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La Voie de Soulac dite des Anglais

   

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Deux des voies essentielles traversent le Bordelais : la voie de Paris et la voie de Vézelay. D’autres voies dites secondaires ou chemins de liaison les complètent :
– l’Entre-deux-Mers sillonné de voies convergeant vers l’abbaye de la Sauve-Majeure, haut-lieu de rassemblement et de départ vers la Terre Sainte et Compostelle ;
– la voie jacquaire du littoral dont le point de départ se situe au nord du Médoc et dont le tracé actuel suit le plus possible le cheminement historique (pour diverses raisons, liées à la géologie et à la pédologie des terrains traversés, et en fonction des hébergements, le tracé initial a été déporté à l’ouest des lacs).
Après avoir suivi la Via Turonensis jusqu’à Saintes, certains pèlerins choisissent de se rendre à Talmont-sur-Gironde d’où ils embarquent pour Soulac sur l’autre rive de l’estuaire de la Gironde. Cet itinéraire secondaire n’est pas mentionné dans le « Guide du Pèlerin ».
Les pèlerins de Terre Sainte et de Compostelle, depuis la pointe de Grave, passent au prieuré clunisien de Saint-Nicolas de Grave fondé en 1087 (il abrite les moines chargés de l’entretien du feu de Cordouan, au large de l’embouchure de l’estuaire ; disparu avant 1300, la carte de Claude Masse la situe), visitent la châsse de Sainte Véronique[1] [2], qui serait morte à Soulac vers l’an 70, et quelques gouttes du lait de la Vierge rapportées de Terre Sainte (une des significations de Soulac est “lait de la Vierge” – Solum lac en latin) dans l’église abbatiale Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres[2] [3].
Après la mort du Christ, une faible barque aborde aux environs de Noviomagus ; il en descend deux hommes et une femme nommés Martial, Amadour et Véronique. Cette dernière s’établit vers l’extrémité de la presqu’île et y bâtit, au bord de la Gironde, un modeste oratoire en l’honneur de la Vierge. Autour de cet oratoire se groupent peu à peu des chaumières qui forment le village de Soulac. Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres est un édifice roman du XIe siècle construit au-dessus de l’oratoire de Sainte Véronique : à partir du XVe siècle, l’église subit les assauts conjugués de l’eau et du sable… l’édifice disparaît totalement sous la dune et ce n’est qu’en 1860 – grâce à la volonté du cardinal Donnet – qu’elle resurgit de l’oubli ». Les ruines qui l’entourent pourraient être celles d’un hôpital destiné aux pèlerins ; à la Runde, un lieu-dit de Soulac aujourd’hui aérodrome (situé autrefois sur la commune de Talais), se trouvait un hôpital abritant les pèlerins.
 
 
 
 
(1)- Jésus-Christ se rendait à Jérusalem en passant par Jéricho. De petite taille, Zachée chercha par tous les moyens de l’apercevoir. Il grimpa sur un arbre et se fit appeler par Jésus lui-même et lui dit « Descends vite. Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». De joie, Zachée s’exécuta et dit : « Seigneur, voilà. Je vais faire don aux pauvres de la moitié de mes biens et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je lui rendrais quatre fois plus ». Des suites, Jésus soigna Véronique, femme de Zachée. De cette prouesse, les époux devinrent ses fervents disciples. Véronique serait l’une des femmes ayant suivi le Christ jusqu’à sa crucifixion et aurait même essuyé la sueur de son visage. Des années plus tard, le couple est fait prisonnier du fait de leurs croyances. Zachée – Saint Amadour – mourut dans le rocher de Rocamadour où il avait construit un autel à la Vierge.

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