Lège-Cap-Ferret – 20 avril 1791 – Droit de varech
Avant 1976, la presqu’île du Cap Ferret était scindée en deux par une ligne partant du Truc Vert et aboutissant à la Pointe aux Chevaux en transitant par l’honorable établissement Chez Patachou sur la route entre Petit et Grand Piquey. On raconte même que la frontière passait au milieu de la construction.
Quelles étaient les raisons de ce partage ? Le territoire de chasse des seigneurs locaux ? Sans doute, mais pas que.
Pendant l’Ancien Régime, le droit de bris, appelé aussi droit d’épave, droit de lagan, droit de varech, était le droit donnant la propriété des épaves et des cargaisons des navires naufragés au seigneur sur les terres duquel l’épave s’échouait. Les côtes sableuses, sans repères pour la navigation, étaient un excellent terrain pour les naufrages, et donc une source de revenus loin d’être négligeable
En fait, ce droit de varech faisait l’objet de négociations, de marchandages ou d’entorses nombreuses. Ainsi, il pouvait être donné par les seigneurs aux militaires ou religieux en échange de services divers. Les dunes constituant la partie sud du Cap Ferret étaient ainsi considérées comme propriétés des captaux de Buch et celles du nord, comme propriétés des barons de lège.
Mais les populations qui vivaient dans des conditions misérables, ne respectaient pas ce privilège seigneurial et profitaient des naufrages pour aller piller les bateaux. Certains dits « naufrageurs » n’hésitaient pas forcer le destin en provoquant des naufrages par divers stratagèmes.
Pendant la période révolutionnaire, le décret du 20 avril 1791 stipule : « les droits de déshérence, d’aubaine, de bâtardise, d’épave, de varech, … n’auront plus lieu en faveur des ci-devant seigneurs ».
Néanmoins, l’évolution des anciennes paroisses de l’Ancien Régime en communes tint compte des anciennes limites. C’est ainsi que Petit Piquey resta attaché à Lège et Grand Piquey à La Teste-de-Buch. Tout ça jusqu’en 1976 !
Actuellement, la récupération de biens sur une épave est interdite mais elle serait parfois pratiquée. Renseignez-vous, l’inventeur d’une épave ne peut la récupérer qu’au terme d’une procédure complexe.