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1494 – Séparation du Captalat de Certes d’avec le Captalat de Buch

[1]

Liste des Captaux de Buch

Maison de Bordeaux

1 – Pierre IV de Bordeaux ca 1208-1274, seigneur de Puy-Paulin

2 – Pierre Amanieu de Bordeaux (Pey-Amanèu de Bordeaux)

4 – Pierre de Bordeaux, dit le Massip (Pey de Bordeaux), baron de Certes

5 – Assalhide de Bordeaux

Maison de Grailly

6 – Jean II de Grailly (Johan II de Grailly)

7 – Jean III de Grailly (Johan III de Grailly)

8 – Archambaud de Grailly

9 – Gaston 1er de Foix-Grailly

10 – Jean de Foix Grailly, comte de Candale

11 – Gaston II de Foix-Grailly-Candale

12 – Gaston III de Foix-Grailly-Candale, dit le boiteux

13 – Fréderic de Foix-Grailly-Candale

14 – Henry de Foix-Grailly-Candale

15 – Henri-François de Foix-Grailly-Candale

Maison d’Épernon

16 – Marguerite de Foix et Jean Louis d’Épernon

17 – Bernard d’Épernon

Maison de Foix-Grailly-Candale

18 – Marie de Foix-Candale

19 – Henriette de Foix-Candale

20 – Henri-François de Foix-Candale

Maison d’Amanieu de Ruat

21 – Jean-Baptiste Amanieu de Ruat[1] [2]

22 – François-Alain Amanieu de Ruat

23 – François Amanieu de Ruat

C’est par l’expression « Seigneurie et baronnie de Buch et Certes » que le grand captal Jean III de Grailly désigne dans son testament du 6 mars 1363 l’ensemble de ses possessions en Pays de Buch. C’est en des termes semblables “Tota baronia de Bogio et Certa” que ces territoires sont désignés dans la lettre du Roi Richard III signée à Westminster, le 17 décembre 1383, en confirmation de la sentence du sénéchal de Guyenne qui a homologué le testament du captal.

L’histoire de la baronnie de Certes doit être recherchée[2] [3] dans l’histoire des propriétaires successifs : les familles “Bordeaux”, Grailly, Albret.

[4]

Pierre III de Bordeaux, mort vers 1242, est le père de Pierre IV, sénéchal de Guyenne et seigneur des châteaux de Puy-Paulin à Bordeaux, Castelnau-de-Médoc, Isle-Saint-Georges. Celui-ci a deux fils, Pierre V lo vieilh (l’aîné) et Pierre Amanieu le cadet, outre une fille Mathe, épouse d’Amanieu d’Albret.

Pierre V lo vieilh, né vers 1240-1245, hérite des châteaux et fiefs de la famille et il est en outre qualifié de seigneur de “Certes et Comprian”. (A.D. P.A. E. 135). Or, Pierre III avait épousé Raymonde de Blanquefort, fille du seigneur du château de Blanquefort. C’est pourquoi il est tout à fait probable que “Certes” entre dans le patrimoine des “Bordeaux” à la suite d’héritage, donation ou partage au sein de la famille de Blanquefort.

Alors que Pierre V lo vieilh hérite des fiefs de la famille, son frère cadet Pierre Amanieu devient captal de Buch (c’est-à-dire seigneur des trois paroisses), mais dans des circonstances qui nous sont inconnues ; son neveu Pierre VI, fils de Pierre V, hérite de son père en 1283 et hérite du captalat en 1300. Ainsi Pierre VI se trouve, du fait de ces deux suc­cessions, à la fois seigneur captal de Buch et de Certes.

Or, de 1376 à 1500, les Albret revendiquent la propriété de la seigneurie de Buch et de Certes, sinon celles d’autres fiefs appartenant aux captaux. Il s’agit d’un litige ayant pour origine le mariage de Mathe de Bordeaux avec Amanieu IV d’Albret, ouvert par le décès du captal Jean III, époux et veuf sans enfant de Rose d’Albret sa lointaine cousine, et clos par le mariage en 1494 de Gaston II de Foix et d’Isabelle d’Albret.

