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La voie des Anglais – Les mille bornes

   

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Des travaux de prospection aériennes et au sol ont permis de retrouver sur la commune de Saint-Paul-en-Born le tracé de la voie romaine Bordeaux-Dax dite « Camin arriaou » en Gascon ; des fouilles archéologiques, effectuées en 1980 et 1990 à 2 km du bourg de Saint-Paul-en-Born, ont mis à jour les vestiges d’un village gallo-romain ou station-relais ou « mutatio » crée au 1er siècle de notre ère et qui est mentionné sur l’itinéraire d’Antonin (datant du 3e siècle). Ce village antique est connu sous le nom de Segosa, nom de lieu d’origine celte ; le relais de Segosa se situait à l’emplacement du lieu-dit Saint-Paul-le-Vieux le long de la voie romaine littorale ; un hôpital aurait existé sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, au hameau du Lech, où se trouvait également la chapelle Sainte-Madeleine, appartenant à la chevalerie de Malte. L’ancienne église de Saint-Paul-de-Frontignac, à l’écart du site de Segosa, est transférée à Saint-Paul-en-Born au cours du XVIIe siècle pour cause d’inondations répétées. Le 28 septembre 1678, une ordonnance de l’archevêque de Bordeaux entérine cette décision. La cartographie du XVIIIe siècle indique toujours « où était l’ancienne église ». L’église actuelle de Saint-Paul-en-Born, sous le vocable de Saint Michel de Paynsas (au lieu-dit Païnsas, n’était autrefois qu’une simple chapelle dédiée à Saint Michel), dont on situe la construction entre le XIIIe et le XIVe siècle a subi bien des tourments au cours du temps. Celle qui n’était alors qu’une chapelle avait un clocher mur avant que celui-ci ne s’effondre et que soit construit un clocher aiguille. Le porche qui protégeait l’entrée de l’ancien cimetière a été transféré en 1860 à l’entrée actuelle de l’église. Une étude dendrochronologique a démontré que la charpente de ce porche date entre 1314 et 1326. Divers éléments de la charpente de la nef de l’église sont datés entre 1570 et 1573.
Le sentier pédestre, ombragé sur la plupart de son tracé, invite à découvrir le patrimoine naturel et historique de St-Paul-en-Born. Ainsi, on longe une aulnaie marécageuse, le bord du lac d’Aureilhan – Mimizan et ses bassins dessableurs. On traverse le Tuc de Houns, l’emplacement de l’ancienne église, le site des fouilles de St-Paul-le-Vieux, la fontaine St-Clair pour finir près de la maison des anciens pèlerins de St-Jacques-de-Compostelle “la maison de l’Hospital”.
M. Antoine Du Bourg mentionne dans la paroisse de Saint-Paul le domaine de Leys appartenant aux chevaliers de Malte. En 1733, François de Piolenc, et au mois d’août 1779, Antoine Suislain de La Tour font renouveler à leurs tenanciers les reconnaissances féodales. Ils sont au nombre de sept dans le quartier de Leich. Le 10 janvier 1771, l’abbé Baurein, qui devient plus tard l’auteur des Variétés Bordelaises, en sa qualité d’administrateur de la Commanderie de Leich baille à fief nouveau, à Pierre Menaut, de la maison de Mathieu, six journaux de lande, sise à Malingart. C’est probablement sous son administration qu’il fit don d’un missel romain à la chapelle de Sainte-Madeleine-de-Leix ; car cette chapelle a cette sainte pour patronne. Ce lieu de prière n’a été détruit qu’en ce siècle par la famille Menaut de Leich qui l’avait acquis des Administrateurs de la Compagnie des Landes et des forges de Pontenx. Il y avait un chemin fréquenté de la chapelle de Leich à Bias, le même probablement qui allait de cette chapelle à Saint-Julien. Il est mentionné dans plusieurs documents. Il n’est pas question d’hôpital pour cette commanderie, du moins dans les pièces qui sont passées sous nos yeux. Cependant… la « Maison de l’hospital » est une des plus anciennes maisons de la commune de Saint-Paul-en-Born. Située jadis dans l’enclos du cimetière, elle est de nos jours à l’extérieur de l’église, au niveau de son chevet sur le bord d’un ancien chemin arriau ou royal qui passe dans la cour de la maison curiale de cette commune. La « Maison de l’hospital » est restaurée en 1980. D’une architecture