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Je t’aime, moi non plus !

Rattachement de Cazaux à La Teste

Si de nos jours, l’expression « paroisse » n’a qu’un sens purement religieux, autrefois, ce nom est attribué aux agglomérations rurales dotées d’un régime administratif particulier et dont le territoire est délimité. Cazaux fut donc une « Paroisse » ; nous trouvons sa trace vers l’an 1200. Celle-ci figure, pour douze deniers annuels, sur le rôle des dîmes dues à l’Archevêché de Bordeaux. D’ailleurs, cette paroisse est un des relais des chemins de Compostelle. Siècle après siècle, nous pouvons suivre l’histoire civile et religieuse de ce village.

Cazaux est une « Paroisse » de la juridiction des Captaux de Buch, au même titre que La Teste, Gujan et Le Teich.

Un des vestiges du passé est l’une des deux cloches de l’église actuelle, comme l’atteste l’inscription qu’elle porte : elle fut inaugurée en 1546.

La situation géographique de Cazaux et ses limites territoriales nous sont données par différentes sources :

Sa superficie est d’environ 7000 hectares, le nombre de ses habitants est de 132 en 1789.

En 1789, ces divisions territoriales, avec une forme nouvelle d’administration, prennent le nom de Commune. Le 14 décembre 1789, l’Assemblée Nationale décrète que les « Paroisses » de moins de 50 feux doivent se « réunir à la municipalité la plus voisine » ; en cette époque trouble, la plupart ne se conforment pas à ce décret et continuent à garder leur autonomie. La « Paroisse » de Cazaux ne compte alors que 27 feux et 132 âmes mais le 6 avril 1790, « ses principaux habitants se présentent le dit jour à la salle d’audience de la municipalité de La Teste pour demander le rattachement de leur paroisse à la commune de La Teste, ce qui leur est accordé bien volontiers. Ils choisissent alors Pierre Bal pour les représenter auprès de la municipalité ». L’ancienne paroisse de Cazaux est alors considérée comme simple quartier de La Teste. L’entente entre Cazalins et Testerins ne dure pas longtemps. Le lac fournit aux habitants une alimentation facile et abondante, avec un avantage pécuniaire provenant de la vente du poisson. La Teste, au contraire, n’en retire aucun profit à cause de son éloignement ; mais n’a-t-elle pas à sa porte l’immense baie d’Arcachon, et aussi la mer pour occuper journellement la partie maritime de sa population ? Le lac n’a pour elle aucun intérêt. Aussi, dans sa séance du 27 juin 1811, le conseil municipal, ayant à se prononcer sur l’étendue territoriale du cadastre communal avec les conditions fiscales qui lui incomberaient, refuse-t-il de prendre en charge la partie du lac comprise dans ce territoire pour n’avoir pas à payer l’impôt afférent, un impôt de quelques francs. Et l’État s’en attribue la propriété. La pêche, néanmoins, reste libre comme elle l’avait toujours été jusqu’au jour où le lac, rendu plus accessible par la création d’une route empierrée, attire de nombreux étrangers : ceux-ci s’adressent à l’État pour avoir seuls, moyennant redevance, le droit d’exploiter la pêche ; l’État y consent. C’est ainsi que le village de Cazaux est définitivement dépouillé, par vote du Conseil de La Teste, d’un droit qui contribuait, pour une large part, aux besoins de son existence. Nul doute que si Cazaux avait été consulté, à l’époque où fut prise cette malheureuse décision du Conseil, il eut pris l’engagement de payer la contribution exigée pour conserver la propriété dont il jouissait depuis des temps immémoriaux. Mieux avisées, les communes de Sanguinet et de Biscarosse, situées sur l’autre rive, conservent la partie du lac qui leur est dévolue, et elles s’en réjouissent aujourd’hui car ce droit à la pêche constitue une fraction importante de leurs revenus. Tel fut pour Cazaux le premier résultat déplorable de son rattachement à La Teste.

La Compagnie des Landes, qui construit le canal vers La Hume, la Compagnie agricole et industrielle d’Arcachon qui entreprend de mettre en cultures la lande de Cazaux, apportent un début de prospérité à Cazaux mais y amènent également des ouvriers étrangers qui créent de sérieux désagréments aux autochtones. Or il n’y a aucune autorité sur place. Le 20 avril 1841, les Cazalins réclament la séparation. Pour tempérer ces désirs, le 12 mars 1842, le Conseil Municipal de La Teste émet le vœu suivant : « Attendu que le village de Cazaux est très éloigné de La Teste… ; l’Assemblée reconnaît l’utilité d’avoir une autorité, parmi les habitants, qui puisse faire respecter les personnes et les propriétés, elle verrait avec plaisir que Monsieur le Maire, usant de la faculté que lui offre la loi municipale de 1831, sollicite de Monsieur le Préfet, de nommer un Adjoint Spécial de cette section ». En 1843, le premier adjoint spécial est nommé.