Lorsqu’il meurt en 1376, Jean III de Grailly institue pour héritier son oncle, Archambaud de Grailly[3] [5], demi-frère de son père. Arnaud Amanieu d’Albret, le frère de Rose, exige non seulement la restitution de la dot de sa sœur, pour laquelle le captalat se trouvait hypothéqué, mais aussi fait valoir ses droits sur la propriété même du captalat et des autres fiefs venant des Bordeaux. Et cela par le fait même qu’il est un descendant des Bordeaux, alors qu’Archambaud ne l’est pas. L’affaire est portée au Parlement de Toulouse (territoire français) devant lequel Arnaud Amanieu est débouté. Le sénéchal anglais de Bordeaux approuve le testament de Jean III de Grailly et le roi d’Angleterre confirme la sentence de son sénéchal. Cependant, les Albret maintiennent leur prétention. Après la fin de la guerre de Cent Ans, les captaux sont rétablis dans leurs possessions par le roi de France, en 1462, mais les Albret persistent – et signent – toujours à porter le titre de captal et, en 1469, rendent même l’hommage vassalique au roi de France pour ces fiefs litigieux.

[6]

Atlas historique de William R. Shepherd, 1926 France 1461 à 1494

En 1494, le captal Gaston II de Foix, veuf de Catherine de Foix, épouse en secondes noces Isabelle d’Albret, fille d’Alain d’Albret « Le Grand ». C’est leur contrat de mariage du 30 janvier 1494 qui tranche définitivement le litige. Alain d’Albret dote sa fille de « Certes, La Mothe et Mios » qu’il abandonne, et renonce au titre de captal de Buch. Il donne aussi en dot – et cela est plus positif – une fraction de Sanguinet[4] [7] située au nord du lac. En 1500, dans son testament, Gaston II confirme les engagements pris en 1494. Gaston III, son fils aîné, issu du premier mariage, devient captal de Buch tandis qu’Alain de Foix, fils aîné d’Isabelle d’Albret devient seigneur captal de Certes, Mios et La Mothe. C’est ainsi qu’est réglé le litige Albret-Grailly et que la baronnie de Buch et Certes est dorénavant scindée en deux captalats.

Un procès-verbal de reconnaissance des limites de Certes est établi en 1598, c’est-à-dire près d’un siècle après la scission de 1500.

La juridiction de Certes est formée :

– en totalité des paroisses de Lanton, Audenge (sauf la baronnie), Mios, Biganos, Lamothe et Le Teich[5] [8],

– par une partie du Porge : la juridiction de “Campagne[6] [9]”, bande de terrain de landes et dunes située entre Le Porge et Lège et aboutissant à l’Océan,

– par une grande partie des landes de Saumos, Le Temple, Martignas, Saint-Jean-d’Illac dont Le Las[7] [10], Cestas et le Barp,

– la partie de Sanguinet située au nord de l’étang.

Ainsi, si le procès-verbal de 1598 est parfaitement précis, mais d’interprétation difficile concernant les limites nord, il est très clair concernant les limites est et d’ailleurs un plan du XVIIIe précise ces limites avec la juridiction des jurats de Bordeaux.

Sur la route actuelle Bordeaux-Arès, Certes se terminait à deux kilomètres du bourg de Saint-Jean-d’Illac, sur le ruisseau “Craste Neuve”.

Sur la route Bordeaux- Arcachon, la limite était située entre Pierroton et Toctoucau.

Sur la route Bordeaux-Bayonne, le point limite était Le Puch de la Gubate, dans Cestas.

Neuf dixièmes au moins des 120 000 hectares de Certes étaient des landes, et la possession de ces landes ne présentait qu’un seul intérêt : celui d’être une zone de pacages et dans une petite mesure un vaste terrain de chasse.

[11]

Carte du patrimoine côtier du fond du Bassin d’Arcachon, auteurs : Fréderic Bertrand, Geneviève Decroix

Si plusieurs captaux de Buch furent des personnages célèbres, notamment le duc d’Épernon, leurs cousins de Certes sont parfois bien plus célèbres encore, et ils sont même tellement illustres que personne encore n’a signalé leur présence à Certes.

L’histoire des captaux de Certes et de leur seigneurie se divise en deux périodes :

1) de 1500 à 1637 :

2) de 1637 à 1789 : les marquis de Durfort-Civrac dont l’œuvre transforme le visage du pays.

– De 1500 à 1637, la descendance de Gaston II de Foix se succède de la manière suivante :

– Alain de Foix, vicomte de Castillon, “baron de Certes, captal de Buch”, décédé vers 1545/1546

– Jeanne de Foix, sa fille, qui épouse Honorat de Savoie vers 1540/1545, lequel va devenir maréchal de France, amiral et gouverneur de Guyenne.

