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1632 – Portulan portugais de Dinan, Pascoal Roiz – Arcaxo, Arcaxona

 

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Deux seules cartes semblent connues du cartographe Pascoal Roiz cartographe portugais et fabricant de portolan de Lisbonne : l’une conservée à Washington datée de 1633, l’autre à la Bibliothèque municipale de Dinan datée de 1632.

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arcaxō

Œuvre exceptionnelle du Musée de Dinan, le Portulan portugais sur parchemin témoigne des grandes avancées géographiques et scientifiques du XVIe siècle. Elle montre en son centre l’Atlantique bordé sur sa gauche de la côte de l’Amérique du Nord et de l’ensemble des côtes d’Afrique jusqu’à la Perse ; au-dessus, l’Europe avec tout le bassin méditerranéen. On lit sur une bannière flottante, en bas à droite, le nom de Pascoal Roiz et celui de Lisboa, surmontant la mention Anno 1632. Au dos du manuscrit est portée la mention suivante : « donné par M. et Mme Lecourt de La Villethassetz, le 4 septembre 1844. G. Buisson ».

Frédéric Lecourt de La Villethassetz (1798-1871) était à la fois juriste, homme de lettres et passionné d’histoire. Tout au long de sa vie, il a collectionné les vieux volumes, titres et autres documents anciens. Il fait don de certains au musée et à la bibliothèque.
 
On l’a vu, ces cartes sont des outils conçus pour la navigation et le commerce mais elles se parent rapidement d’ornements et d’illustration. Elles deviennent des documents de prestige, affirmant le pouvoir de leur commanditaire, elles sont utilisées comme présents, destinés aux bibliothèques des rois, des princes ou des riches marchands.
La carte-portulan de Dinan donne à voir l’étendue de la puissance maritime coloniale de l’Espagne et du Portugal alors réunis sous le sceptre royal de Philippe IV d’Espagne, qui règnera de 1621 à 1665, roi des Espagnes et des Indes, roi des Deux-Siciles et roi du Portugal. Les armes d’Espagne et du Portugal sont présentes sur tous les continents. L’importance du décor autorise à penser que le portulan de Dinan n’est pas utilisé à bord. Ce qui étonne, c’est la représentation de nombreux saints patrons. En haut à droite, nous identifions saint Antoine de Padoue : il porte la robe franciscaine et l’Enfant Jésus sur son bras. En haut à gauche, nous distinguons saint Barthélémy, un des douze apôtres. Il apparaît accompagné de son attribut, le couteau avec lequel il fut écorché. Il porte sa peau sur ses épaules. Le XVIIe siècle marque le début du déclin de la puissance maritime portugaise. Elle est en proie à cette époque à de nombreux naufrages et se heurte à la compétition néerlandaise, cela favorise chez les marins un renouveau de la ferveur religieuse qui se manifeste sur les cartes par la figuration de ces nombreux intercesseurs. Outre la présence de ces saints personnages, on trouve aussi une figuration de l’arbre de Jessé (1). Jessé, c’est le vieillard à longue barbe, il est allongé et de ses entrailles sort l’arbre qui porte douze ancêtres, charnels (les rois) ou spirituels (les Prophètes). Une Vierge à l’Enfant est placée au sommet de cet arbre. Depuis le XIIIe siècle, sous l’influence du culte marial, la Vierge est substituée au Christ au sommet de l’arbre. La filiation davidique de la Vierge remplace alors celle de Joseph, en liaison avec le développement de l’immaculée conception. De nombreuses villes fortifiées sont figurées sur les cartes, particulièrement dans les possessions portugaises et espagnoles. La ville de Jérusalem apparaît également. Des caravelles et des roses des vents complètent cette ornementation. On trouve aussi, à trois reprises, des échelles de mesure. L’échelle des distances en mille marins apparaît.

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(1) On désigne sous ce nom l’arbre généalogique du Christ, à partir de Jessé, père du roi David.

1633 Atlantique, Roiz – Arcaxona

 

Un spectaculaire portolan de l’océan Atlantique, et des continents adjacents y compris l’Amérique du Nord et du Sud, l’Afrique, l’Europe, et une partie de l’océan Indien, dessiné sur vélin en 1633.

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Arcaxona

La carte contient de belles illustrations et de nombreuses roses de vents élaborées, drapeaux, insignes, côte d’armes et dessins de fortifications. Il dispose également d’un crucifix dominant entre la Pologne et la Russie, un «Corpo Santo» flottant dans l’Atlantique Nord, Santo Antonio (Saint Antoine de Padoue) tenant l’enfant Jésus, et deux vignettes distinctes de la Vierge Marie. La première est en Amérique du Nord avec une inscription “N S DA NATEVIDADE”, qui signifie Nossa Senhora da Natevidade/Natividade (Notre-Dame de la Nativité). Le second est dans le coin opposé de la carte avec la Sainte Vierge regardant apparemment sur Cabo da Boa Esperança (Cap Bon Espérance) – un point crucial pour la navigation portugaise. Frisland, une île imaginaire, figure au sud-ouest de l’Islande. Une bannière de devise dans le coin inférieur droit enveloppe l’année “Anno de 1633”. La bannière elle-même a une inscription en feuille d’or fanée, qui se lit peut-être comme suit: “PASCOAL ROIZ A FES EN LISBOA A VALENTIN DE REVOADE…”.

Détenu à la « Library of Congress Geography and Map Division » à Washington.

 

https://www.loc.gov/maps/?fa=contributor%3Aroiz%2C+pascoal&dates=1633 [6]

 

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