Cazaux a une école en 1854 et une église neuve en 1850 mais, rien n’y fait,  12 kilomètres de sable séparent Cazaux de La Teste. Apparemment, la municipalité de La Teste paraît plus soucieuse des intérêts du bourg que de ceux des « écarts », c’est pourquoi, pour la seconde fois, en 1851, les Cazalins lancent une pétition qui n’a pas de suite. Un an plus tard, la population s’étant accrue, elle est représentée, au sein du Conseil Municipal, par deux conseillers. Monsieur Saugères, Adjoint spécial et natif de Cazaux, demande à nouveau, en séance du Conseil municipal, l’indépendance de Cazaux ; on la lui refuse.

En 1908, un Comité provisoire pour la défense des intérêts de Cazaux est créé (CADIC). Le 21 juillet de la même année, les électeurs de Cazaux adressent, à Monsieur le Préfet de la Gironde, une demande d’érection de Cazaux en commune. La population est alors de 490 habitants, dont 113 électeurs. Le Conseil Général s’oppose au projet, après avis de la Commission Départementale : « La Commission n’aurait pas hésité si les ressources budgétaires avaient été établies d’une façon indiscutable mais elles sont restées dans le vague… Nous nous proposons donc d’émettre l’avis qu’il n’y a pas lieu d’accueillir la demande de la section de Cazaux, jusqu’à ce qu’elle ait démontré qu’elle peut se suffire à elle-même dans le présent et dans l’avenir. Nous reconnaissons qu’il y a différence d’intérêts entre Cazaux, groupement de cultivateurs et La Teste, agglomération industrielle et maritime, où il suit que si la situation est maintenue, il deviendra nécessaire de différencier certaines mesures générales ». La gestion de Cazaux ne s’améliore pas pour autant.

En 1914, année qui voit la création de la base aérienne de Cazaux par le Capitaine Marzac, Cazaux n’est plus le hameau de 1790, perdu dans la lande. La grande guerre et celle de 39-45 ne sont pas des évènements propices à l’émancipation de Cazaux. Le Docteur Aristide Ichard, nouveau Maire, est élu en 1951 ; il effectuera 4 mandatures jusqu’en 1977. Adjoint Spécial à Cazaux : Charles Dandreau. Une 4ème demande de séparation est engagée. Il aura fallu attendre 43 ans pour que les conditions de relance de la demande de séparation soient requises. En novembre 1952, 300 pétitionnaires réclament Cazaux-Commune. La population de Cazaux ne cesse d’augmenter d’année en année. Lors de  l’enquête : tous les avis enregistrés à Cazaux, soit 319 sont favorables ! Le 12 décembre 1953, le Conseil Municipal de La Teste se prononce contre la séparation. Résultats du vote : 15 voix contre, 4 voix pour, 4 abstentions. Enfin, en 1957, le Conseil Général de la Gironde se prononce favorablement, à l’unanimité. Le Préfet transmet à l’Administration Centrale avec avis favorable, mais le Conseil d’Etat subordonne sa décision à une étude du problème soulevé par l’érection simultanée en commune, de deux sections de La Teste : Le Cap Ferret et Cazaux. La  4ème demande est rejetée.

Gilbert Moga est élu maire en 1977 ; il effectuera 2 mandatures, jusqu’en 1989. Adjoint spécial de Cazaux : 1ère mandature : Gérard Lanusse, 2ème mandature : Jacques Bessou. Une 5ème demande de séparation est engagée.

Le problème du Cap Ferret est résolu mais non celui de Cazaux ; c’est donc l’objet de la pétition des Cazalins déposée en Préfecture, le 19 novembre 1981. La Municipalité de la Teste, en mai 1985, vote contre la séparation par 28 voix contre, 3 pour, 2 abstentions. Le Conseil Général suit ce non à l’indépendance, en octobre 1985. Le Commissaire enquêteur dans son rapport de novembre 1985 préconise le sectionnement électoral de Cazaux : « … considérant après enquête :

Propose :

Il faut attendre 1992 pour que le Conseil Général accorde le sectionnement électoral de Cazaux ; la 5ème demande est rejetée. Sous l’impulsion des adjoints de Cazaux, cette période est cependant marquée par la réalisation de grands travaux :

Les investissements de 1979 à 1989 sont les plus importants que Cazaux ait reçus depuis son rattachement à La Teste, soit 1.28 MF par an en moyenne sur 10 ans, bien que le montant normal, soit 15% des investissements sur La Teste, aurait dû être de 2,4 MF. Nous en conviendrons, pour une première fois, ce n’est pas si mal.