– Honorat de Savoie, reçoit de sa femme le captalat de Certes en donation et fut aussi son héritier. Il rend hommage au Roi le 26 décembre 1546 pour sa terre de Certes.

– Henriette de Savoie, fille du précédent, reçoit Certes en donation lors de son mariage en 1560 avec Melchior des Pretz de Montpezat comte, puis marquis de Villars, dont elle aura quatre garçons et quatre filles. En second mariage, le 23 juillet 1576, elle épouse le prince Charles de Lorraine, âgé de 22 ans, duc de Mayenne, dont elle aura quatre autres enfants. Mayenne et son épouse décèdent à Soissons en novembre 1611.

– Henri de Lorraine, fils aîné du premier duc, est aussi duc d’Aiguillon et gouverneur de Guyenne. Comme son père et son oncle, le Duc de Guise, il combat pour la cause catholique et meurt au combat, à Montauban en 1621. Veuf l’année de son mariage, il n’a pas de descendance.

– Les enfants du duc de Nevers et de Catherine de Lorraine, Catherine de Lorraine sœur du second duc de Mayenne était déjà décédée en 1621. Ses enfants héritent de Certes.

En 1637, la famille de Lorraine déjà ruinée par les dépenses des guerres de religion et par son train de vie royal, est en faillite. Certes est vendu aux enchères, au tribunal du Châtelet de Paris.

Les captaux de Certes, descendants des Foix-Grailly et aussi des rois de France, sont de bien grands personnages. Certes ne présente aucun intérêt pour eux et cependant le titre de captal conserve son prestige. Lors de son second mariage avec Mayenne, Henriette de Savoie porte ce seul titre de “Dame de Certes”.

Ces personnages ont laissé très peu de trace de leur passage et de leur gestion :

– la baillette de 1571, par laquelle Henriette de Savoie accorde les pacages aux habitants de la seigneurie. Ce texte est important puisqu’il est le fondement du partage des landes et vacants lors de la Révolution.

– le procès au Parlement[8] [12] intenté en 1597 par Mayenne aux habitants de Certes qui refusent d’assurer la garde du château.

– le procès-verbal de 1598 de reconnaissance des limites de Certes.

– une référence de 1618 dans les registres de la Jurade de Bordeaux précise que le Duc de Mayenne, gouverneur, se rend dans sa terre de Certes. Nous pensons que ce personnage fastueux, magnanime et voué jusqu’à la mort à la défense de sa religion, ne se rend pas à Certes pour visiter son petit château et prendre l’air du pays, mais pour s’intéresser à la construction de la très vaste “chapelle Saint-Yves” à Audenge, qui sera l’objet de pèlerinages célèbres.

En 1637, Certes est adjugé au Comte Antoine Jaubert de Barrault, comte de Blagnac, Rigaud, Barrault, Fargues, ambassadeur en Espagne, sénéchal et gouverneur du Bazadais, conseiller d’État enfin.

À son décès en 1655, sa fille unique Henriette lui succède. Elle a épousé Jacques de Durfort en 1642, bientôt marquis de Civrac. Deux des nombreux enfants de Jacques de Durfort vont devenir seigneurs de Certes.

Charles, le cadet d’abord (l’aîné Claude ayant été exhérédé) qui hérite de tous les titres de son père et de son grand-père.

[13]

Après le décès de Charles, survenu en 1689, l’administration de Certes est assurée par sa veuve Angélique Acarie du Bourdet et enfin, en 1694, Henriette Françoise, seule enfant survivante, devient Marquise de Civrac. Elle a épousé Charles Auguste Fouquet, le petit fils du fameux intendant général des Finances et elle décède sans enfant en 1723. Elle désigne pour héritier son oncle Émery de Durfort de Civrac et lui transmet tous les titres de la famille. Celui-ci, marié très tard, a pour successeur Emery François, son fils, qui est pour nous le plus illustre personnage de la famille. Créateur des marais salants du Bassin d’Arcachon, il se ruinera à la tâche : lors de son décès, fin décembre 1774, il est en faillite. Son fils Venant Louis, dernier des Civrac, meurt misérablement à Pondichéry en 1792 ; il fut maire de cette ville.

Le démembrement de la seigneurie de Certes, par ventes successives, se déroule au cours de la gestion d’Émery François ; elle se poursuit après son décès et jusqu’après la Révolution.