typique de la région, avec une ossature en chêne et un appareillage en brique, elle est ainsi nommée car elle accueillait autrefois les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle ou ceux se rendant à la fontaine Saint-Clair. Cette maison, donnée à la fabrique au commencement de ce siècle par une dame Bestaven, appartient encore à l’église ; c’était, dans les siècles passés, un lieu ecclésiastique. La famille Bestaven avait dû en faire l’acquisition à l’époque de la Révolution, pour la rendre plus tard à sa destination première. « Le 19 novembre 1769, Dominique Souleyrau, fabriqueur et régisseur de la Fabrique de l’église paroissiale de Saint-Paul-en-Born et sieur Jean Bestaven, négociant et sindicq de la dite fabrique, mettent en ferme pour trois années à partir de la Toussaint dernier une maison appelée « l’Hôpital », eyrial et boscage qui en dépendent, le tout situé au bourg de Saint-Paul et appartenant à ladite fabrique. Le bailliste sera tenu de loger dans la maison le sacristain du dit lieu en lui laissant seulement le logement ordinaire, et de laisser une chambre libre pour loger les malades qui viennent se vouer à Saint-Clair, ainsi qu’il est d’usage » etc. Si l’hôpital ne se trouve pas à la Commanderie, du moins est-il au bourg de la paroisse.
Un trou au pied d’une croix en bois signale la source au quartier de Bestaven à 800 m au nord-est du bourg sur la route de Ste-Eulalie-en-Born : prendre un chemin forestier en face du hameau de Loubeyres, lieu de l’ancienne église paroissiale dont on voit quelques rares vestiges ; la croix se trouve à 50 m de la route, (44.231805,-1.161562). Fréquentée depuis l’antiquité comme en témoignent les objets gallo-romains trouvés à proximité, on vient y prier Saint Clair pour le soulagement des yeux le dernier dimanche du mois de mai. Fontaine restaurée par les habitants de la commune en 2010 ; bon nombre de personnes de la contrée vont encore en dévotion, surtout le 1er juin.
Le sentier de St Paul en Born
Située en bordure de l’étang, l’église pittoresque d’Aureilhan, de style roman, est bâtie en garluche. Dédiée à sainte Ruffine (le patron de la paroisse est saint Mommolin), elle possède une nef unique, deux chapelles latérales et une abside semi-circulaire. Sa particularité réside sous son porche : il s’agit d’une grosse poutre, dirigée dans l’axe de l’église, sculptée de motifs géométriques divers, d’un style naïf qui peut être attribué à l’art populaire des XVe et XVIe siècles (écailles de poisson, roues, damiers, losanges, etc.). À l’intérieur de l’église, la statue et le reliquaire de sainte Ruffine, provenant d’une ancienne chapelle, sont placés à droite dans la nef. Lors de la restauration de 1989, une niche a été découverte derrière le maître autel. Un vitrail y a été inséré.
Saint Mommolin (? – 679), deuxième abbé de l’abbaye de Fleury (Saint-Benoît-sur-Loire), à la fin de sa vie, est de retour du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, Épuisé, il revient vers le Béarn puis traverse les Landes de Gascogne. Là, il effectue une halte à Aureilhan, où il fait surgir une eau de source. À son arrivée à Bordeaux en 679, il est vite accueilli par les bénédictins de l’abbaye Sainte-Croix. Il y acquiert une réputation de sainteté avant de mourir, peu de temps après. Les Bordelais viennent nombreux à ses obsèques et lui attribuent par la suite tous les bienfaits dont ils bénéficiaient.
La Fontaine Ste-Ruffine se trouve en face de l’auvent donnant accès à l’église d’Aureilhan et au cimetière. Puits en brique protégé par des planches et entouré d’une barrière. En 1955, une tempête a détruit la chapelle couvrant la fontaine mais l’autel et la statue de Ste-Ruffine restèrent. Elle est encore fréquentée de nos jours pour soulager les problèmes d’impétigo, d’acné ou d’eczéma. Autrefois, les mères y menaient les nourrissons atteints de « croûtes de lait ». Elles les mouillaient avec un mouchoir qu’elles devaient ensuite abandonner sur place. Après le passage à la fontaine, la tradition veut qu’on aille prier devant la statue et le reliquaire de sainte Ruffine, placés à droite dans la nef de l’église.
