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Croquis du Bassin – On cherche M. Hulot.

Après un détour hier vers la plage de Cazaux, notre croquis quotidien nous ramène aujourd’hui vers les plages testerines du Bassin. On atteint la première, celle de Pyla-sur-Mer, après avoir dévalé une longue descente du sommet de laquelle on découvre le Bassin bleuté se confondant avec l’horizon, de la même couleur diaphane. Mais pour arriver à la Teste-sur- Mer, il faut encore contourner la place Meller dont les voies routières se chevauchent en un curieux tracé. Meller… Daniel, Meller. Cette jolie place rustique porte le nom du créateur de la station, en 1921. Il rêvait de transformer un lotissement de cent quarante-trois hectares en un Cannes-sur-Bassin, desservi par une base d’hydravions et par des “Michelines” rapides. A la recherche d’élégance et d’une clientèle huppée, il a doté le rustique et gascon Pilat, P.I.L.A.T, d’un Y d’autant plus aristocratique qu’il devait faire songer à ces portes, comme les Grecs antiques auraient baptisé les lieux.

Mais ici, aujourd’hui, on vit dans un petit monde de station touristique tranquille où croiser M. Hulot n’étonnerait guère car il y a là tout ce qu’il faut pour bâtir une carte postale de vacances. “Quel temps fait-il à Paris ? Le ciel est-il noir ou gris?”, comme le demandait la chanson du film de Jacques Tati… Une poste qui ressemble à une villa basque mais chapeautée d’un “PTT” sculpté dans la masse, un office de tourisme peint en vert, une mairie sous des drapeaux aux mâts trop courts, une discothèque dont les ermites ne sont point des saints, deux ou trois commerces aux devantures débordantes et un hôtel orienté très au sud, descendant jusqu’aux vagues. Plus, une place, jardin fort peu jardiné dans le sol sableux duquel pousse, certes, une pelouse mais aussi une végétation aux reflets méditerranéens et quelques pins penchés. Entre leurs troncs, des baigneurs ont tendu une corde où sèchent serviettes et maillots. On est loin de la “Croisette” dont rêvait en ces lieux Daniel Meller. Heureusement, qu’en face, les eaux argentées du Bassin, d’un fin gris bleu, bougent à peine. Presque vaporeuse, elle aussi, au loin, la Grande Dune clôt la baie, perdue, ce jour-là, dans les vibrations de la chaleur de juillet.

À droite, changement de décor. On entre en plein dans le monde de la voile. Des dizaines de jeunes arment des dériveurs, des planches à voile et des catamarans, sous les conseils des nombreux moniteurs du CVPM, une valeureuse association qui a accumulé de beaux résultats sportifs depuis des décennies, grâce à ses centaines de licenciés sportifs. Bientôt, toute la troupe des stagiaires néophytes ou des voileux confirmés, se retrouve à pousser les bateaux sur la longue cale inclinée qui mène vers les eaux, pour succomber à l’appel du large, dans une zone où les courants compliqués, bien que barrés par de nombreux bancs de sable, donnent vite des leçons de sagesse aux marins trop aventureux.. Un tout petit mousse suit d’un œil inquiet ses copains navigateurs et tire sur les sangles de son gilet de sauvetage rouge pour se rassurer … Sur la plage, de nombreux baigneurs observent les manœuvres, les plus alarmés étant des parents de navigateurs, ravis toutefois d’essayer de distinguer dans l’armada colorée l’Optimist où le petit s’acharne à remonter le courant. C’est là que commence une longue plage de sable blond qui court jusqu’à la lointaine corniche et qui longe les plus belles et les plus chères villas de la côte. Rêvez maintenant …

Jean Dubroca

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