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1492 – Martin Behaim – bordeau

Martin Behaim (1459-1507), aussi connu sous le nom de Martin von Behaim et par les formulations diverses de Martin de Bohême (latin : Martinus Bohemus) est un marin allemand, mais aussi artiste, cosmographe, astronome, philosophe, géographe et explorateur au service du Roi Jean II du Portugal. Ses cartes influencent les explorateurs à l’ère des grandes découvertes mais il est maintenant davantage reconnu pour son Erdapfel, le plus vieux globe terrestre encore existant, qu’il a conçu pour la ville Impériale de Nuremberg.

Fils de Martin Behaim et d’Agnès Schopper[1] [1], Martin Behaim, né à Nuremberg en 1459, est l’aîné des sept enfants. Il reçoit une éducation scientifique, intégrant les écoles les plus prestigieuses où les étudiants sont obligés d’apprendre plusieurs langues européennes, avant d’être envoyé en apprentissage à l’étranger. Entre 1471 et 1475, élève de l’astronome Regiomontanus (Johannes Müller Von Königsberg), Martin Behaim s’attache à la cosmographie et la cartographie Ayant une vocation pour le commerce, il part pour la Flandre en 1477, s’installant à Malines où il rejoint l’affaire de Jorius Van Dorpp, un vendeur de draps. Ils participent ainsi à la foire de Francfort de 1477. Il écrit à son oncle, Leonhard Behaim, le 18 septembre 1478, pour exprimer son désir de ne pas retourner à Malines et sa volonté d’améliorer ses compétences commerciales. Il travaille pour un autre marchand, Fritz Heberlein (originaire de Nuremberg mais établi à Anvers) ce qui lui permet d’apprendre l’arithmétique. Dans un voyage qu’il fait à Anvers, en 1479, il a l’occasion de connaître quelques Flamands qui demeurent dans l’île de Fayal ou de Pico ; invité par eux à les accompagner au Portugal, Behaim s’y rend en 1480 ; il s’implique alors dans les intérêts commerciaux du Portugal, dont ceux liés à l’exploration des mers lointaines. Il fait ainsi la connaissance de navigateurs et cosmographes, dont probablement Christophe Colomb et Fernand de Magellan, à la cour de Jean II du Portugal (règne de 1481 à 1495).

Il reçoit une invitation du roi Jean II à un conseil sur la navigation en 1483, mené par Abraham Zacuto. Il se joint à la « Junta dos mathematicos », une commission chargée de définir de nouvelles méthodes de détermination des latitudes, à partir de tables de déclinaison du soleil. Il est dit qu’il a présenté le bâton de Jacob[2] [2] au Portugal, mais c’est sujet à controverse ; beaucoup d’instruments de navigation avaient déjà été utilisé pendant des siècles par les Scandinaves, les Grecs, les Romains, les Arabes ou les navigateurs chinois, bien qu’il y ait des différences subtiles entre eux. Il contribua à l’amélioration des astrolabes en remplaçant le bois par des cuivres moins encombrants. Cela semble aussi probable qu’il contribua à améliorer les cartes de navigation de la péninsule ibérique.

Behaim accompagne Diogo Cão (Diego Cam) pendant sa deuxième expédition le long de la côte de l’Afrique occidentale (1485-1486), atteignant Cabo Negro et Cabo Ledo et retournant par les Açores. Il est peu clair de savoir si Behaim a navigué autant que rapporté, ou s’il a seulement atteint la côte de la Guinée. Peut-être ces points de cheminement ont été seulement atteints par les astronomes José Vizinho et João Afonso d’Aveiro en 1484-1486. Behaim est anobli par le Roi Jean II, qui l’emploie ensuite pour diverses compétences.

Après son mariage avec Joana de Macedo en 1486, dont il eut un fils trois ans après, il réside sur l’île portugaise de Faial dans les Açores, où son beau-père, Josse van Huerter (Job Huerter), est le Capitaine-donatário et le leader de la communauté flamande. En 1490, il retourne à Nuremberg pour gérer l’entreprise familiale et concevoir son globe resté célèbre, l’Erdapfel :

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Colomb peut croire qu’il peut traverser la mer océane en faisant escale sur sa route aux îles d’Antilia et de Cipango

ce globe montre combien au XVe siècle on étendait l’Asie vers l’est : on plaçait le Cipangu, c’est-à-dire le Japon, à la longitude où s’élève aujourd’hui la Nouvelle-Orléans aux États-Unis : cette erreur est importante, parce qu’elle laisse penser que la distance à parcourir pour atteindre l’Asie par l’Ouest est assez faible et elle encourage Christophe Colomb à tenter un voyage qui, dans sa pensée, doit être court.

Behaim retourne à Faial en 1493 en passant par la Flandre et Lisbonne et il y reste jusqu’en 1506.

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Il meurt le 29 juillet 1507 à Lisbonne.

On y lit saintonge, bordeau, et surtout la date de 1506 au large du Portugal

Martin Behaim peut être considéré comme un des plus savants mathématiciens et astronomes de son siècle. Il est un de ceux qui introduisirent l’usage de l’astrolabe sur les vaisseaux ; il rédigea les premières tables des déclinaisons du soleil, et offrit sur son globe terrestre l’ensemble des connaissances géographiques de cette époque.

https://www.bnf.fr/fr/mediatheque/globe-terrestre-de-martin-behaim-reproduction-en-fac-simile [5]

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53197140q/f1.item.r=Behaim [6]

[1] [7] – Martin Behaim, le père, est élu sénateur en 1461 et meurt en 1474 ; Agnès Schopper meurt en 1487.

[2] [8] – Le bâton de Jacob, également appelé arbalestrille ou arbalète, est un instrument utilisé pour la mesure des angles en astronomie, puis pour la navigation : distance angulaire entre deux corps célestes, ou angle entre l’horizon et un astre. L’arbalestrille est une règle en bois sur laquelle coulisse un ou plusieurs curseurs appelés marteaux et directement graduée en degrés. Il permet de mesurer la hauteur d’un astre ou d’un édifice. Plus tard plusieurs marteaux ont été ajoutés pour améliorer l’utilisation de l’outil. Certains affirment qu’il existait déjà au temps des Chaldéens à partir du IXe siècle av. J-C. mais c’est au XIVe siècle que le juif Rabbi Levi ben Gerson (1288 Bagnols-sur-Cèze -1344) décrit pour la première fois le bâton de Jacob.

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