Le Docteur Claude Espied est élu en 1989 (il effectuera 2 mandatures jusqu’en 2001, avec cependant une interruption d’un an (1996-1997), avec exclusion du Conseil Municipal et inéligibilité d’un an, pour dépassement abusif de son compte de campagne ; le recours avait été déposé par deux conseillers municipaux dont Jacques Bessou. C’est le premier Adjoint Jean-Marie Schmitt qui assure « l’intérim » de Maire de 96 à 97). Adjoint Spécial de Cazaux : 1ère mandature : Christian Minville, 2ème mandature Christian Minville puis Victor Alcaraz.

Les élections de 1995 sont la première occasion de présenter, grâce au sectionnement électoral, 4 candidats cazalins pour siéger au Conseil Municipal de La Teste. Messieurs Bessou, tête de liste de « Cazaux Cap à venir », Labarthe et Seie et Madame Fabre. Seuls les 3 premiers sont élus. Mais contrairement à l’esprit qui avait présidé aux conclusions du commissaire enquêteur de 1984, afin que les attentes des Cazalins puissent se faire entendre au sein du Conseil Municipal, Claude Espied nomme, Adjoint Spécial de Cazaux, un conseiller acquis à sa cause mais n’habitant pas Cazaux, Christian Minville. Il faut savoir que l’Adjoint Spécial d’une section de commune doit habiter ou travailler dans cette section. De plus, l’adjoint Spécial n’est pas le représentant des Cazalins mais le représentant du Maire. Il assure les fonctions de l’état civil et de la police.

 

Pour des raisons de délais de dépôt de recours auprès du Tribunal Administratif de Bordeaux, la plainte introduite par Jacques Bessou contre la nomination de Christian Minville ne fut pas recevable et Christian Minville reste Adjoint Spécial pour cette mandature.

En 1997, de nouvelles élections municipales sont organisées car M. Claude Espied veut retrouver son siège de Maire. C’est ainsi que, pour une première fois, une liste « Cazaux-Commune » est proposée aux Cazalins et s’oppose à la liste de M. Espied conduite à Cazaux par M. Minville. Dans cette liste, on retrouve, avec stupéfaction, M. Sebie, actuellement Président de l’association « Bien vivre à Cazaux », qui trahissait les Cazalins en se mettant du côté du Maire de la Teste. Claude Espied tente ainsi de mettre la zizanie à Cazaux mais les Cazalins ne sont pas dupes de cette manœuvre politicienne et sanctionnent la liste du Maire de la Teste en votant à 66% des voix pour la liste « Cazaux-Commune » conduite par Guy Versini composée de François Boyer, Stéphane Echard et Jean-Philippe Calvo-Perez. Les 3 premiers sont élus.

Le même scénario se déroule pour la nomination, par le Conseil Municipal, de l’Adjoint Spécial de Cazaux. Christian Minville est nommé mais, cette fois-ci, le recours présenté par les conseillers cazalins auprès du Tribunal Administratif de Bordeaux aboutit à l’annulation de sa nomination. Christian Minville fait appel en Conseil d’Etat, sa demande est rejetée. Le Maire lui retire sa délégation et, en février 1999, le Conseil Municipal élit Victor Alcaraz, habitant de Cazaux ; il faut remarquer que Victor  Alcaraz n’a pas été élu par les Cazalins mais par les Testerins sur la liste du Maire de La Teste, Claude Espied. Tout va pour le mieux pour les affaires de Cazaux puisque Victor Alcaraz écrit, dans Sud-Ouest, la phrase qui  le rend célèbre : « Ce que je demande à La Teste pour Cazaux, je l’obtiens ».

Dès 1998, Guy Versini, leader du groupe Cazaux-Commune créé au sein du Conseil Municipal, est désigné, par le CADIC, pour introduire une nouvelle procédure auprès du Préfet qui, un an plus tard, la déclare irrecevable car basée sur des élections municipales. Une pétition est alors réalisée et transmise au Préfet en janvier 1999. Le Préfet exige, pour qu’elle soit recevable, une authentification des signatures des pétitionnaires par un représentant du Maire, en l’occurrence l’Adjoint Spécial Victor Alcaraz. Un recours auprès du Tribunal Administratif de Bordeaux est introduit par les élus Cazaux-Commune et le CADIC contre cette authentification des signatures. Ce n’est qu’en mars 2002 que le Tribunal Administratif de Bordeaux condamne le Préfet et rend la pétition recevable.

Durant ces 3 ans nos conseillers municipaux bataillent, au Conseil Municipal, pour que Cazaux ne soit pas oublié, mais en vain ; cependant, ils réussissent à convaincre le maire d’acheter le café « Le Central » pour en faire une maison des associations et aussi de laisser aux Cazalins, la possibilité de choisir le nom des nouvelles rues de Cazaux.