Les immenses propriétés forestières communales et privées qui se sont constituées au cours du XIXe siècle entre Pessac et le Bassin ont, pour la plupart, leur origine dans le démembrement de la seigneurie de Certes. C’est le cas, en particulier, du domaine Pereire (actuellement domaine de Marcheprime).

http://legacy.lib.utexas.edu/maps/historical/shepherd/england_france_1455_1494.jpg [14]

Article de Pierre Labat, extrait du Bulletin n°32 du 2e trimestre 1982 de la la SHAAPB

http://www.forum-zones-humides.org/marais-hourtin%20(2).aspx [15]

[1] [16] – C’est à cette époque que les Ruat en conflit permanent avec le seigneur de Certes [17], suite à un accord de remembrement de 1730, cessent d’être barons d’Audenge [18] ; le Teich [19] est intégré aux terres des Ruat, sans pour autant faire partie du Captalat de Buch.

[2] [20] – Pour l’essentiel nous devons nous référer aux Archives Départementales de Pau, série Familles, cotes E.36, E.17, E.20, E.135, ainsi qu’aux textes de la collection Doat, à la Bibliothèque Nationale, afin de clarifier cette lointaine histoire qui s’étale de l’an 1300 (date de la fusion de Buch et Certes) à 1500, date de sa scission.

[3] [21] – Pierre II de Grailly vicomte de Castillon et de Benauge, sgr de Grilly et de Rolle, captal de Buch, co-sgr de La Mothe-Landernon et de Sainte-Bazeille (ca1285-1356)

Marié le 1er septembre 1307 avec Assalide de Bordeaux, dame de Puy-Paulin †1328 dont

Jean II de Grailly, sgr de Puy-Paulin †1343

Brunissende de Grailly

Marié le 31 décembre 1328 avec Erembourg de Périgord ca 1310- dont

Archambaud de Grailly, vicomte de Castillon †1412

[4] [22] – Cette terre de Born entre seulement en 1500 dans la mouvance de Certes, lors de la scission.

[5] [23] – l’incorporation de Biganos est probablement très ancienne et complexe ; il semble douteux que cette paroisse eût pu dépendre aussi de Blanquefort. Les textes les plus anciens parlent de fiefs autonomes (Lafïtte, c’est-à-dire Tagon, Argenteyre…).

Mios et La Mothe, dont Le Teich, semble-t-il, sont entrés dans le patrimoine des captaux par suite d’achats effectués par Gaston 1er de Foix. Nous rappelons que, antérieurement, Mios était un fief mouvant des barons d’Audenge.

[6] [24] – “Campagne” détachée de Lège a été incorporée au patrimoine des “Bordeaux” en 1273,

[7] [25] – le Las et sa juridiction furent concédés au captal en 1416.

[8] [26] – Texte publié dans les Archives Historiques de la Gironde.

Terre et captalité de Buch, dimanche 10 septembre 1713

M. de Ruat, conseiller au Parlement, vient d’acheter la terre et captalité de Buch 91 000 livres, de la direction des terres de M. de Foix. Il n’a pas voulu qu’il parût dans le contrat que ladite terre de la Teste de Buch ait jamais porté le titre de Principauté. Il fait par là une très belle terre, puisqu’il possède celle d’Audenge et la maison noble de Ruat, qui y sont contiguës.

Le contrat de vente fait quant à lui mention de 70 000 livres. La captalité s’étend sur les paroisses de La Teste, Gujan et Cazaux, limitée à l’est par la terre de Certes, à l’ouest par l’océan, au sud par Certes [faut-il lire Cazaux ?] et Biscarrosse, au nord par Lège et Andernos. La vente comprend les droits de justice haute, moyenne et basse, les droits de prélation, rentes, lods et vente, chasse, de voyerie, guet et garde, herbage. Glandage, manœuvre, boucherie, capte, pêche, valisage, pinassage, de confiscation d’épaves, d’ambre gris trouvé sur la côte et des naufrages, greffes et amendes, ainsi qu’un droit de 22 sols pour chaque millier de résines et autres gommes récoltées dans la montagne et forêt des paroisses, et de 2 sols 6 deniers pour la résine hors la montagne et forêt.

 

Chronique du bordelais au crépuscule du grand siècle: le mémorial de Savignac, Caroline Le Mao, 2004

https://books.google.fr/books?id=jPiMqjKjplMC&dq=Fortin+audenge&hl=fr&source=gbs_navlinks_s [27]

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