Le clocher-porche est aujourd’hui le seul vestige de l’ancien prieuré de Mimizan (dépendant de l’abbaye de Saint-Sever), qui fait partie des étapes du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle ; lieu d’asile, les limites de la sauveté sont matérialisées par neuf bornes : au Moyen Âge, criminels et opprimés bénéficient de l’impunité à l’intérieur de ce périmètre ; tout coupable étranger à la commune, dès qu’il touche les croix des pyramides de sauveté, se trouve en sûreté tant qu’il demeure dans leur espace. L’un des objectifs de ce système est d’attirer et fixer des populations sur ces terres inhospitalières, afin de les mettre en valeur et assurer au prieuré et à l’abbaye mère des sources de revenus. Une des autres fonctions du prieuré, remplie pour le compte de l’abbaye de Saint-Sever, est d’encadrer le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle sur cette section du littoral et servir de point d’étape. Il est en effet édifié à proximité de l’ancienne voie romaine littorale, localement nommée camin roumiou ou camin harriou (chemin frayé), empruntée par les pèlerins pour se rendre en Espagne. Cette situation assure au prieuré sa prospérité.
D’après une légende racontée dans le bréviaire de Lescar imprimé en 1541, l’église prieurale puis église paroissiale Sainte-Marie de Mimizan est construite à l’emplacement d’un édifice religieux du VIesiècle, réalisé en hommage au martyre en ces lieux de saint Galactoire, évêque de Lescar, en 506 par les Wisigoths. Bâtie une première fois au XIe siècle, l’église est détruite puis reconstruite vers la fin du XIIe ou début du XIIIe siècle. Le plus grand des deux clochers, celui de la croisée, aujourd’hui disparu, est recouvert de bois en forme d’ardoise et sert d’amer. À cette époque, il est en vue de l’océan, avant que la dune (ou tuc) d’Udos ne s’élève et progresse dangereusement. Quand la tempête met les bateaux en difficulté en les entraînant dangereusement vers le rivage, les marins voient alors surgir le clocher de derrière la dune. De là naît le vieux dicton gascon : « Que Diou nou preserbi dou coudic de la baleine, dou cantic de la Sirène et dou clocher de Mamisan ». (Que Dieu nous préserve du chant de la sirène, de la queue de la baleine et du clocher de Mimizan). En 1735, un orage s’abat sur le clocher, propageant le feu dans l’édifice et en 1790, le clocher de la croisée s’effondre. À la fin du XIXe siècle, il est décidé de démolir les parties endommagées. Devenue trop vétuste, l’église Sainte-Marie est remplacée à partir de 1891 par l’église Notre-Dame ; sa destruction, entre 1898 et 1899, épargne seulement son clocher-porche, qui est de nos jours un musée et marque une étape sur la voie littorale du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. L’abbaye de Mimizan est classée monument historique depuis 1986 et son portail depuis 1903. Au-dessus du tympan, une rangée de statues polychromes du XIIIe siècle présente dix des douze apôtres, situés de part et d’autre d’un Christ inséré dans une mandorle quadrilobée, typique du style espagnol. Parmi elles, se trouve l’une des premières représentations françaises de l’apôtre saint Jacques le Majeur en habit de pèlerin, témoignage de l’importance de Mimizan sur la voie littorale du chemin de Saint-Jacques, et justifiant la distinction du monument par l’Unesco.
Rue de la Papeterie, parallèle au Courant, la Fontaine de Notre Dame du Dos est bien protégée dans un petit monument en garluche. Son eau ferrugineuse est réputée pour soigner les maladies de la peau et des yeux. Certaines mères venaient aussi en prélever pour soigner la “couleuvre” ou diarrhée de leurs enfants (et non pas du dos comme son nom pourrait le laisser penser).
Par Ely_40 dans Fontaines Guérisseuses le 25 Juillet 2015
Source Wikipédia
Une œuvre au pied du clocher-porche de Mimizan matérialise les mille kilomètres restant à parcourir jusqu’à destination.

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