L’élection de Claude Espied à la mairie de La Teste est sans contexte un frein à la poursuite du développement du cadre de vie à Cazaux. De nombreux terrains communaux sont vendus à des promoteurs malgré l’opposition. L’investissement moyen annuel, sur une période de 10 ans (1989 à 1999), est seulement de 0,62 MF, réduit de moitié par rapport à la décennie précédente. Notons cependant la réfection de la rue de Verdun, la seule rue de Cazaux aux normes, cadeau préélectoral en 2000 !

Des réalisations indispensables, mais de moindre coût, sont tout de même lancées :

D’autres grands travaux sont effectués, mais entièrement financés par la taxe sur l’eau payée par les Cazalins : le forage et la réparation du château d’eau. C’est durant cette période que Cazaux connaît une étonnante poussée démographique avec la réalisation de nombreux lotissements (la chasse aux taxes locales) : la Clé de Cazaux, les Platanes de Castéra, Arguin. Cazaux compte désormais plus de 3 500 habitants.

Le Docteur Jean-François Acot-Mirande est élu en 2001 ; une  liste Cazaux-Commune a été de nouveau présentée aux Cazalins. Elle est composée de Claude Montier, tête de liste, Sylvie Castello, Thierry Blanchet et Aurélie Moury. Les 3 premiers sont élus avec 55% des voix. La liste d’obédience Espied, menée par Victor Alcaraz, n’a que celui-ci élu. L’Adjoint Spécial de Cazaux est Claude Montier. C’est la première fois que l’Adjoint Spécial de Cazaux est la tête de liste qui remporte les élections à Cazaux et de surcroît, tête de liste de Cazaux- Commune. Aussi, pouvait-on espérer qu’un autre avenir pour Cazaux allait voir le jour. Mais, c’est sans compter la faiblesse des femmes et des hommes que notre société façonne. En effet, nous sommes obligés de constater, avec stupéfaction, que deux élus de la liste « Cazaux-Commune » aux élections municipales de 2001, Claude Montier et Sylvie Castello, ne soutiennent plus la cause de Cazaux-Commune. En effet, au cours de trois conseils municipaux (2002), ils votent des délibérations allant à l’encontre des intérêts de Cazaux. Par ailleurs, en juin 2002, le CADIC effectue, auprès d’eux, une ultime démarche, leur demandant de reformer une unité pour Cazaux, en créant le groupe politique « Cazaux-Commune » au sein du conseil municipal : ils n’apportent aucune réponse ! La conséquence immédiate d’une telle attitude est l’éviction de Thierry Blanchet, des commissions communales et de la COBAS. Le groupe « Cazaux-Commune », est créé à  l’initiative de Thierry Blanchet, lors du conseil municipal du 27 juin 2002 mais sa représentativité au sein des commissions communales, ne peut être effective car il eut fallu pour cela qu’au moins un second élu de Cazaux y adhère. Le Maire de la Teste déclare, en conseil municipal, que les élus cazalins ne représentent qu’eux-mêmes ; le Maire de La Teste s’auto-désigne pour représenter les Cazalins à la COBAS !

 

Sylvie Castello et Claude Montier ont-ils, comme M. Sebie en son temps, succombé aux charmes des sirènes prometteuses de lendemains qui chantent ?

En octobre 2002, Thierry Blanchet appelle, tous les Cazalins, inscrits sur les listes électorales de Cazaux, à signer une seconde pétition pour «Cazaux-Commune» lancée en décembre 2002 par l’intermédiaire du CADIC ; elle confirme celle de 1999, qui a été, depuis, déclarée recevable par le Tribunal Administratif.

Depuis cette date la situation a beaucoup évolué. Le CADIC n’est plus ce qu’il était…

 

Voir tous les détails dans la collection des CAZAOUS INFO.

http://blanchet.enfrance.com/historique.htm [1]

 

Ce texte est repris par Robert Aufan  dans « La Teste-de-Buch racontée par ses rues et lieux-dits » qui complète l’information : « Saint Pierre de Cazaux est attesté dès le XIIIe siècle comme paroisse de l’archiprêtré de Buch » et que « dès 1841 les descendants regrettent ce choix et demandent sans succès l’indépendance. »

En 1843, on affecte un adjoint spécial à Cazaux.

Un très intéressant article de Jacques Ragot, paru dans le Bulletin de la SHAA n° 41 (1984), retrace l’histoire de toutes les demandes successives en 1841, 1851, 1809, 1953. « Le désir d’être indépendants saisit les Cazalins environ tous les cinquante ans ». On peut aussi y lire une discussion concernant les limites entre Cazaux et La Teste, les avatars successifs de la paroisse, comment serait partagée la Forêt Usagère…

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