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1502 – 1506 – Carte dite « Kunstmann II » – Arcaxam

Les premières cartes maritimes sont produites au tournant des XIIIe et XIVe siècles. Leur principal objectif consiste à représenter le plus précisément possible les côtes et les ports, d’où leur nom portolanos[1] [1]. Lorsque les marins partent à l’aventure en haute mer, ils indiquent leurs découvertes sur les cartes. Selon une loi portugaise, tous les navires doivent posséder à bord deux cartes utilisables.

[2]

Carte Portulan (carte nautique dessinée à la main, carte du monde, détail). Italie?, 1502 – 1506  ; collection de cartes de la Bayerische Staatsbibliothek 

La carte–portulan présentée ici fut copiée à partir d’un original portugais par un cartographe italien. Ce document important de l’histoire de la découverte de l’Amérique est appelé Kunstmann II, ou Carte aux quatre doigts. Datant de la période de 1502 à 1506 environ, la carte indique déjà les découvertes résultant des voyages effectués en 1501 par l’explorateur portugais Miguel Corte–Real (1448–1502 env.), ainsi que par l’explorateur et navigateur italien Amerigo Vespucci (1451/1454‒1512 env.). Corte–Real cartographia, en Amérique du Nord, la Terra de Lavorador (certaines régions de l’actuel Groenland) et la Terra Corte Real (Terre-Neuve-et-Labrador). Les découvertes de Vespucci, en Amérique du Sud, incluent la côte nord, de De Lisleo (San Lorenzo, lac Maracaibo) au Rio de le Aues (fleuve Orénoque) et, après une interruption entre Cabo de São Roque et le Rio de Cananor, la côte est du continent. Sur cette carte, la bande littorale sud est appelée « Terra Sanctae Crucis ». Une inscription et une image dans l’angle inférieur gauche rendent compte de la prévalence du cannibalisme dans cette région. La taille de l’Afrique est réduite du nord au sud et le nord est ostensiblement plus large d’est en ouest. Madagascar, l’île découverte en 1506 au large de la côte est de l’Afrique, ne figure pas sur la carte, ce qui permet d’établir avec certitude qu’elle fut dressée avant cette date. Différents noms sur la carte sont écrits en latin, en portugais et en italien.

Ente autres, Arcaxam

Le symbole du paradis que l’on voit sur la carte offre à l’historien un point de départ remarquable pour l’exploration des idées européennes sur un paradis terrestre en Afrique et des perceptions européennes de l’Afrique aux environs de 1500. Une analyse attentive de l’iconographie de cette carte met en lumière son contexte et ses objectifs. Les armoiries présentes sur le grand arbre du paradis présente au cardinal espagnol Bernardino López de Carvajal (1456–1523), ambassadeur de l’Espagne auprès du pape. Carvajal, qui a joué un rôle important dans le cadre du traité de Tordesillas, est un partisan convaincu d’une nouvelle croisade contre l’Islam en Afrique et au Moyen Orient qui viserait la reconquête de Jérusalem et l’expansion de la foi chrétienne dans le monde.

https://www.bsb-muenchen.de/en/collections/maps/collections/hand-drawn-maps/ [3]

https://www.wdl.org/fr/item/18177/#additional_subjects=Mappae+mundi [4]

Voir http://www.myoldmaps.com/renaissance-maps-1490-1800/309-kuntsmann-ii-world-map/309-kuntsmann-ii.pdf [5]

https://www.readcube.com/articles/10.33137%2Frr.v31i2.9181 [6]

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84591403.r=portulan%20munich?rk=21459;2 [7]

[1] [8] – L’italien portolano se traduit Livre pilote

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