent données par Charlemagne au Chapitre de St. Seurin de Bordeaux ». Si elle fut rattachée d’abord à Saint-Seurin, elle dépendra bientôt du prieuré du Barp, lui-même uni aux religieux Feuillants du monastère Saint Antoine de la présente ville de Bordeaux et, indirectement, au prieuré Saint-Martin du mont Judaïque dans lequel ils avaient été primitivement établis.

[5] [24] – D’autres sources indiquent qu’en 1239, le Born est encore un archiprêtré distinct de celui de Buch. À ce nouvel archiprêtré de Buch et Born unifié furent adjointes, tardivement semble-t-il, quatre paroisses qui relèvent civilement du Médoc : Lacanau,

Saumos, Le Temple et Le Porge. Jean-François Bladé, qui cite l’abbé Baurein et Camille Jullian, précise donc que ces paroisses ressortissent au Médoc, ce qui est traditionnellement admis jusqu’à nos jours.

[6] [25] – Il existait anciennement une Chapelle dans le quartier de Bilos, dont la tradition subsiste encore, quoiqu’il y ait plusieurs siècles qu’elle ait été détruite ; elle appartenait à l’Ordre de Malte, comme dépendante de la Commanderie du Temple de Bordeaux, et était érigée sous l’invocation de Saint Jean. Il en existait une autre dans le quartier de la Vignolle, dont les débris subsistent encore, entre autres le tombeau de l’Autel. On ignore entièrement l’époque et la cause de sa destruction. Source : La Saga Cazauvieilh de Salles, Jean-Louis Charlot, 2013.

[7] [26] – Le Prieuré de Belin [en Bazadois] dont le Prieur est Curé primitif de Saint‑Exupere de Belin, de Saint‑Pierre de Sales, et de Saint‑Martin de Mios. Ce Prieuré a pris naissance dans un ancien Hôpital pour les Pélerins, dont l’administration était confiée à un Prieur qui est devenu usufruitier de tous les revenus de cet Hôpital, depuis que les pèlerinages ont pris fin.

[8] [27] – On peut l’établir à l’aide des comptes de l’Archevêché (Archives départementales, série G, surtout n° 236 ; voir Inventaire sommaire, 1892, p. 102 ; Drouyn, Archives historiques de la Gironde, t. XXI et XXII ; cf. l’excellente préface mise en tète de l’Inventaire sommaire par M. l’abbé Allain, p. xxii-xxiii). Pour les détails, des paroisses voir Baurein, Variétés bordelaises, édit. Méran, 1876, t. III, p. 28I et suiv.

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